AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

jeudi 29 septembre 2011

Pas un sport (suite et fin)

Le doute.

Est-ce que je suis dans le vrai, est-ce que je ne demande pas trop ou mal ?

Pas facile de savoir, de reconnaître.

Est-ce trop difficile, mal abordé, mal préparé, mal demandé, mal compris ?

Est-ce trop dur physiquement, psychologiquement, intellectuellement ?

Est-ce l'inattention, la flemme, une gène physique, le manque d'envie, la lassitude ou tout simplement le "aujourd'hui j'ai vraiment pas envie de travailler..." ?

Alors je vérifie.

Le moral.

Ça n'est pas très facile, il n'est pas expressif, ce n'est pas son truc, bien sûr il aime les câlins, mais seulement quand c'est lui qui les réclame. Il est en forme, il a un physique d'athlète, aucune blessure, aucun traumatisme à priori bien qu'il ait déménagé de nombreuses fois ces derniers temps il a l'air de bien se faire à sa dernière maison, il s'est même fait des copains. Son oeil est serein bien qu'avec toujours ce petit air d'inquiétude qui transparaît quand on l'observe bien, il a toujours été un peu inquiet, du moins depuis que je le connaîs. Je ne sais pas exactement ce qui c'est passé dans sa vie d'avant, je sais qu'il n'a pas été maltraité, mais je sais aussi qu'il a eu à vivre certaines expériences qui ont pu laisser des traces, cette inquiétude perpétuelle en est certainement le résultat...

L'attention.

Il n'est pas trop là ces derniers temps... Préoccupé par des tas de choses que je ne vois pas, pourtant je le vois qui les observe avec ses grands yeux inquiets, toujours prêt à déguerpir à la moindre alerte. Il est dans cet état quand quelque chose ne va pas, généralement c'est une passade après un déménagement, ça arrive quelques semaines, voire quelques mois après son arrivée dans un nouvel environnement. J'avais cru y échapper cette fois, mais je crois bien que c'est ça. Ça y ressemble en tous cas, en moins évident, en moins radical, mais c'est bien là. Que faire...

Le travail.

Evidemment il est préoccupé, alors il se contracte, le moindre oiseau qui s'envole le fait sursauter, les autres qui galopent là-bas l'angoissent, est-ce qu'ils fuient ? On demande quelque chose là-haut mais il n'arrive pas à se concentrer pour répondre correctement, il répond, oui, mais un peu, doucement, comme en sourdine, à travers le filtre des ses propres interrogations. Seulement on ne peut pas se concentrer un peu, ça n'existe pas, ça crée des tensions, des tensions mentales qui se transforment en tensions physiques.


 Le physique.

Oui, peut-être bien une petite contracture au niveau des lombaires à gauche, il ne se déplace pas de manière parfaitement symétrique depuis 2 ou 3 jours. On va faire une petite pause, des étirements, des séances avec un échauffement plus long et une récupération plus importante à la reprise du travail, des massages avec un peu d'huile chauffante pour aider le muscle à se relâcher. Bon, une petite semaine tranquille et ça devrait aller... Physiquement...

Alors quoi ?

Qu'est ce qu'il faut faire ? Le laisser tranquille jusqu'à ce que ça passe ? Continuer et faire comme si de rien n'était ? J'ai déjà essayé tout ça, mais pas moyen de savoir si c'est efficace... Evidemment ça finit par passer, mais pas moyen de savoir pourquoi ni comment. Est ce parce que je lui ai laissé le temps ? Est ce parce qu'il a compris comment fonctionner de nouveau ? Était-ce bien une crise, ou était-ce un cap difficile à passer dans son travail ? Un blocage physique ou intellectuel dû à la difficulté d'appréhender et d'assimiler un nouvel exercice plus complexe, plus technique et plus exigeant physiquement.

Est-ce que j'ai bien fait ?

Si c'est une étape, un cap, il faut le passer, il faut qu'il comprenne, il faut qu'il s'emploie plus fort et plus longtemps. Parfois, pour ça, il faut demander plus fort, parce qu'il ne veut pas, ou plus certainement parce qu'il ne se rend pas compte qu'il peut faire plus et mieux. Il croit qu'il est au bout, mais non, il peut plus, je le sais, il a tout pour y arriver : les bases, le physique, le mental froid et appliqué de l'Allemand. Alors je ne sais pas, certains jours je m'obstine à obtenir de lui ne serait-ce qu'un millimètre de plus, pour qu'il comprenne qu'il peut et qu'il doit le faire, qu'il est à deux pas d'y arriver...

Mais est-ce la bonne solution, est-ce le bon moment ? Si c'était trop dur ? Alors après une grosse séance je vérifie.

