AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

lundi 17 octobre 2011

La communication (2)



Un jour j'ai donc pris le parti de commencer à dire et à montrer ce que je pensais et ce que j'étais. C'est à partir de ce jour que j'ai commencé à me faire de vrais amis, à avoir des "amoureux" et à ne pas avoir peur de dire aux gens qu'ils m'emmerdent ou qu'au contraire je les apprécie vraiment beaucoup. Tout à coup je suis devenue "populaire" au lycée, je me fichais de ce que les gens pouvais bien penser, et à ma grande surprise cela les attirait, j'étais récompensée de mon bien être et de ma franchise alors que j'avais peur depuis des années du contraire. J'avais découvert la vraie vie, la joie de pouvoir exprimer ses sentiments comme ils sont, sans honte et sans peur du qu'en dira t'on. J'ai ensuite appris à comprendre mes sentiments avant de les exprimer, ce n'est pas toujours évident mais je trouve l'exercice intéressant, il permet d'apprendre à se connaître un peu mieux.

Evidemment il m'arrive de rencontrer des personnes qui ne me "conviennent" pas, avec lesquelles je n'arrive pas à m'exprimer ou a discuter. Généralement ces personnes refusent la discussion ou partent du principe qu'elles ont raison sans vouloir écouter quoi que ce soit de différent. Et bien quel que soit leur "grade" ou leur "fonction" je ne manque pas de leur faire savoir ce que je pense, en tous cas lorsque je n'ai pas la possibilité de les éviter tout simplement.


Je suis un minimum éduquée et cultivée, je ne fonce donc pas dans le tas comme ça non plus, enfin, sauf avec mes amis qui me connaissent et qui me pardonnent mon manque de tact. Grâce à tout ce que j'ai pu observer des relations des autres quand j'étais une pré ado dans un monde d'adulte et grâce à ma fascination pour la littérature classique et la rhétorique, j'ai développé une certaine capacité à me faire comprendre de manière extrêmement claire tout en restant complètement dans les codes et manières instaurés dans la discussion par les autres. Cette capacité m'a énormément servie pendant les quelques années que j'ai passées dans l'armée, c'est grâce à elle que j'ai pu retirer quelque chose d'intéressant de cette expérience mais j'en parle plus loin.


J'ai également eu une superbe expérience en travaillant dans une certaine enseigne américaine de restauration rapide, j'y ai appris le "feed-back" comme ils l'appellent, et surtout la reconnaissance positive et je n'ai pu qu'en constater les bienfaits. Dire ce qui est mal et l'expliquer, mais surtout dire ce qui est bien et le récompenser. C'était mon premier job et je l'ai adoré, les relations étaient simples, quelle que soit la supériorité de fonction, nous étions encouragés à dire ce qui allait ou n'allait pas pour faire progresser les choses et pour réussir à travailler ensemble dans un rush perpétuel où tout le monde courait partout. Ça fonctionne extrêmement bien si l'on travaille avec des gens intelligents qui ont compris l'intérêt d'un telle démarche et j'ai eu cette chance pendant un certain temps.

Plus tard, comme je l'ai déjà dit, j'ai été militaire, et bien je ne me suis pas départie de ce fonctionnement, j'ai tout de même mis un certain temps avant de comprendre comment toute cette machine fonctionnait, j'ai pas mal observé et écouté et je me suis rendu compte que ça n'allait pas être gagné étant donné que le grade paraissait donner à son possesseur une sorte de science infuse universelle. A priori il fallait dire oui et obéir à des ordres qui pouvaient être totalement incohérents ou pire, contradictoires avec la phrase ayant précédée et qui était censée expliquer le pourquoi d'un tel ordre. Comme tout le monde j'ai fait mes classes et mon école sans rien dire bien que je n'en pensais pas moins, c'était l'école, on était donc là pour ça, mais par la suite ce fut bien différent. 

