AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

samedi 17 novembre 2012

Émotions automnales...


L'automne...

L'automne, pour moi, c'est la saison romantique par excellence, on ne sait pas trop à quoi s'en tenir, on hésite encore entre la douceur des soirs d'été et l'envie de se lover dans un plaid tout en se laissant bercer par le crépitement du bois et la danse des flammes dans la cheminée. Les couleurs sont magnifiques... Le soleil et la nature ne font qu'un dans un dégradé d'orangés chatoyants. Les sols sont entièrement recouverts de feuilles dorées dans les sous bois. On pourrait se croire dans un monde imaginaire tellement les couleurs paraissent irréelles quand les raies de lumière filtrent à travers les branchages...

Après quelques jours de grand froid, le soleil est revenu, il est tôt, c'est le moment idéal pour profiter des allées désertes du bois. C'est aussi le moment idéal pour faire découvrir ce bonheur à mes élèves, le bonheur de partir en forêt, le bonheur de se sentir libre, le bonheur de galoper tellement vite qu'on en a les larmes qui coulent le long des joues, cette sensation grisante de n'être pas sûr de pouvoir s'arrêter et en même temps cette confiance dans le fait que tout ira bien...

Se perdre dans cette mer de couleurs chaudes, ne plus savoir où se trouve le chemin car tout y est recouvert de feuilles, se laisser porter par l'air frais du matin, s'abandonner à rêver que ce monde est magnifique et qu'il le sera toujours demain... Ecouter le pas des chevaux assourdi par le tapis de végétation, voir le souffle de leurs naseaux se matérialiser dans l'air en volutes blanches presque hypnotisantes, sentir la chaleur se dégager de leur corps et caresser les veines saillantes de leur encolure de nos mains. Observer leurs oreilles se dresser au moindre craquement de branche, leur oeil scruter les sous bois et puis les sentir s'en remettre à nous pour repartir de plus belle dans une chevauchée que l'on voudrait infinie...

Savoir que, même cachées par la forêt, les Montagnes sont là, immenses, majestueuses, fortes et magnifiques. Avoir la certitude qu'elles seront toujours là bien qu'elles soient souvent invisibles, savoir que la neige tombée il y a quelques jours y scintille sous les rayons du soleil,  savoir qu'on les reverra demain matin si la chance et le ciel sont avec nous...........

lundi 15 octobre 2012

S'entourer, comment on fait ? (2ème partie)


Je continue ma petite liste des gens qui m'apportent de la joie et qui me permettent d'avoir l'impression de vivre dans un monde qui n'est pas si mal en point que l'on aurait envie de le croire en regardant la télé ou en lisant les journaux.

J'ai déjà parlé d'une de ces personnes , cette personne c'est mon maréchal, je n'ai rien de plus à ajouter si ce n'est qu'en plus d'être exceptionnellement bon dans son métier, il a également des qualités humaines rares. Il fait toujours de son mieux pour être disponible quand on a besoin de lui, il est sympathique, agréable et en plus il a de l'humour. Et le plus du plus, malgré son emploi du temps de fou, il trouve le temps de venir s'occuper de mes poneys alors qu'il est juste méga sur-qualifié pour ça. Mes poneys sont parés par la Ferrari des maréchaux pour se prélasser dans leur pré et faire au max (pour l'instant) 4 heures de cours par semaine... Si ça c'est pas du luxe !

Ah si, j'aimerais également ajouter que ces personnes méritent un peu plus de respect que celui que l'on veut bien leur accorder habituellement ; ils passent quand même leur vie pliés au milieu des pieds de nos chevaux, et en plus d'être terriblement inconfortable, c'est aussi extrêmement dangereux. Je ne compte plus les fois où N. est arrivé avec un bleu énorme, des doigts fracturés ou encore des points au visage suite à un coup de pied ou une défense quelconque... Donc bon, quand vous avez un bon maréchal (et c'est très important de s'en assurer), s'il vous plaît, ne lui demandez pas en plus d'aller chercher votre poney au fond du pré alors que vous n'êtes pas là, trouvez lui un endroit propre, au sec et à l'abri pour qu'il puisse faire son travail dans de bonnes conditions, et permettez lui de se laver les mains lorsqu'il a terminé. Ça serait la moindre des choses. 


Une autre personne à qui je dois beaucoup et à qui je pense pratiquement tous les jours malgré le millier de kilomètres qui nous sépare est mon tuteur, celui qui m'a donné le goût d'aller plus loin, d'observer encore plus et encore mieux pour pouvoir transmettre aux autres. J'en parle . Je suis vraiment heureuse d'avoir écrit ces lignes car mes souvenir s'estompent inexorablement alors que j'aimerais pouvoir me rappeler de chaque minute passée à ses côtés. Nos contacts sont rares mais toujours emprunts d'une certaine nostalgie (en tous cas pour ma part), j'aime avoir de ses nouvelles et je suis heureuse d'apprendre qu'il a toujours autant de résultats en compétition et avec ses chevaux. J'espère qu'il n'est pas trop usé par la vie et par ces gens qui ne veulent ou ne peuvent pas comprendre, je sais qu'il ne m'en parlerait pas, ou seulement à demi mot...


Et puis il y a mes élèves, enfin certains de mes élèves. D'abord il y a L. qui peut être juste insupportablement insupportable, problème de langue, toussa, et puis caractère hautement inflammable en plus ! Mais ça ne l'empêche pas de sauter de joie comme une enfant lorsqu'elle finit son cours particulier en ayant appris encore quelque chose de nouveau et de me prendre dans ses bras pour me remercier (ce que j'aime moyennement mais j'ai pas trop bien le choix à vrai dire, et puis on s'habitue !). Elle est capable de vous faire croire que vous êtes un être exceptionnel alors que vous ne faites finalement que votre métier. Et puis pas moyen de partir sans qu'elle vous ait amené quelque chose à boire et à manger... Une vrai mère poule !

Ensuite il y a C. qui me fait pas mal rire avec ses gaffes, que ce soit en concours ou à la maison, on est parti d'assez loin mais c'est une vraie récompense de la voir évoluer jour après jour. Elle est toujours pleine d'attentions et de mots gentils, elle peut être assez bavarde sans s'en rendre vraiment compte, je vois parfois un certain désespoir dans les yeux de personnes du métier à qui elle entreprend d'expliquer certaines choses, mais elle est tellement affable et enjouée qu'on ne peut pas lui refuser grand chose ! En tous cas je l'adore parce qu'elle accepte mon sale caractère en concours, elle a tout compris de ma manière de communiquer et surtout, je l'adore parce qu'elle me ramasse lorsque je chois lamentablement de l'échelle de mon camion en manquant de me casser les deux jambes et parce qu'elle ne me lâche pas tant que j'ai pas mis de glace et de je sais plus quoi alors que je suis tellement énervée et bourrine que si j'étais toute seule je finirais le concours comme ça en me disant que j'avais qu'à faire attention pauvre naze que je suis !

Et puis il y a L, lui c'est pas un élève, c'est le propriétaire de plusieurs chevaux dont il m'arrive de m'occuper. On s'est rencontré , alors on ne se connaît pas plus que ça mais ça n'empêche qu'il nous arrive souvent de parler de tout et de rien, même de choses assez personnelles. On s'entend bien, je sais pas, on est plus ou moins toujours sur la même longueur d'onde et y a jamais de malaise, j'ai l'impression qu'on pourrait se raconter à peu près n'importe quoi sans que ça ne nous paraisse étrange ni à l'un ni à l'autre. Fin bon, lui je l'aime beaucoup parce qu'il n'y a pas longtemps, j'ai eu un problème avec mes clés (si vous avez un peu de temps à perdre vous pouvez aller voir ici), j'avais eu une sale journée et il est arrivé juste au moment où il ne fallait pas. J'étais au bord de la crise de nerf, j'avais envie de tuer tout le monde, et surtout j'étais dans la merde. Bon, et ben il ne pouvait strictement rien faire pour m'aider, il aurait bien aimé mais y avait pas de solution à mon problème autre que ce que l'on était déjà en train de faire, mais ça ne l'a pas empêché de rester facilement 35 minutes avec moi, juste pour être là. Et ben vous savez quoi, le soutien psychologique ça compte ! Alors je lui ai pas dit, mais ça m'a fait du bien de l'avoir à côté pendant une demi-heure, il ne servait à rien mais il était là, et parfois c'est uniquement ce dont on a besoin : une présence bienveillante et amicale.

Voilà, bon, il y en a d'autres mais ça sera pour un prochain épisode !


jeudi 11 octobre 2012

S'entourer, comment on fait ? (Première partie)


Alors surtout ne venez pas chercher la réponse à cette question ici, je ne l'ai pas !

C'est juste que cela fait un petit moment qu'une idée me trotte dans la tête, et plus j'avance, plus j'y réfléchi et plus cette idée est présente, elle m'envahie, elle me submerge, elle est omniprésente à chaque seconde ou presque, je ne pense qu'à ça....


J'ai une chance extraordinaire (c'est ça l'idée)


En fait je vis dans le monde des Bisounours, tous les gens qui m'entourent sont juste extraordinaires, je les aime, je les adore, je les vénère. Bon, sauf quand je pique ma crise et que je leur gueule dessus, mais c'est bien ça le plus hallucinant, il ne m'en tiennent pas rigueur, voir mieux, ils ne m'en aiment que plus. Vous avez déjà vu ça vous ?

Voilà voilà, donc comme je ne peux pas passer mon temps à leur dire que je les aime parce que déjà ça se fait pas de dire qu'on les aime à des gens qui ne sont "que" des relations de travail ou "que" des amis/connaissances plus ou moins proches et qu'en plus dans notre société ça peut être mal perçu de faire des déclarations d'amour à des gens qui sont déjà en couple ou du même sexe ou bien que sais-je encore (parce que je ne sais pas comment ils le prendraient si je leur annonçais ça comme ça de but en blanc : "-Salut ! - Tu sais que je t'aime toi !" Vous voyez le topo...), et bien j'ai pris la décision de le faire ici, voilà.

Donc je veux pas juste dire que je les aime parce que ça tout le monde peut le faire, je vais donc vous raconter quelques anecdotes qui font que je les aime encore plus que n'importe qui pourrait les aimer (oui parce que moi je fais tout mieux que tout le monde, vous le saviez pas encore ?). A part qu'il y a un petit problème, je sais pas par qui commencer... Nan parce qu'il ne faut pas croire, y a pas de classement, je les aime tous pareil, différemment, mais avec la même intensité, tous. Donc bon, pour me lancer je vais commencer par celui que j'ai aimé aujourd'hui et qui a été un petit peu le déclencheur de ce billet. En revanche, il est quasiment certain que je vais en oublier parce que j'ai rencontré tellement de gens géniaux dans ma pourtant si courte vie que ma mémoire de poisson rouge ne va certainement pas réussir à tous me les rappeler aujourd'hui. Et puis de toutes façons, il y a de fortes chances que ce billet finisse en plusieurs parties connaissant ma désespérante tendance à la digression, du coup, je n'aurai qu'à rajouter des billets au fur et à mesure des pérégrination de ma toute aussi désespérante mémoire.

Je me lance !

Mon véto, enfin, pas le mien bien que je suis sûre qu'il pourrait parfaitement me soigner, mais celui de mes animaux domestiques (donc pas les chevaux pour ceux qui suivent). Donc mon véto, je suis tombée sur lui par hasard en cherchant désespérément quelqu'un pour me dire ce qu'avait ce pauvre lapin que j'avais trimbalé aux quatre coins de la France depuis des années et qui méritait bien qu'on lui trouve un docteur digne de ce nom et pas un charlatan qui voulait l'ouvrir pour regarder là dedans avant de savoir exactement de quoi il retournait. Il n'était pas forcément réputé pour être un spécialiste des NACs à l'époque, et pourtant ! 

Bon, je vous passe tous les détails parce que sinon on en aura pour 10 ans mais il s'avère que cette personne est en passe de devenir un éminent spécialiste es Lapin, et ne vous moquez pas ! Figurez vous que le lapin est un des animaux les plus compliqué à soigner et à opérer ; en plus de son boulot de fou au cabinet il trouve le temps d'aller assister à toutes les conférences concernant sa spécialité et à chaque fois qu'il en a l'occasion il partage ce qu'il a appris avec ses "clients/patients", c'est à dire moi. Déjà, rien que pour ça je l'aime. Je l'aime aussi parce que quand un autre des lapins de la famille (oui je sais, c'est une ménagerie...) était sur le point de nous quitter, il n'a pas hésité à nous donner son numéro perso pour nous conseiller en cas de question/problème/inquiétude. Je l'aime parce qu'il passe voir ses "patients" sur ses jours de repos pour voir si tout va bien quand il doit les "hospitaliser" quelques jours. 

Mais aujourd'hui ce fût le summum. Je lui ai emmené le fameux lapin que j'ai trimbalé dans toute la France et qu'il vient d'opérer d'une arthrose sévère (exérèse de la tête fémorale pour ceux qui sauraient de quoi on parle). C'est une opération qui ne doit pas être réalisée tous les jours, je me demande même si ce n'était pas une première sur un lapin domestique bien qu'il n'aurait jamais osé me le dire de peur de me foutre la trouille. Je lui ai emmené pour qu'il puisse lui faire sa piqûre d'antibiotique (oui parce que l'opération c'est tellement bien passée que le lapin galopait presque déjà en rentrant à la maison, j'exagère mais il se déplaçait étonnamment bien), et pendant qu'il examinait le lapin que je lui tenais j'ai commencé à me sentir mal. Bon, je me suis dit que ça allait passer, mais non, comme une idiote j'avais un peu oublié de manger à midi et j'avais vite fait avalé un truc le matin, résultat j'étais en hypoglycémie. J'ai résisté deux minute et là je lui ai dit que ça n'allait pas et qu'il fallait que je m'assoie. Il m'a regardé, a attrapé le lapin, m'a dit de m'asseoir et à ouvert la porte pour que j'ai un peu d'air frais. Il était trop mignon parce qu'il ne savait pas trop quoi faire du lapin, il a hésité deux secondes et puis tant pis, il l'a emmené avec lui pour demander à une ASV de m'apporter des sucres et un verre d'eau. 

Pendant que je me remettais il a fini les soins du lapin avec l'ASV, ça allait mieux alors je me suis levée pour récupérer le lapin et le laisser tranquille, j'avais déjà assez abusé. Il n'a pas voulu me laisser partir tant que je n'aurai pas pris un thé ou un café, je lui ai donc dit ok pour un thé et je suis allée attendre dans la salle d'attente pensant qu'une ASV m'apporterait un thé d'une machine à café quelconque. Raté ! Quelques secondes plus tard son assistant venait tout penaud me présenter 2 boites de thé en me demandant lequel je voulais, encore une fois : trop mignon ! Et quelques minutes plus tard, mon véto en personne m'apportait ça :


J'étais au beau milieu de la salle d'attente d'un cabinet vétérinaire, c'était complètement surréaliste, un instant je me suis crue dans un salon de thé ; je crois que si j'avais pas eu l'assiette dans les mains je l'aurais embrassé. C'était vraiment trop adorable, il avait peur que je prenne la voiture comme ça. Du coup je me suis assise dans la salle d'attente avec mon lapin dans son panier et puis j'ai pris le thé, voilà. Je l'aime, c'est tout.




mercredi 10 octobre 2012

La légèreté


Bon allez, je me lance !

Ça commence à faire un petit moment que je fais travailler quelques cavaliers, ou plutôt quelques cavalières en fait, en cours particulier. Il se trouve que certaines de ces cavalières sont d'origine allemande et ont monté là-bas pendant un long moment, et plus ça va, et plus je m'aperçois avec étonnement que la légèreté est une totale surprise pour elles lorsqu'elles la comprennent et la ressentent pour la première fois. Bon, on sait que l'équitation allemande c'est pas non plus la grande finesse (attention, je veux pas dire que ce sont des brutes hein, mais ce sont des allemands quoi, c'est plutôt péremptoire comme équitation), mais quand même, quand on les voit monter en dressage, on se dit qu'ils s'en sortent pas si mal !

Voilà voilà, donc je me retrouve avec des cavalières qui montent avec peu de jambes, une assiette plus qu'approximative et en revanche des mains et des bras plus durs et plus figés qu'un bûcheron qui retient un tronc d'arbre en train de tomber... Ouais bon, j'exagère mais je suis pas si loin que ça de la vérité.

Donc pour ne parler que de ces deux là, il en en a une qui a une petite jument assez fine et l'autre qui a un gros cheval très massif. C'est là qu'on voit que la même "mauvaise" monte (à tout de même quelques détails près) n'a pas du tout les mêmes effets, alors que la même "bonne" monte (attention je schématise, il y a pour moi plusieurs bonnes montes, mais les principes de base restent identiques) se termine toujours par un cheval léger, harmonieux, cadencé et en équilibre.

Donc la petite jument étaient complètement enfermée/encapuchonnée, derrière la main, lourde à la jambe et je ne vous parle pas de la morphologie ! Une énorme boule derrière la nuque et un creux devant le garrot. Un bon dos tout de même étonnamment, et une grande qualité, malgré un rein complètement bloqué, elle était pratiquement toujours dans ses traces. Au travail, toujours fuyante, se désunissant, très flottante, parfois même dangereuse car elle pouvait devenir complètement incontrôlable. Sa cavalière s'était d'ailleurs fait peur déjà une ou deux fois.

En ce qui concerne le gros, c'était autre chose étant donné qu'il a beaucoup plus de force que sa cavalière, vu qu'elle était bloquée dans ses bras, et bien qu'à cela ne tienne, il la sortait de sa selle à chaque foulée. Ben oui, si le bras se déplie pas, faut bien qu'il y ait quelque chose qui se déplace ! Bon, évidemment il a eu moins de problèmes physiques vu qu'il a un poids plume sur le dos, du coup c'était plutôt la cavalière qui avait des problèmes... Mal aux épaules, on en a parlé , et surtout super la trouille ! Forcément, vu qu'elle était complètement bloquée, son cheval la bougeait énormément, il s'échappait dans ses épaules, elle se sentait dépassée, résultat, une trouille bleue de galoper, et au trot c'était tout juste hein...

On a donc tout repris à zéro pour ce petit monde, et ce ne fut pas facile ! Quand j'ai dit à la cavalière de la jument qu'il fallait lui faire ouvrir l'angle tête encolure, et que pour l'instant ce n'était pas grave si elle avait un peu le nez au vent, je crois qu'elle a eu un choc. D'ailleurs elle m'en parle encore aujourd'hui comme d'un traumatisme ! Ouf, heureusement qu'elle me faisait assez confiance pour le faire quand même, parce que vu ce qu'elle me dit, ça l'a vraiment marquée. 

Pour le gros, le plus difficile a été la confiance, elle avait tellement peur de lui lâcher la tête. Et surtout cette rêne gauche ! Le pauvre, il était tout le temps tordu comme pas possible. Comme si elle pensait qu'il allait lui exploser entre les doigts à la moindre occasion. En fait c'est un gros pépère de 8 ans avec beaucoup de métier pour son jeune âge, mais c'est surtout un amour ! La seule chose qu'il peut faire, c'est lever un peu le nez si il voit quelque chose de nouveau, et encore ! Par contre il est énorme, et il sait très bien se servir de sa masse comme force d'inertie, du coup ça peut devenir vraiment difficile  d'être à l'aise dessus.

Au bout de quelques séances de moins de mains et de plus de jambes et surtout d'assiette, les évolutions ont commencé à pointer le bout de leur nez. Pour la jument ce fut facile, elle s'est petit à petit tendue dans sa ligne du dessus, s'est mise à travailler plus ou moins en ligne et à prendre du contact. Bon, par contre, un gros problème de main gauche là aussi, doit y avoir un souci avec le fait de tourner à gauche en Allemagne, je sais pas... Il a fallu également régler cette manie de travailler en contraction en descendant les mains sous le garrot pour faire céder le cheval, parce qu'à moins d'avoir un cavalier de haut niveau avec beaucoup de jambes, je n'ai jamais vu cela fonctionner ; à part mettre le cheval sur les épaules, lui contracter la base de l'encolure et lui faire lâcher le dos je n'ai pas vraiment vu l'intérêt de cette posture... Sans parler de la contraction du cavalier ! 

Pour le gros ce fut légèrement plus compliqué car il a quand même une bonne tendance à prendre la main du cavalier pour une béquille, genre : 

"Attends, j'arrive pas à m'arrêter, bouge pas, je m'appuies bien sur toi comme ça c'est plus facile. Comment ça t'as du mal à soutenir 600 kg ?"

Il a donc fallu beaucoup travailler sur l'assiette de la cavalière, tenir son dos, prendre son cheval dans les jambes, ne rien demander dans la main tant que la masse n'était pas reportée sur les hanches. Et surtout ! Soutenir ses mains dans ses demandes au lieu de les descendre sous le garrot et de basculer tout son haut du corps vers l'avant par la même occasion. Dans le genre je te rajoute encore un peu de poids sur les épaules parce qu'à mon avis y en avait pas encore assez, on peut pas mieux faire...

Et après j'entends : 
"- Il pèse un peu à la main hein !
  - Non sans blague !?"

Et puis il y a eu le jour où, à force de répéter les mêmes consignes séance après séance, exercice après exercice, j'ai vu leur visage s'illuminer. Elles avaient senti ! Senti le cheval se porter et les porter, plus d'effort à faire, rien qu'à se laisser aller pendant les quelques secondes de ce petit état de grâce. La légèreté, l'impulsion, la cadence, la rondeur, tout y était ! Bon, pendant 3 secondes et demi, mais ça n'est pas ça l'important, l'important c'était bel et bien de se rendre compte que cela existe vraiment, que ce que l'on s'imagine du dressage ce n'est pas de la contrainte mais bel et bien de l'harmonie, de la légèreté, et surtout du plaisir ! Sentir son cheval répondre à la plus légère pression, le sentir s'enlever sous soi et monter dans un rebond souple et élastique, c'est juste une expérience extraordinaire, il faut l'avoir vécu dans sa vie de cavalier, sinon ça n'a pas de sens de faire de l'équitation.

Evidemment, au départ ce ne sont que des sensations éphémères, fugaces, il faut du métier pour maintenir cet état de grâce pendant plusieurs minutes, la plupart des grands cavaliers vous diront que ça ne leur arrive pas tous les jours ! Ils ont parfois des séances exceptionnelles, mais cela ne se commande pas, il faut non seulement la technique, mais il faut également le mental, celui du cavalier et celui du cheval, tout cela doit s'accorder parfaitement, on appelle cela l'osmose. C'est presque magique tellement c'est subtil, le cavalier pense, le cheval danse, dans ces moments là, le couple cavalier cheval ne fait qu'un, et ce n'est pas une image, c'est vraiment la sensation que l'on a, il n'y a pas de mot pour le décrire vraiment...






lundi 8 octobre 2012

Ça n'avait pourtant pas si mal commencé...


Aujourd'hui j'étais en concours, et pour ne pas changer les bonnes habitudes, en concours, ben j'ai la poisse, voilà, tout le monde le sais déjà, on pourrait passer sur cette aspect de ma vie, mais non. Non parce qu'en fait la poisse elle est rigolote, elle me lâche pas mais elle est sympa, elle fait en sorte de me proposer des nouveautés à chaque fois (ou presque, nan parce qu'elle utilise aussi le comique de répétition la poisse, elle connaît ses classiques, faut pas croire...).

Voilà voilà, donc ça commence en milieu de semaine lorsqu'une de mes élèves doit envoyer son certificat médical à la fédé par fax pour pouvoir participer au concours, le fax ne passe pas, il ne passe pas pendant deux jours d'affilés, super efficaces à la fédé mais bon, on en avait déjà parlé . Du coup je lui explique qu'elle pourra quand même participer mais qu'elle sera disqualifiée sur le papier lorsqu'ils rentreront les résultats. Pas grave me dit-elle, le principal c'est de participer. Bon, ok pour moi, on fait comme ça...

Arrive le jour du concours, comme c'est toujours bien foutu, c'était prévu que les épreuves des gamins soient le matin et les miennes l'après-midi mais à priori, il y en a qui ont reçu la parole de Dieu entre mercredi et jeudi et qui ont décidé que ça serait pas comme ça. Donc bon, pas grave, je me lève à 7h du mat' pour aller faire mon épreuve qui devait commencer à 8h30. Oui, parce qu'avant y a la reconnaissance à 8h15 et comme j'étais numéro 5, toujours rapport à la loi de l'emmerdement maximum en concours, il fallait que je monte avant la reco pour préparer un minimum mon cheval. Donc bon, pas grave, tout va bien, il fait beau, les oiseaux chantent, (la carrière a été finie la veille et personne ne l'a encore testée mais ce n'est qu'un détail)... Je fais ma détente, je fais ma reco, je fais ma détente, ..., il est 8h40... Le numéro 1 n'est toujours pas passé... 

Ok, pas grave, il fait beau, les oiseaux chantent, (les mecs s'y sont pris au dernier moment pour faire leurs branchements informatiques). Le 1 entre en piste et commence par se faire jeter parce qu'on ne l'a pas appelé, ok... Ça fait toujours plaisir de se faire jeter de bon matin parce que t'es à l'heure et qu'il y a juste 180 engagés à faire passer dans la journée avec 2 Derby je précise (enfin 3, mais j'y viendrai après) et que tu te dis que tu vas pas commencer à faire prendre du retard à tout le monde, mais bon... M'en fout c'était pas moi.

Vient mon tour, je vais saluer, et là le mec il dit pas un truc de juste dans les 3 pauvres mots qu'il avait à prononcer, pas le bon prénom, pas le bon nom (mais la je lui pardonne c'est difficile à prononcer quand on est pas bien réveillé et/ou encore alcoolisé de la veille), et pas le bon affixe pour le cheval... Du coup vu qu'il avait commencé par jeter quelqu'un je me prive pas de lui faire remarquer qu'il ne sait pas lire, après tout, je vois pas pourquoi je me ferais pas plaisir... Fallait s'en douter il m'envoie bouler en me disant de me dépêcher d'y aller, ok... M'en fout j'ai fait sans faute, c'est là que je dis que la journée n'avait pas si mal commencé !

Je suis contente ! Il fait beau, les oiseaux chantent, j'ai fait sans faute, (le mec m'a bien repérée et va juste me pourrir la journée). Sur ce j'arrive aux boxes pour changer de cheval vu que j'avais aussi le cheval d'un propriétaire à monter. Et là, j'apprends que le cheval s'est échappé de son box quand la personne le préparait. Échappé comme tous les jours, hein, je précise en passant, nan parce qu'un cheval qui s'échappe une fois comme ça, ça peut arriver, mais un cheval qui s'échappe tous les jours, on est en droit de se poser des questions, surtout que ce n'est pas faute d'expliquer comment faire pour qu'un cheval ne s'échappe pas. Genre, ne pas se mettre au fond du box avec la porte grande ouverte en priant très très fort pour que cette fois-ci le cheval ne s'échappe pas ; ça j'estime que ce n'est pas une bonne technique, bon, j'ai rien contre le bon Dieu hein, mais je crois que s'il existe il a autre chose à foutre que de s'occuper du cheval de cette personne, j'en suis même sûre en fait. Deuxième mauvaise idée : le cheval s'échappe (il avait un licol je présume), quelqu'un le rattrape en tirant très fort sur la longe alors qu'il était juste au bord d'un fossé avec une margelle en béton... Là, mathématiquement hein, pas besoin d'être Einstein non plus, tu tires sur la tête, ben les fesses elles partent dans l'autre sens, résultat tu te retrouves le cheval le cul dans le fossé, et comme le cheval il aime pas le fossé parce que ça fait peur, et bien il essaie de remonter par où il peut, et le où il peut c'est toujours l'endroit le plus pourri, celui le la margelle en béton, celui où il va se scalper la moitié du jarret... Ben oui, parce que les chevaux ils sont tous pareils, y a un endroit pour se faire mal, vous êtes sûrs qu'ils vont aller s'y jeter direct. Voilà voilà.

Donc j'arrive, il fait toujours beau, les oiseaux chantent toujours, (et je récupère un cheval estropié pour voir si ça boite ou si ça boite pas). A priori ça boite pas, donc on y va (après avoir fait les soins je précise, je suis pas une bourrine), je fais ma détente tranquille et je pars sur mon tour, dans les derniers, et là, la carrière tout neuve que personne n'a essayé c'est déjà moins facile, ça fouille dans tous les virages, c'est assez gros et c'est que la deuxième épreuve du cheval sur ces hauteurs là. Bon, évidemment je voulais l'engager sur plus petit, mais allez savoir pourquoi, plus petit c'était pas possible parce qu'il n'a pas encore 7 ans (oui oui, vous pouvez relire la phrase, si y a un truc qui vous choque c'est normal). Donc bon, on fait ce qu'on peut, on finit avec quelques barres, mais des fautes de bébé dans une carrière un peu profonde, rien de méchant, on a donc sauvé les meubles... Je refais les soins du cheval, dis au propriétaire de bien la doucher et puis je vais me chercher un thé et une chocolatine parce qu'il faut pas déconner non plus, j'ai faim.

La première épreuve Derby commence, l'épreuve Derby est une épreuve moitié CSO et moitié cross, super sympa mais assez long, une vingtaine d'obstacles. C'est une épreuve club, moi je monte dans la catégorie au dessus, je calcule combien de temps j'ai pour préparer mon cheval en fonction du nombre de partants, je trouve quelqu'un pour me le tenir pendant la reco, parce qu'évidemment, toujours rapport à la loi de l'emmerdement maximum, je suis numéro 2 et me voilà partie pour me mettre à cheval pile poil au bon moment. J'arrive au paddock, et là j'apprends qu'il y a 9 partants de plus qui se sont rajoutés parce ce que la club 2 prévue le soir n'est plus Derby et que donc ils font la Club 1 (j'ai des élèves dans la Club 2 qui se faisaient une joie de faire un Derby, mais là c'est pareil, dans la nuit y a un gars qui a décidé que non, qu'il avait pas envie que ce soit un Derby, donc voilà, c'est plus un Derby, c'est une spéciale ; spéciale qui se transformera un peu plus tard dans la journée en temps différé, y a juste rien de moins spécial que ça... Je vous passe les détails). Me voilà donc à attendre que les 9 partants passent, partants qui étaient engagés en Club 2 parce que c'est plus facile que Club 1... Je vous fais grâce du festival de dérobades et de chutes sans gravités... Puis 3 partants avant la fin, au moment où je commençais à me dire que tous comptes faits, faut pas déconner, il fait beau, les oiseaux chantent, la vie est belle, ben y en a une qui se prend la pelle du siècle au paddock. Genre j'arrive n'importe comment, ma monit me regarde pas pour me dire de faire quelque chose, la foulée est pourrie, je me jette, le cheval se prend les genoux dans l'obstacle, je suis à moitié éjectée et le cheval tombe et me retombe dessus, assez pour faire venir le samu et rester étalée pendant une heure parterre dans la carrière mais pas assez pour m'être fait vraiment mal (tant mieux). 

Résultat, ben j'ai attendu en tout et pour tout 1 bonne heure sur mon cheval devant le paddock... Mais c'est pas fini ! Oui oui, parce que je fais ma détente, on est super en retard, le 1 n'est pas prêt, du coup, pour dépanner, je me propose pour y aller. C'est parti, je suis pas encore rentrée que l'autre con* sonne le départ, y a juste un chien sur la piste alors je fais une volte pour éviter de l'écraser, je pars sur mon tour, le cheval tente de dérober un obstacle du cross qui fait très peur mais je fais bien attention de pas recouper ma trace pour ne pas qu'on me compte un refus, je finis mon tour avec 3 barres mais sachant que le premier gagne avec deux barres je suis pas mal. Et là, j'apprends que l'autre gros con* me compte deux refus, un pour la volte, et un sur le cross, résultat, 20 points, je suis dans les choux au classement, là je suis juste un tantinet énervée mais bon, m'en fout, j'ai fait mon tour et puis je l'emmerde, je vais pas aller me faire un ulcère à cause d'un gros con*. Faut que je m'occupe de mes élèves en plus, j'ai pas que ça à foutre !

Heureusement, il fait beau, les oiseaux chantent, et mes élèves sont top, ils ont ramené les chevaux du poney club tous seuls (y avait une adulte dans le lot je précise), ont tendu la corde, les ont attachés et sont dans les starting-block (bon, ils passeront juste dans 2 heures vu le retard, mais c'est pas grave, ils sont contents quand même). J'annonce à ceux qui font la club 2 qu'en fait c'est plus un Derby, y en a une qu'est soulagée mais les deux autres sont déçues, forcément. Pas grave, elles feront toutes les 3 un super tour, dont une un très beau sans faute. La journée n'est pas si mauvaise !

J'envoie la miss qui n'a pas réussi à faxer son certificat médical donner son numéro de licence à la tribune du jury vu qu'elle était engagée sous X en attendant. Je lui dis d'y aller sans moi parce que vu que c'est moitié litigieux, c'est sûr que si je suis là ça passera pas, toujours rapport au gros con* qui peut pas me voir depuis le matin (je précise que c'était déjà arrivé et que c'était passé quand même). Et là, le mec, non seulement il refuse mais en plus il pourrit la gamine, il lui parle comme à une merde et la renvoie bouler. Du coup là ça commence à m'échauffer et je trouve quelqu'un pour intervenir ; mais la gamine est tellement dégoûtée qu'elle préfère ne plus participer, je commence à être passablement énervée et surtout, je prends la décision que c'est la dernière fois qu'on participe à ce concours, ça va bien deux minutes de prendre les gens pour des cons alors que non seulement ils payent (cher) mais qu'en plus on dégoûte les gamins qui n'y sont pour rien si à la fédé ce sont des blaireaux avec leur fax. Résultat je fais passer une autre gamine sur l'engagement, en faisant intervenir la personne qui va bien, et même elle, revient en me disant que c'est un gros con*, et qu'heureusement elle connaissait la personne à côté qui a fait le forcing......

Sur ces entrefaites, deux de mes élèves qui ne participaient pas viennent nous encourager et m'apportent une superbe casquette rose fuchsia (très jolie et je déconne pas, j'aime bien le rose) que je m'empresse de mettre après avoir fait détendre un copain sur une autre épreuve. Je l'aime tellement bien que je l'ai encore sur la tête en ce moment même où j'écris ces ligne à 00h40 au lieu d'aller me doucher et dormir et pendant que mon chat ronfle paisiblement à côté de moi...

Je vais essayer d'abréger un peu pour finir, même si la journée était loin d'être finie à ce moment là (notez tout de même que mes élèves sont tous choupinoux malgré tout ce qui pourrait se produire dans les lignes à venir). 

Donc il est 7h du soir, arrive enfin la dernière épreuve, la Club 3, l'épreuve des petits, je fais passer la 1ère, celle qui remplace la malheureuse au fameux certificat médical, et tout se passe bien même si j'ai dû un peu la secouer parce qu'elle commençait à s'endormir. Pour les deux autres, le paddock se passe vraiment bien, je suis assez confiante même si je sais que ce sera pas de la tarte. Les premiers concours c'est toujours plus ou moins le drame... Le 2ème par en piste, passe le n°1 super, arrive la courbe du n°2 qui passe devant la porte, et là... là le cheval cale complètement et s'arrête devant l'obstacle. Pas grave, je lui fais signe de repartir en mettant plus d'énergie, il repart, énergique, ça vient moyen bien mais le cheval saute, et là.... Et là ben y a la sangle qui pète en plein vol, le gamin qui est éjecté et le poney qui lui tombe à moitié dessus de surprise. Beaucoup de peur, pas beaucoup de mal mais un peu quand même, et une première élimination sur le n°2. Ok, bon, pas de bol, le gamin super déçu mais j'ai pas le temps de m’appesantir la 3ème rentre en piste avec le même poney que celle de tout à l'heure qui s'en est bien sortie. Elle passe le n°1, ok, arrive la courbe du n°2, le poney veut aller vers la porte mais elle l'en empêche, elle résiste, elle réussi à tourner, elle saute........ le n°11 à l'envers. Hem... Eliminée sur le  2. Y a pas à dire, on finit en apothéose ! 

Bon, je fais refaire le tour hors concours à la petite qui a sauté le 11 à l'envers (grâce à une monitrice du club qui est, elle, adorable. Y a pas que des cons non plus faut pas croire) mais pas à celui qui est tombé parce que premièrement il s'est fait un peu mal, beaucoup peur, et surtout parce qu'il a plus de selle, ben ouais... Du coup retour au "campement", je discute avec les parents du problème de la sangle qui pète, pas de bol, ça peut arriver, je rassure un peu tout le monde, y a rien de grave, c'est le métier qui rentre, bla bla, toussa toussa...

Et là, y a une de mes élèves (adulte) qui arrive, la gueule enfarinée... 

" Oui, Naï, faudrait que tu m'ouvres ton coffre (celui du camion) parce que j'ai mis mon tapis dedans et je l'ai refermé du coup j'arrive plus à l'ouvrir"

Là, sur le coup je comprends pas trop de quoi on parle, je lui demande quel coffre, et tout d'un coup je comprends qu'elle vient juste d'enfermer mes clés (celles du coffre en question, de ma voiture, et donc de ma maison vu qu'elles sont dans ma voiture, donc toute ma vie) dans le coffre de mon camion, et là, juste je me décompose sur place. Il est 20h, il fait nuit, toutes mes clés sont prisonnières d'un coffre et mon homme est à l'étranger pour encore un bon moment, autant dire qu'il est hors de question que j'attende qu'il vienne me dépanner avec ses clés à lui qui sont de toutes façons restées à la maison.

Et là, ben juste je l'insulte, alors je l'insulte gentiment hein, mais je l'insulte quand même,  et pendant un bon moment, parce que déjà, j'ai jamais dit qu'on pouvait toucher à ce  putain de coffre, mais en plus, d'où je vais toucher à des trucs que je sais même pas à quoi ça sert ni comment ça marche ! Ça vient d'où ce genre d'idées ??? 

Est ce que je vais ouvrir votre coffre de voiture pour aller y mettre mes affaires dedans moi ? Non ! Il me semble pas !?!


PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!!




Alors je dis que la poisse elle aime bien le comique de répétition parce qu'on me l'avait déjà faite celle là, exactement la même, mais pas à la maison, donc pire, mais j'avais passé une journée beaucoup moins pourrie, donc beaucoup mieux, j'étais vraiment mieux disposée et surtout j'avais pas mon élève sous la main pour la pourrir, heureusement pour elle...

Donc je vous explique, mon coffre, il a deux serrures, une à droite et une à gauche toutes des 2 en bas, en haut il est accroché par des rivets, donc il s'ouvre vers le haut avec un vérin. Dans mon malheur, j'ai toujours eu un minimum de chance, enfin ces deux fois là, parce que mes élèves, elles sont pas jusqu'au-boutistes, elles ferment une serrure et elles se disent que ça suffit, résultat l'autre elle est toujours ouverte. J'aime assez le jusqu'au-boutisme, mais parfois, je remercie Dieu (encore lui) d'être plus ou moins la seule à l'aimer... Donc la première fois c'était facile, les clés étaient juste à côté de la serrure encore ouverte, j'ai donc tiré la porte du coffre coté ouvert, je me suis niqué le bras mais j'ai réussi à récupérer mes clés assez rapidement. Cette fois ce fut plus compliqué, parce que les clés étaient sur l'étagère du haut, celle ou l’entrebâillement de la porte laisse le moins de place pour passer un bras, du coup vu que j'étais énervée ben j'ai laissé mon élève se niquer le bras, elle a jamais récupéré les clés mais au moins je pense qu'elle s'en souviendra pour la prochaine fois. On a tout essayé, d'autres clés pour ouvrir la 2ème serrure, tout sortir petit à petit, pas moyen, le seul truc qu'elles ont réussi à faire c'est repousser les clés encore plus loin vers le fond. Au bout de trois quart d'heure j'en ai eu marre, j'ai à moitié plié la porte du coffre, j'ai pu entrapercevoir un bout de mon porte clé qui pendouillait, j'ai trouvé le moyen de le faire attraper par une autre élève par en bas pour qu'elle le fasse glisser vers moi (oui le truc qui pendouille c'est pratique, pensez-y !), j'ai fini par réussir à le chopper et à récupérer mes clés, il était bientôt 21h...



Il faisait nuit, les oiseaux étaient couchés et j'étais à deux doigts de la crise de nerf du siècle.



Voilà voilà. Donc maintenant, si possible, je vais enlever ma casquette, me doucher, et aller me coucher, ça me ferait assez plaisir, mais seulement si c'est possible hein...





*pour les âmes sensibles ils suffit de remplacer ce vilain mot par personne irascible et très  très très très indélicate (ça marche aussi mais dans ma tête ça prend trop de place pour le penser comme ça)


dimanche 2 septembre 2012

La rentrée


Et oui, ça y est, c'est le grand jour !

Fini les vacances, il faut reprendre le chemin de l'école ou du travail. Moi j'ai fait ma rentrée aujourd'hui, enfin ma pré-rentrée en fait parce que tout le monde n'était pas là pour que ça ait l'air d'une vrai rentrée. Ça avait plutôt un air de fin de vacances, on est tranquilles, il fait beau et on n'a pas la pression, c'était bien sympa quoi.

Le plus sympa c'est que j'ai retrouvé mes poneys, ils ont passé deux mois de vacances au pré et je crois qu'on aurait pu les ramener en les faisant rouler que ça aurait été aussi vite. Ils sont énormes !! Les deux "vieilles" pourraient être pleines tellement elles sont grasses, et les autres sont ronds comme des petits tonneaux. Leur poil est magnifique et ils ont l'air tous très en forme, bon, y a que les pieds, là faut vite faire quelque chose parce que ça ressemble à rien. Heureusement le maréchal doit passer avant les prochains cours...

Sinon la rentrée c'est un peu comme le premier janvier, on est plein d'espoir et de bonnes résolutions, on se dit qu'on va faire mieux que l'année dernière, qu'on sera mieux organisée, qu'on aura du meilleur matériel, qu'on soignera encore mieux les poneys, qu'on fera plus d'activités différentes, toussa quoi... 

Mais quand on arrive et qu'on voit que le paddock des poneys est rempli de ronces, qu'il y a toujours les fils des ballots de foin de l'année dernière qui traînent un peu partout et que décidément cette année ça serait vraiment super de faire un abri, tout de suite la réalité nous rattrape. Dans mes rêves les plus fous j'aimerais qu'on puisse passer un broyeur dans ce pré pour que les poneys puissent avoir une chance d'y brouter de l'herbe un jour, même s'ils ont du foin à volonté ça me ferait plaisir. J'aimerais aussi que ce satané abri soit construit pour qu'ils puissent avoir de l'ombre en été et de quoi s'abriter les jours de pluie, surtout en hiver quand il fait froid et humide et que je les surprends à grelotter dans le vent. Alors évidement, quand il fait trop pourri on les rentre dans les box, mais là aussi, il y aurait tellement à faire que je ne préfère pas y penser... Et dans mes rêves les plus fous, on ferait aussi un truc super, on passerait un grand coup de pelleteuse pour virer la couche de merde/crottin/ficelles de foin qu'il y a dans ce pré et on referait les clôtures avec des jolies barrières en bois et du fil électrique tout plat, pas celui tout rafistolé avec plein de noeuds qui pendouille entre les piquets qui eux, ont tendance à tenir par l'opération du Saint Esprit. Et puis peut-être qu'on pourrait aussi avoir un abreuvoir automatique, ça éviterait que les poneys meurent de soif une fois de temps en temps quand quelqu'un a oublié de leur remettre de l'eau, ça serait vraiment super.

Bon, il faut relativiser, on est très loin de la maltraitance hein, les poneys ont de quoi manger et boire pratiquement tout le temps à volonté, ils ont un peu les pieds dans la boue l'hiver mais quand il fait vraiment trop froid ou trop pourri ils sont rentrés bien au chaud dans des box (pas parfaits mais néanmoins largement assez confortables), ils sont soignés, ils font très peu d'heures et ils ont une monitrice qui éduque leurs cavaliers dans le plus grand respect de l'animal. Je pense qu'on a vu pire, mais là on s'éloigne du sujet, moi je parle de ce que j'aimerais, de ce qui me comblerait de bonheur...

Après, il y a le matériel... Toujours pareil, c'est loin d'être dramatique, mais un jour j'aimerais pouvoir travailler avec des selles et des filets qui n'ont rien à se reprocher. Non parce que la sous-gorge qui n'a pas de boucle, le siège déchiré et les étrivières dépareillées ben ça m'énerve, c'est pas pratique, ça fait perdre du temps et ça donne une mauvaise image de notre sport. D'un autre côté, parfois on se dit que ça ne vaut pas la peine, vu de quelle manière les enfants traitent ce matériel... Et ce n'est pas faute de leur expliquer pourtant ! C'est là qu'on distingue nettement l'enfant qui prend soin de ses affaires, celui auquel on a inculqué une notion de la valeur des choses, de celui qui a l'habitude qu'on range tout derrière lui et qui ne se soucie aucunement de prendre soin de ce qu'il a entre les mains. Je dois avouer que ce type de comportements m'agace profondément, et généralement j'en veux aux parents car je pense que ce n'est pas rendre service aux enfants que de leur laisser croire qu'il y aura toujours quelqu'un pour repasser derrière eux pour remplacer ce qui a été détérioré ou cassé par négligence.

J'aimerais aussi un truc de fou, un truc qui me ferait tellement plaisir... J'aimerais qu'on rebouche ce put*** de trou dans la porte du bureau pour que les chats arrêtent de se promener partout sur mes papiers avec leurs pattes pleines de terre ou de boue ou de que sais-je encore... Et dans le même ordre d'idée, quand j'ai rangé le bureau avant de partir, j'adorerais le retrouver dans le même état que quand je l'ai laissé. J'aimerais arrêter de me demander en entrant dans ce satané bureau quel être vivant a pu réussir à mettre un tel bazar et une telle saleté en si peu de temps, vraiment il y a des énigmes que j'adorerais résoudre...  

vendredi 31 août 2012

Bartabas ou l'incarnation du génie


La rentrée scolaire n'est pas encore tout à fait d'actualité, en revanche, la rentrée culturelle, elle, a bien eu lieu. Et de quelle manière !!






Après quelques péripéties et changements de programme j'ai fini par réussir à aller voir le dernier spectacle équestre de la troupe Zingaro. Pour ne rien vous cacher, j'avais quelques appréhensions... En effet, étant plus jeune j'étais tombée par hasard sur une rediffusion télé d'un des spectacles de Bartabas et cela m'avait totalement traumatisée. Puisque vous voulez tout savoir, j'étais tombée sur une scène où il était allongé à moitié nu sur un cheval au galop ; il était attaché par les pieds autour de son encolure et par les mains derrière sa croupe ou quelque chose dans ce goût là. Il m'a semblé que cette scène n'en finissait plus de durer, ce pauvre cheval dégageait un tel désarroi de sentir ce corps à moitié désarticulé sur son dos, vraiment cela en était presque insoutenable pour moi...

Depuis j'avais quand même eu l'occasion de voir des morceaux de ses nouvelles créations à la télé et notament grâce à l'excellente chaîne de télé que le monde entier nous envie : Equidia, j'avais pu me rendre compte que malgré son esprit torturé, Bartabas pouvait également proposer des choses qui me mettaient moins mal à l'aise. Parallèlement à tout cela, une de mes amies artiste avait réussi à me traîner dans un spectacle équestre d'une autre troupe beaucoup moins connue qui m'avait semblé pour le moins bizarre pour ne pas dire expérimental par moment mais néanmoins divertissant.

Bon, ce n'était pas forcément trop mon truc mais j'ai un gros défaut, je ne peux pas refuser quelque chose qui est susceptible de m'apporter "culturellement", quelque soit cette chose d'ailleurs. Malgré tout, il y a toujours plus à retirer d'une chose que l'on ne comprend pas plutôt que d'une chose que l'on connaît déjà. La nouveauté, bonne ou mauvaise, ouvre l'esprit, toujours. Mon amie étant une amatrice du genre, j'ai donc assisté à une autre représentation de ce type avec une mise en scène un peu plus poussée. Je ne saurais dire si c'était le fait de savoir à peu près à quoi m'attendre ou bien  si c'était que la scénographie ait été plus soignée, mais cette fois là, j'avais réellement apprécié le spectacle. Cela ne m'avait pas paru grandiose, ou exceptionnel ou extraordinaire mais j'avais reconnu de l'art dans cette représentation, de l'art et du travail. Restait tout de même une chose complètement obscure pour moi... L'histoire, le fil conducteur, qu'est ce que ces gens essayaient de me raconter ? Vraiment là, c'était le flou absolu.

Alors peut-être que c'est moi hein, peut-être que je suis passée complètement à côté, mais vraiment ça me laissait perplexe, en dehors de la beauté des tableaux et du travail des artistes, cavaliers comme chevaux, je n'avais pas eu l'impression d'avoir adhéré à l'esprit du spectacle, est ce que quelqu'un avait voulu me faire passer un message ou s'était-on contenté d'utiliser des hommes et des chevaux pour attirer une "foule avide" de spectacles et d'acrobaties ?

Et il y a quelques jours, je suis finalement allée assister au dernier spectacle de Zingaro, j'allais enfin me confronter à Bartabas, à mon traumatisme d'enfance. Le nom du Spectacle : Calacas. Je vous laisse découvrir le lien.




Première chose : le chapiteau. Alors oui, c'est un chapiteau comme les autres, enfin j'imagine puisque je n'en fréquente que très rarement, pour ne pas dire jamais (Les deux précédentes représentations ne s'étaient pas déroulées dans un chapiteau). Nous entrons dans le chapiteau par des escaliers et une fois arrivés en haut nous traversons une première piste : la piste circulaire, celle qui encercle le public pour pouvoir aller nous asseoir face à la seconde, la principale dirait-on, mais pas sûr... Et c'est là qu'on se rend compte qu'en fait, ce n'est pas du tout un chapiteau comme les autres, il fallait être un visionnaire pour intégrer une piste extérieure, toute la beauté du spectacle réside presque dans cet unique idée de génie.

L'univers de Calacas peut surprendre, surtout ceux qui sont venus là parce qu'ils ont vu de la lumière et qu'ils ne se sont pas renseignés sur le thème traité : la Mort. On entre dans un lieu de passage, celui du monde des vivants vers le monde des ombres. On pourrait croire que l'ambiance est morbide et sombre mais ce n'est pas que ça, cette oeuvre dégage une richesse extraordinaire. Toute la scénographie est au service de l'imaginaire, du rêve, presque de l'élévation spirituelle. Chaque tableau est une expression du génie visionnaire de son créateur et il est servi par des lumières, des musiques ainsi que des acteurs humains et équins totalement habités par cette ambiance hors du temps. Paradoxalement, ce spectacle respire la joie, l'énergie dégagée est exceptionnelle, le spectateur ne sait plus où regarder tellement il y a de choses à voire et à comprendre. Cette oeuvre est une grande fête, une fête offerte par les morts aux vivants : peut être cherchent-ils à nous faire comprendre que la vie continue même dans l'au-delà ?





mardi 14 août 2012

Regards


Voilà voilà, en attendant la rentrée et donc de l'inspiration pour de nouveaux billets, voici quelques photos tirées de mon périple entre Bretagne et Normandie. 



 














mercredi 18 juillet 2012

La fin d'année et ses jolies surprises



Pour changer, et parce que vraiment, c'est trop adorable, je vous fais partager quelques petits mots de mes élèves et/ou de leurs parents. La carte ("anonymisée") qui suit m'a été offerte accompagnée d'un ensemble casquette/t-shirt que j'adore, non seulement parce que j'aime la marque mais surtout parce que c'est la représentation physique d'une certaine reconnaissance et de beaucoup de bons moments. 
Vous apprécierez à sa juste valeur l'humour de l'illustration, je peux vous certifier qu'elle n'est pas si loin de la réalité parfois...







Le courrier suivant est un mail envoyé par un papa adorable m'ayant confié sa fille en stage pour quelques jours. Son courrier m'a vraiment touchée, cela vaut la peine de faire ce métier rien que pour lire de si jolis mots.


Naï,

Quelques mots pour vous dire que la transmission de votre attachement à la cause équine à été appréciée par F. à hauteur des espérances qu'elle nourissait en prenant l'avion.

Elle a été enchantée et m'a dit avoir progressé bien plus rapidement qu'en plusieurs mois de pratique assidue en club. Elle a également été touchée par votre accueil et l'ambiance au sein de votre foyer.

C'est désireuse de revenir vous voir et bien déterminée à mettre en pratique les enseignements dispensés que F. est rentrée à la maison.

En partant, elle est allée témoigner à L. sa reconnaissance et l'a embrassé en lui promettant de revenir rapidement s'occuper de lui.

En toute objectivité, je dois avouer que son compagnon de la semaine manifestait une certaine affliction de la voir ainsi s'éloigner. Sans exagérer, j'ai trouvé dans son regard une sorte de gratitude, sentiment peut être exacerbé par le bonheur d'un père heureux de voir sa fille ainsi investie. L. occupe désormais une place de choix dans l'écurie virtuelle qui vit dans mon jardin et qui s'agrandit au grè des pérégrinations équestres de ma fille.

L'objectif est en tous points atteint. Merci d'en avoir été le bienveillant vecteur.

Je ne manquerai pas de vous contacter pour permettre à F. d'écrire l'Acte II de ses aventures.

D'ici là, F. et moi souhaitons à votre compagnon et vous-même un bon voyage en Bretagne et peut-être une incursion en Normandie pour aller à la quête de cet endroit magnifique, dont on dit que la marée monte comme un cheval au galop... 

Bonnes vacances et à bientôt,

F. et P.


C'est donc sur ces bonnes paroles que je vous laisse pour aller profiter des paysages bretons et normands. Et oui, car comme vous l'aurez compris : je pars en VACANCES !

A bientôt !

samedi 14 juillet 2012

Le Cheval et le Loup

Fable VIII livre cinquième


Un certain Loup, dans la saison
Que les tièdes zéphyrs ont l'herbe rajeunie, 
Et que les animaux quittent tous la maison
Pour s'en aller chercher leur vie ;
Un Loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l'hiver, 
Aperçut un Cheval qu'on avoit mis au vert.
Je laisse à penser quelle joie.
"Bonne chasse, dit-il, qui l'auroit à son croc.
Eh ! que n'es-tu mouton ! car tu me serois hoc ;
Au lieu qu'il faut ruser pour avoir cette proie.
Rusons donc." Ainsi dit, il vient à pas comptés ;
Se dit écolier d'Hippocrate ;
Qu'il connoît les vertus et les propriétés
De tous les simples de ces prés ;
Qu'il sait guérir, sans qu'il se flatte, 
Toutes sortes de maux. Si dom Coursier vouloit
Ne point celer sa maladie, 
Lui Loup, gratis, le guériroit ;
Car le voir en cette prairie
Paître ainsi, sans être lié, 
Témoignoit quelque mal, selon la médecine.
"J'ai, dit la bête chevaline, 
Une apostume sous le pied.
-Mon fils, dit le docteur, il n'est point de partie
Susceptible de tant de maux.
J'ai l'honneur de servir nos seigneurs les Chevaux, 
Et fais aussi la chirurgie."
Mon galand ne songeoit qu'à bien prendre son temps, 
Afin de happer son malade.
L'autre, qui s'en doutoit, lui lâche une ruade
Qui vous lui met en marmelade
Les mandibules et les dents.
"C'est bien fait, dit le Loup en soi-même fort triste ;
Chacun à son métier doit toujours s'attacher.
Tu veux faire ici l'arboriste, 
Et ne fus jamais que boucher."

vendredi 29 juin 2012

Le bel étalon noir...




Je continue ma série consacrée à quelques uns des chevaux que j'ai au travail avec mon magnifique, mais très très super chiant entier noir. C'est une race des pays de l'est, assez rare par chez nous d'ailleurs, mais il a tout à fait l'allure d'un cheval de sport lambda quand on le voit comme ça. Vous l'aurez deviné... il est noir, avec une toute petite marque en tête sur le front et aucune balzane. Sa tête est particulière car très osseuse, j'imagine que c'est un vrai casse tête à tondre (c'est le cas de le dire) surtout autour des yeux. Il doit toiser aux environs d'1,70m et il est lui aussi un peu gras, il faut bien se l'avouer... Il est assez ramassé comme ça, mais son dos est tout de même un peu long, des aplombs corrects et une encolure énorme avec une force phénoménale.

Niveau caractère : ben il est chiant... C'est un entier quoi, mais pas l'entier dangereux qui saute sur tout ce qui bouge et tape/boxe tout ce qui passe, pas du tout ce genre. Lui c'est plutôt le genre pot de colle, qui veut tout savoir, tout voir et tout toucher... Quand on rentre dans le box, le cheval normal, il se pousse. Ben lui non, lui il se pousse pas, il reste là, devant, il faut qu'il sache ce qu'il se passe devant la porte des fois qu'il y aurait le scoop du siècle juste là maintenant, nan nan, pas question, on sait jamais !

Donc voilà, déjà, faut réussir à rentrer, donc il faut le pousser. Alors au début, il fallait vraiment le pousser, de toutes ses forces, parce que monsieur, il résistait, il voulait pas ! Maintenant ça va un peu mieux parce que moi, les chevaux irrespectueux ça m'énerve et je trouve ça dangereux, du coup il a appris à répondre à la "pression" et à la "suggestion" comme disent les éthologues, ça fait quand même des vacances. Et puis une fois dans le box et ben c'est pareil, il ne veut que aller devant la porte, mais comme il est entier, on se dit que si par malheur il voulait aussi sortir, on serait pas dans la merde. Du coup je passe mon temps à lui dire de reculer, c'est un jeu... Je le fais reculer d'un pas, il ravance d'un demi pas et demi, je le fais reculer de deux, il ravance de 3 ou 4 mini pas, comme ça, l'air de rien... L'innocence incarnée ce cheval, et puis il fait l'offusqué quand je me fâche en plus ! 

Ensuite il veut tout savoir, il faut qu'il sente la brosse, il faut qu'il regarde où je brosse ; pour la tête, on peut pas la brosser si elle est pas du bon côté et presque il regarde à l'intérieur du sabot quand je lui cure les pieds, il le ferait s'il manquait pas de se casser la figure à chaque fois... Oui, c'est le genre de cheval qui essaie de brouter quand on trotte ou galope en extension d'encolure et qui comprend pas pourquoi il finit sur les genoux, à chaque fois... 

Bon, évidemment, si vous posez quelque chose sur la porte ou à côté du box vous êtes sûr que ça finit, dans le meilleur des cas, parterre devant le box, et dans le pire des cas, parterre dans le box et sous ses pieds ou dans sa bouche, ou les deux, tout dépend... Voilà voilà. Ah oui, et puis sinon quand vous le sellez, ben c'est là que ça lui gratte sous la selle, donc si vous mettez la sangle après, comme moi, ben vous avez une chance sur deux de retrouver la selle parterre, ou d'arriver juste à temps pour la rattraper au vol au moment où il la pousse par dessous pour se gratter.

Ah, et aussi il aime pas qu'on lui touche l'oreille droite, enfin si, on peut la toucher quand on veut, sauf... quand on veut mettre le filet, là nan, là il veut pas, il préfère lever la tête très très haut, tellement haut que moi je touche plus parterre, oui parce que moi je lâche pas le filet tant que je l'ai pas mis, nan mais... Bon, j'ai passé un peu de temps sur la pointe des pieds où carrément suspendue, mais ça y est, monsieur à compris que la lourdingue là, elle lâchera pas l'affaire, alors maintenant il baisse même presque la tête pour que l'oreille elle passe plus facilement sous la têtière. Y a quand même du progrès !

Et pour les guêtres c'est comme pour le reste, il faut qu'il regarde si les velcros sont bien mis, on sait jamais !

Une fois qu'on a fait tout ça généralement j'en peux déjà plus, je suis fatiguée ! Ce cheval m'use... Et quand on est dessus, ben c'est un peu pareil, la vieille commère hyperactive, vous voyez le genre ? Mais avec les muscles en plus. Au début c'était l'horreur, il arrachait les rênes à la moindre occasion, il mettait des espèces de coups de tête à vous arracher les cervicales, et pas que vers le bas, sur le côté aussi, histoire d'être bien asymétrique (ça fait encore plus mal !) Ben oui, parce que les coups de tête c'est pas juste pour arracher les rênes, c'est surtout pour regarder ce qui se passe partout, parfois il fait même carrément demi tour, pour regarder derrière, c'est plus pratique. Je passe sur le fait que les entiers adorent les poneys (et les juments mais ça vous vous en doutiez) et que dès qu'il y en a dans les parages, c'est mort pour la concentration, enfin avant, maintenant ça va un peu mieux. Et puis des fois, on sait pas pourquoi, ça lui prend et il se pointe et il boxe, comme ça, tout seul, dans le vide, il faut le savoir. Ça peut surprendre la première fois, surtout quand on sait qu'il est pas très doué et qu'il pourrait se rater... Mais bon...

Allez, passons aux choses sérieuses, comment qu'il travaille ce cheval ???

Ben c'est qu'au début c'était pas gagné ! Une locomotion un peu particulière on va dire, le genre "lapin à roulette" pour ceux qui connaissent l'expression, c'est à dire le cheval avec une cadence et une amplitude au trot qui se rapproche assez bien de celles du shetland. Au pas, c'est pareil, et au galop n'en parlons pas. En fait c'est le cheval qui se dépêche tout le temps mais qui sait pas pourquoi, pas facile... 

Pour vous faire une idée, vous n'avez qu'à imaginer un cheval qui trotte et qui galope du genoux (et du jarret), en montant fort les épaules mais sans aucune propulsion et sans rebond aucun. Le prototype parfait du cheval chaud bouillant qui ne pousse pas un crayon et qui donc, travaille creux, malgré tout le vent qu'il brasse. Sans compter le fait qu'il se sert allègrement de vos bras comme béquille étant donné qu'il ne se tient pas, en fait il se dépêche de venir s'appuyer, c'est pas tout à fait l'idée que je me fais du cheval léger... Et avec l'encolure qu'il a c'est vraiment pas un cadeau ! 

Voilà, donc au départ, on a un cheval plein de sang travaillant dans le plus parfait déséquilibre, ne respectant pas la main, la jambe non plus quand on y regarde de plus près, avec une capacité de concentration plus que limité et une tolérance très faible à la contrariété... Hem, de la tarte, quoi !

Bon ben j'ai tout simplement commencé par lui rendre la vie impossible, c'est à dire qu'il a fait beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, genre des kilomètres d'épaule en dedans. Dès qu'il "bourrait à la main", hop, une longueur d'épaule en dedans ! Dès qu'il commençait à s'appuyer, hop, une largeur d'épaule en dedans, et un petit appuyer, et on recommence. Dès qu'il sortait de la main, rebelote, je crois que j'ai passé le premier mois à illustrer le traité de La Guérinière, j'en ai fait dans tous les sens, de tous les cotés, sur des lignes droites, sur des cercles, des carrés, des rectangles, dans le manège, la carrière, le cross, j'ai tout fait ! 

Alors évidemment, je n'ai pas fait que de l'épaule en dedans, mais c'est vraiment le premier truc que je fais quand il commence à accélérer progressivement en mettant de plus en plus de poids et en poussant de toutes ses forces avec son encolure. Au début j'essayais de résister mais c'était peine perdu, son mode de fonctionnement c'était justement la résistance, plus je résistais, plus il résistais dans l'autre sens, vraiment, je ne pense pas que j'aurais gagné ! Du coup, vu qu'il avait envie de foncer tout droit, ben il a fait le contraire, voilà. Il a fait du cercle et du travail de deux pistes, nan mais, on me promène pas comme ça moi, faut pas déconner non plus ! En plus j'aime pas ça faire du tout droit, ça m'énerve, je suis la première à enguirlander mes élèves qui font des tours de carrière bêtement sans rien demander à leur cheval, ça sert à rien, c'est du promène couillon comme on dit chez moi.

Fin bon, du coup, on a revisité toute la panoplie et aux trois allures : épaules en dedans, travers, renvers, appuyers, contre-changements de main et tout le tralala. Pour le coup, j'ai révisé mes gammes ! Au bout de quelques semaines de ce travail, j'ai commencé à avoir un cheval qui se tendait plus facilement et sa cadence s'est ralentie pendant que son amplitude s'est développée. Oui, parce qu'au départ il travaillait très haut et très fermé, il s'encapuchonnait et bourrait à la main dans cette attitude, dos creux et bouche morte, c'était vraiment très agréable... On pouvait même avoir la sensation d'être trimbalé au pas, vraiment génial ! 

Là, il commençait à descendre sa tête et à monter son dos sur quelques foulées à la sortie des exercices. Il se laissait encore pas mal déconcentrer mais j'avais quand même moins de difficultés à le récupérer avant qu'il parte dans son trip "vite faut que j'me dépêche". Une fois que j'ai obtenu ce minimum, nous avons commencé à pas mal travailler sur la réponse à la main et à la jambe. Vous noterez que j'avais toujours ma badine, même avec ce type de cheval qui ne veut qu'avancer tout le temps, comme quoi une badine ça ne sert pas que pour les chevaux "froids". Et bien oui, et cette badine je m'en servais beaucoup pour... m'arrêter ! Et oui, parce que monsieur ne savait pas s'arrêter, il venait se coincer contre la main, mais jamais de la vie ce truc n'était un arrêt, d'ailleurs il ne tenait pas en place, donc c'est bien la preuve. Oui, parce qu'en fait, un arrêt c'est le truc où le cheval il s'arrête en reportant du poids sur ses jarrets, et non pas dans vos bras, là c'est pas un arrêt, c'est un affalement (d'où le cheval qui se retrouve sur les genoux quand on avance les mains...). Et pour que le cheval reporte du poids sur ses jarrets, et bien à un moment, il faut bien qu'il se tienne tout seul et qu'il ne se serve plus de vos mains comme "petites roulettes" vous savez, le truc qu'on doit enlever une fois qu'on a bien appris à faire du vélo et que certains on vraiment beaucoup de mal à lâcher. 

Dès que je voulais m'arrêter, j'utilisais donc ma badine pour lui demander d'activer un peu ses postérieurs afin qu'ils viennent sous la masse, dès qu'il faisait mine de s'appuyer, je repartais et lui demandais une épaule en dedans jusqu'à ce qu'il se tienne de nouveau avant de recommencer. J'y ai passé un paquet de temps... c'est qu'il est têtu l'animal ! J'y arrive tout juste aujourd'hui, au bout de presque deux mois de boulot. Mais rassurez vous, le reste a bien progressé, en fait je crois que c'était le gros point noir, c'est la chose qu'il a eu le plus de mal à assimiler, à côté de ça, c'est un cheval très souple et très agréable lorsqu'il se tend et se met au travail.

J'ai donc beaucoup travaillé sur ma main, j'ai essayé de ne jamais la bloquer lorsqu'il résistait, au contraire, je rouvrais les doigts et je demandais une flexion pour partir en épaule en dedans avec beaucoup de jambe. Oui, parce qu'en fait la résistance venait du fait qu'il ne poussait pas, j'espère que vous l'aviez deviné ! Et donc en le mettant en épaule en dedans, le postérieur intérieur (intérieur à l'incurvation hein, toujours pareil) venait obligatoirement sous la masse, ce qui avait pour effet immédiat de l'alléger, et voilà, c'était gagné. Ne restait plus qu'à lui apprendre à engager ses postérieur aussi en ligne droite. Pour ça j'ai beaucoup utilisé une technique que je trouve très utile : serrer les genoux et les cuisses pour ralentir les épaules du cheval. Etant donné qu'il avait du mal à "rattraper" ses traces (et donc à se "juger" pour ceux qui suivent) avec ses postérieurs, il fallait demander aux postérieurs d'aller plus loin, mais étant donné qu'il se dépêchait tout le temps, dès que je demandais les postérieurs, il précipitait l'allure en bourrant à la main. Du coup, l'allure se dégradait et je n'obtenais jamais l'engagement tant espéré. Il fallait donc tout d'abord ralentir les épaules afin de permettre à l'arrière main de les "rattraper", ou du moins de s'en rapprocher ; et seulement une fois cela obtenu, je pouvais mettre la jambe pour demander une propulsion supérieure de laquelle résultait une meilleure tension de dos et un bout de devant léger dans un relâchement maximum. Et oui, tout ça d'un coup !

Attention, serrer les cuisses ne veut pas dire se crisper, au contraire, cette technique n'est efficace que si le cavalier a la jambe descendue et continue de travailler relâché, sinon cela n'a aucune utilité. Le principe est simple, le cheval étant très sensible à la pression, le fait de serrer les cuisses va lui comprimer légèrement les épaules, il va se retrouver dans un inconfort relatif car il devra "forcer" pour continuer son mouvement, et comme les chevaux (tout comme les humains d'ailleurs) n'aiment pas trop se fatiguer, leur premier réflexe va être de ralentir le mouvement des épaules. C'est à ce moment précis qu'il faut relâcher la pression des cuisse et demander la propulsion avec le bas de jambe tout en restant bien à sa place dans son haut du corps ; les épaules ont ralenti et votre cheval à tendance à "caler" comme s'il voulait retomber dans le pas, c'est exactement à ce moment là que les postérieurs ont la possibilité de rattraper leur retard, il faut en profiter ! Une fois cette sensation obtenue, il suffit de la reproduire à chaque fois que le cheval commence à précipiter : ralentir les épaules, se relâcher, activer les postérieurs, se relâcher, vérifier l'équilibre et la légèreté, recommencer si besoin. 

La sensation du cavalier doit être une impression d'être calé dans un fauteuil très souple et très confortable, lorsque le cheval travaille avec son dos on a la sensation d'être plus haut que d'habitude. Je donne un truc à mes élèves pour reconnaître cette sensation : si vous êtes cavalier, vous avez très certainement déjà senti les muscles du dos de votre cheval se tendre au moment où il lève la queue pour faire son crottin, cette sensation est due au fait qu'il contracte ses muscles abdominaux ce qui a pour effet de lui faire remonter toute la ligne du dos. Et bien lorsque votre cheval travaille vraiment avec le dos, vous devez avoir la même sensation. La première fois que j'ai senti ça, je travaillais au galop sur mon cheval avec mon Mentor, et tout à coup j'ai senti ce truc extraordinaire, au début je passais mon temps à me retourner car j'avais tout le temps l'impression que mon cheval faisait son crottin, mais non ça n'était pas ça, j'avais enfin compris ce que signifiait "mettre le dos". C'est un des plus précieux souvenirs de ma formation je crois. Et en ce qui concerne le bout de devant, c'est à ce moment là que l'on peut commencer à demander l'extension d'encolure, comme le cheval se propulse correctement et qu'il tend son dos, il cherche à descendre sa tête en ouvrant son angle tête/encolure, il reste léger et en équilibre. Lorsqu'il travaille de cette manière, un cheval peut trotter et galoper le nez parterre sans aucune dégradation de son équilibre (sauf s'il essaie de brouter, là ça marche un peu moins bien mais bon, c'est hors sujet), et les transitions, qu'elles soient montantes ou descendantes peuvent, et devraient se faire sans dégradation de cette attitude de relâchement et de tension de la ligne du dessus.

Voilà voilà, donc mon bel étalon noir est maintenant aussi doux qu'un agneaux, il est devenu extrêmement agréable à monter et c'est un vrai plaisir. Bon, on n'est pas à l'abri d'un petit mouvement d'humeur ou d'un petit saut de joie, mais même lorsqu'il se retourne pour regarder les juments qui passent, il fait bien attention de ne plus arracher les rênes, il est devenu civilisé cet animal... Non, et puis il est super attachant, ce n'est pas rare qu'il hennisse quand j'arrive le matin pour m'en occuper. 

Comme quoi, le travail peut aussi être un plaisir ! :)