Son oeil : toujours confiant quand il me regarde mais il a l'air un peu interloqué, un peu fatigué d'avoir autant de mal à comprendre alors que tout lui paraissait si simple il y a quelques jours.

Son physique : ses muscles, est ce qu'ils sont souples et relâchés après la séance ? Ses pieds, ses jambes, il a donné beaucoup, on va doucher et mettre les bandes de repos pour soutenir et soulager un peu ses tendons. Je scrute le moindre de ses mouvements pour détecter une gène ou une contraction.

On a fait une grosse séance aujourd'hui, demain on ira faire une balade.

Il est toujours aussi joyeux lorsque je lui propose quelques brins d'herbes avant de rentrer au box, il s'en donne à coeur joie en descendant même dans le fossé, l'herbe doit y être meilleure...

Le box et l'odeur du foin sous l'abreuvoir, sous l'abreuvoir parce qu'il adore tremper son foin dans l'eau avant de le manger, ça me convient, moins de poussière dans les bronches comme ça. La paille fraîche, la mangeoire remplie de grain, j'y rajoute les carottes qu'il ne manque pas de réclamer si ça ne vient pas assez vite et le bruit de la paille qu'il retourne en bougeant, du grain qui craque entre ses dents...

Alors est-ce que j'ai bien fait ? Je n'en sais rien. Je me contente de l'espérer, j'essaie de remettre tout ça en question régulièrement mais le doute reste là, il faut l'accepter.

La récompense, parce qu'il y en a une, c'est le jour où tout se remet en place, le jour où tout paraît facile, évident, fluide, parfait...

Ce jour là je me dis que ça y est, il a compris. A t'il compris parce que j'étais dans le vrai ? A t'il compris à force d'essayer ? Aurait-il compris plus vite si j'avais mieux demandé ? Demandé différemment ? Malheureusement je n'aurai jamais la réponse à ces questions, le doute, toujours le doute.

Mais c'est aussi ce doute qui permet d'avancer, de progresser, de trouver d'autres solutions, d'autres questions, d'autres satisfactions...



Voilà, en effet l'équitation n'est pas un sport, l'équitation est loin de n'être qu'un sport, c'est aussi un art, une relation, une passion, une philosophie, une science, et tout le reste.



jeudi 22 septembre 2011

Y a vraiment des parents sympa


Il y a une semaine j'avais la petite J'ai vraiment du mal à me concentrer sur autre chose que sur maman qui venait pour son premier cours ; pour plus de facilité nous l'appellerons JSM (Jamais Sans Mamaman). 
Oui, bon, je sais c'est pas très heureux comme diminutif mais c'est comme ça, tant pis.

JSM arrive donc avec sa maman mercredi dernier avec un petit peu de retard et une copine, maman a l'air de s'y connaître un peu et elle l'aide donc à seller son poney ce pourquoi je la bénis intérieurement. Cependant, je ne peux m'empêcher de remarquer que cette petite a un je ne sais quoi de vraiment très très hérissant : lorsque je lui parle elle ne me regarde pas, et surtout elle répond en me racontant un truc qui n'a strictement rien à voir avec ce que je suis en train de lui expliquer...

Genre : "- Alors tu vois, tu prends la brosse comme ça et tu fais des ronds en appuyant très fort pour gratter le dos du poney parce qu'il adore ça.
                 - Maman m'a mis un pantalon avec des fleurs aujourd'hui..."

Euh... Comment te dire...

Bon, je ne me démonte pas, parfois c'est la première phrase qui leur passe par la tête au début quand il ne savent pas trop comment réagir à mon contact (un genre de PPCS). Je recommence en me mettant bien en face d'elle et surtout en la mettant face à moi :

              "- JSM, tu m'écoutes ? Regarde, je vais te montrer comment on fait... Tu vois on..."

Et là, elle est déjà partie à attraper le tapis pour lui mettre sur le dos alors que nous en étions à l'étape brossage. La maman est là depuis le début et n'arrête pas de lui dire de faire un peu attention à ce que lui dit "La Monitrice".

Bon, même méthode qu'avec un jeune cheval : on ne laisse rien passer... et on explique.

               "- Non non non, on ne met pas le tapis sur le dos du cheval si on n'a pas fini de le brosser, sinon la terre qu'il a dans les poils va lui faire mal au dos. On recommence, toi tu brosses là et moi je fais le reste avec maman.
                 - Ma copine elle va pas monter sur le poney, y a que moi qui vais monter sur le poney (et elle passe juste derrière les fesses du poney 3 fois alors qu'on lui a expliqué de ne pas le faire et pourquoi. Je la récupère au vol...)
                 - Eh alors, qu'est ce qu'on a dit avec les fesses du poney, est ce qu'on passe juste derrière comme ça ?
                 - Non, c'est comme ça qu'on brosse ? (En faisant semblant de brosser le poney...)
                 - Pourquoi on passe pas derrière le poney comme ça ?
                 - Mon poney il aime pas qu'on le brosse je crois

Ouais ouais, toi t'es super maline et t'essaie de m'arnaquer, pour cette fois t'as à moitié gagné parce que j'ai pas toute la journée mais t'inquiètes, j't'ai à l'oeil.