A force d'expérience et surtout de déconvenues et d'énervements aussi violents qu'inutiles, j'ai fini par prendre l'habitude, lorsque j'entendais un ordre ou quelque chose d'ahurissant, de dire "reçu" puis de répéter l'ordre avec des mots différents (genre la fille qu'est un peu bête et qu'a besoin de répéter pour bien comprendre) pour faire entendre la débilité du propos à son propriétaire puis j'attendais... 

Deux solutions :

- Il n'y avait personne autour et le chef me disait en essayant de garder sa contenance que c'était tout à fait ça ; dans ce cas je vaquais à mes occupations car il y avait une chance sur deux que le contre-ordre ne se fasse pas attendre. La prochaine fois c'était sûr qu'il ne viendrait pas me donner ce type d'ordre à moi, c'était toujours ça de gagné !

- Il y avait d'autres personnes et de préférences gradées autour, et là, il me disait que je n'avais rien compris et me donnait un ordre tout à fait différent et beaucoup plus cohérent (bien que certainement tout aussi inutile la plupart du temps) après quoi je m'excusais et repartais en ayant parfois reçu un clin d'oeil d'un des témoins qui avaient déjà eu l'occasion de me croiser auparavant.

Malgré de nombreuses déceptions et un certain écoeurement concernant les institutions et l'administration en général, j'ai découvert des gens intelligents (pas tous) mais complètements abrutis par le système. Les quelques années que j'ai passé à leur côté m'ont apporté beaucoup dans le domaine des relations humaines. J'avais légèrement ébranlé leurs codes et grâce à cela ils se sont ouverts un peu, j'ai eu des discussions d'égal à égal avec des gens qui passaient leur temps à se cacher derrière leur grade en s'imaginant je ne sais quelle absurdité sur les relations impossibles entre gens de catégories différentes. J'ai même eu des discussions très philosophiques avec des gens qui m'ont dit par la suite qu'ils ne pensaient pas être capable de s'exprimer de manière aussi claire et profonde avec qui que ce soit. Il pensaient même qu'ils n'étaient pas capable d'avoir de telles idées... N'importe quoi, comme si on était capable ou non d'avoir des idées ! Des idées on en a tous, il faut juste apprendre à les conceptualiser et ensuite à les verbaliser, ça d'accord, c'est autre chose.

J'ai aimé cette période, non pas parce qu'elle m'a apporté quelque chose professionnellement parlant, je serais à ce propos tentée de dire qu'elle ne m'a rien apporté du tout, mais je l'ai aimée parce que j'ai découvert que ces gens qui étaient bornés de partout m'appréciaient parce que je leur faisais comprendre que je n'étais pas dupe et qu'il pouvait me donner tous les ordres qu'ils voulaient, ça ne changeait rien au fait que c'était des êtres humains et qu'il n'y a pas d'histoire de grade entre êtres humains, il n'y a que des histoires de relations.


Le respect est une chose, la soumission en est une autre.


La barrière entre les deux est très étroite et elle est malheureusement souvent franchie dans l'administration où la hiérarchie est la base du système, de là naît une certaine confusion de la plupart des personnes qui travaillent au sein de ces administrations, chefs comme subordonnés d'ailleurs.

Tout ça pour dire, et merci au docteur Borée qui m'a donné l'envie d'écrire ce billet, que parfois il y a des gens qui ne savent pas exprimer ce qu'ils ressentent même s'ils ressentent très fort. Ce n'est pas pour ça qu'ils ne vous apprécient pas, et c'est peut être aussi d'ailleurs pour ça qu'ils provoquent des sentiments étranges, partagés entre la défiance et la curiosité. J'ai l'impression qu'il faut encourager ces gens à s'exprimer, même si l'on a peur de ce qui peut en ressortir, il me semble que dans 90% des cas, la communication résout et encore mieux évite que des problèmes ne surviennent. La plupart du temps, les gens qui ne nous expriment pas leur sentiment ne le font pas car ils ne se sentent pas compris, ils appréhendent d'être rabroués ou rejetés, si l'on allait vers eux en restant ouvert malgré notre inquiétude les solutions se présenteraient certainement d'elles même.

La communication, c'est magique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire