AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

samedi 29 juin 2013

Même que c'est pas des conneries


Bon alors, comment te dire... Aujourd'hui j'ai fait mon footing, mais beaucoup trop de fois...

Oui, bon, tu vas te dire, qu'est ce qu'elle a encore celle là à nous raconter sa vie avec des trucs qu'ont rien à voir avec le poney, elle nous saoule avec ses histoires à deux balles d'aspirateur, de portière arrachée et de je sais pas quoi encore ! Pffff, y a vraiment rien à en tirer...

Nan mais arrête ! J'te promets que ça parle de poney aujourd'hui, même que c'est vrai. Attends, j'te raconte...

Donc voilà, en ce moment je suis triste, je suis triste parce que j'ai deux poneys qui veulent pas grossir, et des poneys pas gros, ben moi j'aime pô. Un poney c'est gros, sinon c'est pas un poney d'abord. Alors j'te passe les vermifuges et tout le tralala, véto et tout hein, nan, le truc c'est que comme t'as sûrement dû le remarquer (à moins que tu viennes de la planète Mars et là tu m'intéresses tout de suite beaucoup beaucoup (tu peux me donner ton 06 ?) d'ailleurs si tu viens d'Uranus ça m'intéresse plus, j'aime mieux Uranus comme planète... Fin bon), on a juste eu un hiver qui a duré à peu près .... 7 mois. Ouais, donc l'hiver de 7 mois, ben mes poneys y z'aiment pas. Y z'aiment pas parce que quand ils ont perdu leur poil d'hiver il s'agirait qu'il ne se remette pas à faire moins douze juste après, histoire qu'ils n'aient pas à brûler toutes leurs réserves pour se réchauffer parce qu'il y a un grand con là haut, ou pas d'ailleurs, qui fait mumuse avec l'anticyclone des Açores... Fin bon, t'as compris l'idée générale.

Donc comme j'aime pas que mes poneys soient maigres, et bien j'ai décidé de les nourrir un peu plus, surtout les deux là, ceux qui sont en pleine croissance et qui ne veulent pas prendre un gramme. Et bon, comme tu le sais, c'est même pas la peine d'imaginer que je vais leur mettre une ration de grain rien que pour eux au milieu du pré et que les autres ils vont dire : 
"- Non mais allez-y hein, nous on est gros, on n'en a pas besoin, c'est pour vous le bon manger"

Nan, ça serait plutôt genre :
"- Vas-y dégage, c'est chacun pour sa gueule ici, alors va sucer les cailloux ! Nan mais."

Hem...

Donc bon, je sors donc mes deux maigrichons du pré pour leur donner leur ration dehors, dans l'herbe, et puis comme ils sont choupis je les y laisse toute la matinée pour qu'ils puissent brouter tranquille, pendant que les autres finissent la ration de foin du matin. Evidemment je passe sur les conneries du genre, j'vais brouter dans les endroits les plus improbables que t'imaginerais même pas, à moitié dans le fossé, entre les camions, sous la voiture, dans le hangar à copeaux... Je pense qu'un jour j'en retrouverai un dans le camion vu que le pont est ouvert ou dans la boîte aux lettres... Eux ils vont brouter dans les endroits où y a pas d'herbe, bon, c'est des pottoks (ouais je sais pottokak mais y en a la moitié qui vont pas comprendre, et oui ça se prononce pottiok pour ceux qui sauraient pas), ça s'invente pas hein...

Bref, arrive quand même le moment où faut rentrer, parce que vu l'imagination dont ils font preuve, t'imagines bien que je vais pas les laisser là trop longtemps sans surveillance, s'agirait pas de les retrouver attablés dans le foyer les lads en face... ou pire ! Dans leur assiette. 

Re bref, me voilà donc partie pour récupérer ce petit monde. Le premier, facile, c'est le qu'est pas pottok même s'il essaie d'imiter sa copine pour les endroits farfelus il a jamais autant d'imagination, il doit être Landais ou un truc comme ça, il a un petit air même si on connaît pas bien ses origines. On sait que le Landais (humain) est une quiche en voiture (ouais je sais j'vais pas m'faire des copains) mais le Landais (poney) est une bonne poire, il est choupi, il vient te voir quand t'arrives et il se laisse attraper de bonne grâce. En ce qui concerne l'autre en revanche, que nenni ! Quand elle te voit rappliquer avec ton licol, elle te regarde sournoisement et pi elle se barre en courant la saloperie ! Dans ces moments là j'me dis qu'elle ferait un joli saucisson, mais bon, passons...

Voilà, donc c'est là que commence l'histoire que je voulais te raconter. Comme le poney ne se laisse pas attraper et ben faut bien trouver une solution ! Et comme il est en liberté et qu'il s'agirait pas qu'il aille n'importe où, il faut le canaliser... en courant plus vite si tu peux mais ça j'y arrive pas... ou en courant intelligemment (ça j'y arrive un peu mieux mais j'aime quand même pas beaucoup courir, donc s'agirait d'être vraiment très intelligente). 
Bon, on déconne mais l'air de rien je t'explique un truc d'éthologie, l'idée c'est pas d'attraper le poney, l'idée c'est que le poney il ait envie que tu l'attrapes... Et ouais... C'est là qu'il s'agit de pas trop déconner.

Donc bon, première étape, faire rentrer le poney dans la carrière, c'est maintenant qu'il faut courir intelligemment pour que le poney il croie que c'est une bonne idée d'entrer dans la carrière (1ère phase du plan machiavélique).
Deuxième étape, refermer la carrière. Et là, ma p'tite dame, tu vas voir que je vais courir beaucoup mais que je vais pas courir pour rien... HaHaHaHa (rire machiavélique)
Donc me voilà partie...

Au début ma pottok elle fait la belle, elle trottine la tête haute l'air de dire :
"Ha j't'ai bien eue, tu m'attraperas jamais ici, c'est beaucoup trop grand, j'ai toute la place pour galoper comme je veux !"

Et là j'me dis :
"Alors déjà tu vas moins faire la maline parce qu'ici y a pas d'herbe, donc ton histoire de pas se laisser attraper pour brouter déjà, c'est mort."

Et c'est maintenant que ma très grande faculté à être plus têtue qu'une mule (un pottok en l'occurrence) et à ne jamais lâcher l'affaire entre en jeu. Puisqu'elle veut courir, elle va courir, mais elle va courir là où j'ai décidé et dans le sens que j'ai décidé... Alors au début c'est un peu le bordel, faut courir partout parce que le poney il veut s'arrêter dans les coins, il veut faire demi tour, bref, il veut te montrer que c'est lui qui décide. Donc c'est là qu'il faut lui faire comprendre que non, c'est certainement pas lui, et que s'il veut courir il peut, autant qu'il veut, même plus qu'il ne veut mais surtout, là où je veux et dans le sens que je veux. Quand il s'arrête, je lui cours après pour qu'il reparte, quand il fait demi tour, je lui bloque le passage pour qu'il reparte dans l'autre sens... Ça peut prendre un certain temps, surtout la première fois... Fin bon, en fonction de l'intelligence du coureur on va dire max 20 minutes hein, faut pas déconner non plus, tu m'as pris pour Kilian Jornet ou quoi ?

Et donc au bout de dix minutes mon poney déjà, il a lâché l'affaire, il s'arrête plus dans les coins et il essaie plus de faire demi tour, il se dit que l'autre neuneu qui fait que courir là au milieu elle a l'air beaucoup plus têtue que lui (la deuxième phase du plan machiavélique est enclenchée, je m'insinue sournoisement dans sa tête... Gniark gniark gniark)

Bon, tu vas me dire, tu l'as toujours pas attrapé ton poney... Ouais, je sais, mais attends, t'inquiètes.

Et là mon poney tout d'un coup il se dit qu'il en a marre de galoper, il se dit qu'il aimerait bien pouvoir s'arrêter un peu et retrouver ses copains là, dans son pré. Il commence à me regarder du coin de l'oeil pour voir si par hasard y'aurait pas moyen de négocier... Genre je ralenti un peu, pour voir...

Ok, voyons, si j'te laisse ralentir est ce que je peux m'approcher ? Non ? Ok, bon bah alors non, tu ralentis pas, tu vas même accélérer un peu pour voir... 

Et là le poney il se dit qu'il faut trouver une solution parce qu'il a pas du tout envie de passer la journée à galoper dans la carrière avec l'autre neuneu à ses trousses, il se dit que peut être il aimerait bien que quelqu'un lui mette un licol pour le ramener dans son pré avec ses copains, ouais, c'est quand même cool les copains et le pré...

Donc là je vois mon poney qui ralenti et qui me regarde, je le laisse faire, il s'arrête... Je le laisse faire et j'attends. Elle sait très bien que si elle ne fait rien d'autre je vais lui demander de repartir sur son cercle, elle réfléchi et puis :

"Oh et puis merde ! Voilà, c'est bon, j'arrive ! Fait chier hein..."

Et voilà ma ponette qui rapplique gentiment pour que je lui mette son licol, je la caresse affectueusement et je lui dis que c'est une grosse naze parce que depuis le temps, elle devrait savoir que je suis une obsessionnelle compulsive et que plus têtue que moi tu meures ! Peut-être qu'elle le savait mais elle n'avait jamais testé. Voilà, maintenant c'est fait. Et je suis prête à parier que je n'ai pas couru pour rien, la prochaine fois ça m'étonnerait qu'elle me fasse tout ce cirque, les pottoks sont têtus mais ils ont une excellente mémoire (Dernière phase du plan machiavélique accomplie. Et pour tout te dire, le moment où ton poney se tourne vers toi et te rejoint, c'est juste un instant magique ♥)...

Tout ça pour te dire que cette histoire de perdre du temps pour en gagner, et ben c'est définitivement pas des conneries.



jeudi 6 juin 2013

On gagne du temps à en perdre


La première fois que j'ai entendu cette phrase je me suis dit que ça voulait rien dire.


Bon, d'accord, c'était du Michel Robert, mais c'est pas parce que c'est Michel Robert qu'il ne peut pas dire de conneries...



Fin bon, depuis je me suis rendu compte que c'était pas du tout des conneries, méa culpa Michel !



Donc maintenant il s'agit de comprendre comment on peut gagner du temps en en perdant ? Et puis perdre du temps à faire quoi ? Brosser, seller, faire du trot assis ? Nan vraiment c'est pas clair cette histoire...


Plus j'avance dans ma vie de cavalière, et plus je me rends compte que ce sont les petits détails du début de l'apprentissage qui provoqueront soit les plus grandes difficultés, soit les plus grands avantages.

Un petit exemple. 

J'ai débourré un poulinou il y a quelques mois et, grande chance pour moi, je suis une psychopathe, ouais bon, vous le savez déjà, mais quand même. Donc bon, que je ne supporte pas la moindre approximation. Attention hein, il y a approximation et découverte, moi je parle de l'approximation, genre le poney il sait très bien ce que tu lui veux mais il en fait que la moitié parce qu'il se dit que ça ira bien comme ça. 
Et pourquoi donc qu'il se dit que ça ira bien comme ça ???

Et ben parce que la plupart du temps tu te dis que ça ira bien comme ça toi aussi... C'est moche...

Ben moi non, moi je suis psycho-rigide, y a pas moyen que ça aille bien comme ça, si je veux que tu mettes ta tête là et ton pied là alors tu vas pas les mettre ailleurs, c'est tout, c'est peut-être très con mais c'est comme ça, je peux pas faire autrement. (Mes névroses, toussa...) 

Voilà, donc mon poulain qui se comportait très bien quand on était à sa gauche, rapport au fait que personne n'avait pris le temps de le manipuler des deux côtés parce qu'on tient un cheval par sa gauche c'est comme ça épicétou, et ben dès qu'on était à droite il vous marchait dessus. On lui avait appris à respecter l'humain à sa gauche, mais celui à sa droite ben rien à foutre, on peut l'écraser celui-là... 

Et de là ont découlé tous les petits problèmes que j'ai eu au débourrage, je passe les détails mais cela va du cercle à gauche qui passe comme une lettre à la poste alors qu'à droite ben y a pas moyen de tourner correctement. Le cheval qui suit bien quand on est à sa gauche mais pas à sa droite, le cheval qui ne bouge pas au montoir à gauche mais qui gigote à droite. Et encore aujourd'hui, et malgré le fait que j'en sois consciente, je sais que cette épaule droite sera toujours la base des problèmes de ce cheval.

Et pourtant je suis une psychopathe ! Oui, parce que dès le début je ne lui ai jamais lâché la grappe avec cette épaule, je n'ai jamais laissé passer un seul mouvement la laissant s'échapper ou s'effondrer. Dès qu'il faisait un pas à droite que je ne lui avais pas demandé, il fallait qu'il le fasse dans l'autre sens. Pas un exercice sans que je ne surveille cette épaule comme le lait sur le feu. Chaque pas laissant ce défaut non corrigé aurait encore accentué son déséquilibre. Je lui ai donc appris, à force de patience et de répétition, à ne jamais se laisser entraîner par cette épaule, à toujours se corriger et se rééquilibrer, à chaque pas au début, sur chaque exercice, chaque virage, chaque reculé, chaque déplacement de hanche ou d'épaule et uniquement en main. Ne jamais le laisser faire demi tour en liberté si je ne lui avais pas demandé, ne jamais le laisser venir sur moi sans qu'il respecte une distance de sécurité, même à la fin d'un exercice réussi, ne jamais le laisser prendre une initiative qui irait contre la bonne évolution de son dressage. Ce sont parfois des choses que l'on pense complètement anodines comme laisser le cheval secouer la tête en enlevant son filet, ou laisser le cheval passer un pas devant vous pour rentrer dans son box. Il y a des milliers d'exemples, et chacun de ses détails a une importance capitale pour la suite de l'éducation du jeune cheval. 

Si l'on a laissé passer certaines choses que l'on considérait comme anodines au début, on se rendra rapidement compte (sans forcément faire le rapprochement d'ailleurs) que chacune de ces petites choses finira pas se transformer en problème. L'exemple flagrant du cheval qui ne tient pas une de ses épaules se résume à l'embarquement, un cheval qui s'effondre sur une épaule embarque généralement très mal tout simplement parce qu'il n'est pas droit, et tant que le problème de rectitude n'est pas résolu le cheval n'embarque pas. Alors on utilise comme dernier recours les longes de chaque côté du van pour faire embarquer, cela résume bien le problème, il faut canaliser le cheval sur le côté duquel il s'échappe. Un bon travail en main pour lui apprendre à tenir son épaule et à rester droit suffirait à résoudre cette difficulté, cela veut dire qu'il ne faudrait jamais laisser passer ne serait-ce qu'une once de centimètre de cette épaule en dehors de la ligne de la rectitude, et cela à chaque fois que le cheval travaille ou qu'il est mené en main.

Pourquoi cette sévérité et cette intransigeance me direz vous ? Et bien parce que le cheval, lui, il ne comprend pas le un coup oui, un coup non. Dans le groupe, sa place est définie, il en sort, il prend un coup de pied, il y reste, il a du confort et personne ne l'embête. C'est aussi simple que ça, c'est clair, c'est net, ça le rassure.

A l'inverse l'humain a une fâcheuse tendance à faire n'importe quoi, un coup c'est oui, un coup c'est non, un coup c'est je sais pas t'as qu'à décider toi moi j'en sais foutre rien (j'en connais un certain nombre qui se reconnaîtront à l'abord d'un obstacle ou au moment de choisir si on part à droite ou à gauche...). Résultat, si on a un cheval dominant, il prend le dessus et, même le jour où on a enfin décidé, et ben lui il se dit que c'est lui qui commande donc il en fait qu'à sa tête ; et si on a un cheval plutôt dominé et bien on le rend inquiet, peureux, craintif, trouillard, nerveux et tout ce qu'on veut de vraiment pas cool du tout pour un cheval qui, je le rappelle, est un animal de proie au départ...

Donc, pour gagner du temps, et bien il faut en perdre. Et il faut en perdre un sacré paquet au début, sur tous les petits détails. Le cheval ne bouge pas quand on le prépare, s'il avance d'un pas, on le fait reculer d'un pas, point, pas plus, pas moins, et à CHAQUE fois. Alors oui, c'est fastidieux, ça prend du temps, c'est chiant, ça m'saoule et tout le tralala mais c'est le passage obligé pour avoir un compagnon qui vous estime capable de gérer toutes les situations. Le cheval est un animal grégaire, il a besoin de s'en remettre à quelqu'un pour sa sécurité, et si ce quelqu'un ça n'est pas vous, son cavalier, alors c'est lui et là, c'est le début du prochain drame. 

Ouais, le drame... Vous savez, le fait divers, la balade en forêt qui tourne mal avec le cheval qui prend peur d'un moucheron qui passait par là parce qu'il sait très bien que celui qu'est là-haut sur son dos il sert à rien et puis de toute façon il a jamais compris un traître mot de ce qu'il lui voulait donc bon, on rentre au galop en traversant la nationale, ça sera toujours plus sûr que de se faire dévorer par un moucheron.

Bah ouais, vous trouvez ça con hein ! Ben pourtant c'est exactement le raisonnement de votre cheval. Pas de chef, pas de moucheron, ça fout trop la trouille...

A contrario, le cheval qui a confiance en son cavalier parce que depuis toujours il évolue dans un cadre bien défini duquel il n'a le droit de sortir qu'extrêmement rarement voire jamais va voir un sanglier lui passer devant les pieds et se dire : "tiens, y a des sangliers aujourd'hui ! Pfiou, dis donc j'ai sursauté quand même ! Mon cavalier a l'air de trouver ça sympa les sangliers, j'me demande bien c'qu'il a mangé à midi pour galoper comme ça celui là... D'ailleurs en parlant de ça il me tarde de rentrer parce que mon foin doit m'attendre, en plus je sais que j'aurai une carotte, c'est quand même cool les balades...."

Voilà voilà, alors bon, c'est sûr, faut être un peu psycho-rigide et surtout faut être rigoureux mais n'empêche que ça paye. Au bout de 4 mois de travail mon poulinou se tient dans tous ses virages, à droite comme à gauche, se déplace latéralement des deux côtés, part au galop du pas des deux côtés et monte dans le van. Evidemment, à droite, il a toujours un peu plus de mal quand on attaque une nouveauté, donc quand un exercice devient problématique, je lui rappelle que son souci vient de son épaule droite, je lui explique qu'il doit la tenir mieux que ça, donc pousser plus fort sur son postérieur pour l'alléger et dès qu'il a compris et mis les choses en place, l'exercice passe tout seul. Rien de sorcier, juste la base, la rectitude... et la rigueur



lundi 3 juin 2013

Cher monsieur Papa

Cher monsieur Papa, 

Oui, c'est bien à toi que j'm'exprime. Tu sais, je t'aime beaucoup, t'es très gentil, très poli et même assez beau garçon mais, comme je l'ai déjà dit il y a quelques temps à ta fifille, JE NE SUIS PAS superwoman... J'te jure c'est vrai.

Non, JE NE PEUX PAS, en 6 mois, transformer le jeune cheval de 4 ans, que t'as acheté à ta fifille qui n'avait pas encore son galop 4, en cheval de compétition qui sauterait tous les obstacles sans même les regarder parce que t'en as envie alors que je ne le vois, au mieux, que 4 fois par mois pendant maximum une heure.

Non, JE NE PEUX PAS, par la force de ma pensée, transformer ta fifille en Pénélope Leprévost alors qu'elle ne vient prendre un cours que 2 fois par mois parce qu'à priori elle a souvent catéchisme le mercredi et qu'il n'y a pas moyen qu'elle vienne un autre jour d'après ce que j'ai compris.

Non, JE NE PEUX PAS, rendre les compétitions gratuites malgré le fait, tu le sais bien, que pour l'instant je travaille bénévolement pour que ta fifille et toutes ses copines puissent progresser et pour que le centre équestre soit de plus en plus agréable à vivre/propre/avec du matériel récent/avec des chevaux mieux entretenus/etc. A priori le bénévolat n'appelle pas la gratuité, je te prie pourtant de croire que ça m'aurait vraiment bien arrangée, mais non, non plus.

Non, JE NE PEUX PAS, faire pression sur les organisateurs de concours pour que ta fifille puisse refaire son parcours à la fin de l'épreuve parce que figure toi qu'il y en a beaucoup d'autres qui n'ont pas fini leur parcours parce qu'ils ne sont pas doués ou parce qu'ils ont un cheval pas sympa ou parce qu'ils ont un jeune cheval ou bien pourquoi pas parce qu'aujourd'hui c'était pas leur jour... Figure toi que si tout ce petit monde refaisait son parcours à la fin de l'épreuve le concours il ne durerait pas la journée mais la semaine et, évidemment, tu te doutes bien que c'est pas possible toi qui a si peu de temps à toi parce que tu travailles beaucoup beaucoup. Il paraît que de nos jours, le temps c'est de l'argent... Ça aussi on pourrait en parler d'ailleurs...

Et non, JE NE PEUX PAS, et pourtant j'ai hésité parce que je suis vraiment un peu cruche, te prêter mon manège pour que tu puisses venir faire sauter ta fifille quand tu veux avec son cheval pour que la prochaine fois elle finisse son parcours. Oui, je suis vraiment cruche parce que si je t'avais dit oui, ça aurait voulu dire que le manège que je me fais chier à arroser et à herser amoureusement depuis plus de 8 mois, il peut servir à n'importe qui, n'importe quand et pour n'importe quoi et gratuitement en plus ! Faudrait vraiment être conne pour dire oui... Ça voudrait également dire que n'importe qui peut donc faire mon boulot à ma place parce que c'est vrai, j'ai payé une formation et je me fais chier à lire des livres et à faire des stages alors que ça sert à rien vu que toi, oui toi, tu peux faire exactement pareil que moi sans y connaître foutre rien à part qu'il faut sauter des barres et enchaîner des parcours jusqu'à ce que mort s'en suive. Non, je te le dis, très conne il faudrait être. Sans parler du fait que dans ce cas, il te suffirait de faire construire un manège chez toi et d'acheter un parc d'obstacles, le tour serait joué... Ah, mais non... Ben oui, ça coûte de l'argent hein tout ça ! C'est qu'on l'aurait presque oublié dis donc.


Voilà, en revanche, ce que je peux t'inviter à faire, c'est d'envoyer ta fifille prendre un peu plus de cours, voire même des cours particuliers si ça t'arrange, chez moi ou ailleurs, j'y vois vraiment aucun inconvénient. Tu pourrais aussi mettre ce cheval en pension afin qu'il soit travaillé et sorti tous les jours par quelqu'un qui s'y connaît en jeunes chevaux et qui pourrait lui apprendre tout plein de choses très facilement et tu sais pas quoi ? Le pire c'est que ça irait super vite parce que ce cheval il est vraiment très intelligent. Fin bon, c'est toi qui vois hein... Tu pourrais aussi prendre ton petit camion et emmener ta fifille sur les terrains des autres clubs pour que le cheval voit les endroits dans lesquels il ira en concours régulièrement, ça, ça serait super, bon évidemment ça serait mieux que ce soit moi qui le fasse, mais je préfère que ce soit toi, parce que tu verras que tout ça coûte très cher et prend beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps.

Et oui, du temps et de l'argent... On en revient toujours là

Donc, très cher monsieur papa, j'espère que tu ne m'en voudras pas de t'avoir dit tout ça, ça m'a vraiment fait du bien de te parler à coeur ouvert. J'espère que tu comprendras mon point de vue et que tu prendras les bonnes décisions. Merci en tout cas pour ta franchise, j'aime les gens qui disent ce qu'ils pensent et ce qu'ils ont sur le coeur, les relations sont tellement plus saines lorsque c'est le cas. Je te souhaite de trouver la solution idéale mais je peux d'ores et déjà t'annoncer qu'elle ne sera pas gratuite malheureusement...