                 - Bon, ok, pour cette fois c'est moi qui vais préparer ton poney parce qu'on est un peu en retard, mais la prochaine fois c'est toi qui le fera et sans passer derrière ses fesses d'accord ? On ne passe pas derrière ses fesses parce que si il ne te voit pas il peut te faire mal en bougeant donc on passe devant le poney ou trèèèèès loin derrière, d'accord ?" (Notez l'accent et l'élocution débile que je prends en parlant aux enfants de moins de 8 ans)

Et là elle était déjà repartie en courant vers sa copine... Bon, ça s'annonce pas très simple la leçon...

J'aide les autres à finir de préparer leur poney pendant que la maman continue de préparer celui de JSM et nous voilà prêts à partir.

"- Allez, tout le monde est prêt ??
  - Oui !!! (En coeur s'il vous plaît)
  - Tout le monde à son casque sur la tête ??
  - Oui !!!
  - Bon ok, alors on détache son poney, on passe les rênes par dessus la tête du poney et on y va !"

Bon, tout le monde sait déjà faire tout ça ou à peu près sauf JSM, je l'emmène avec moi et je lui dis : 

"- Allez, montre moi comment on fait pour emmener son poney

Là elle attrape le premier truc qui pendouille et la voilà partie. Le pauvre poney essaie de suivre alors qu'il est encore attaché au mur (Sont vraiment trop mignons ces poneys).

 - Heu, tu crois que tu vas réussir à l'emmener alors qu'il est encore accroché au mur ton poney ? Regarde, je te montres comment on le détache...

La voilà en train d'essayer de décrocher l'anneau du mur... 

 - Hem, bon... JSM arrête, je pense que tu ne vas pas y arriver comme ça, on détache le poney à cet endroit, on défait la grosse boucle du licol qu'il a autour du cou, donne moi tes mains on va le faire toutes les deux."

Elle ne cherche même pas à comprendre et tire sur le premier truc venu dans la zone du cou du poney...

Bon, je vous passe tous les détails pour en arriver au moment où on est enfin arrivées dans la carrière. J'aide tout le monde à monter sur son poney et j'arrive à JSM.

"- Bon, première chose, on va lui passer les rênes par dessus la tête pour pouvoir les tenir quand on sera sur le poney d'accord

Pas de réaction. Bon, c'est presque mieux.

 - Alors regarde, tu lui passes par dessus les oreilles comme ça (je lui fais faire pendant qu'elle regarde maman à peu près toutes les 2 secondes).
Ensuite on va monter sur le poney, tu sais comment on fait ?

Là elle attrape l'étrier et le tire (pour monter en rappel ?) mais ça ne marche pas...

- Bon, regarde, tu te mets comme ça contre le poney en regardant ses fesses d'accord ? Ensuite tu attrapes l'étrier (je lui fais faire les gestes en même temps) avec ta main et tu mets ce pied dedans, après tu lâches l'étrier et tu attrapes la selle pour t'aider à monter, tu pousses sur le pied... et voilà, t'es sur le poney, presque toute seule comme une grande !

Ouah, elle a regardé maman que 10 fois en 1 minute ! C'est mieux non ? 

Allez, tout le monde se met en reprise les uns derrière les autres, j'en mets un qui tient un peu la route devant, sachant que ce sont des débutants, ça aide d'en avoir un qui se débrouille pas trop mal pour éviter que les poneys partent dans tous les sens. Quand le premier gère, généralement les autres suivent à peu près. Disons que c'est moins galère quoi...

J'ai expliqué à JSM comment tenir ses rênes, et comment les reprendre si elle les perdait, chose vitale car les débutants passent leur temps à lâcher leurs rênes, il faut donc tout de suite leur apprendre à les récupérer sans s'enrouler dedans... Bon j'exagère un peu mais parfois ce n'est pas très loin de la vérité !

Nous voilà partis en reprise, on fait un tour de carrière, on repasse devant l'entrée et là.... C'est le drame.

"- Raccourci tes rênes ma chérie
  - Hem, bon, allez, vous allez prendre les 2 rênes dans la main de mon côté et vous allez me montrer le cou du poney avec l'autre main."

Tout le monde s'exécute en se trompant allègrement de main sauf JSM qui regarde maman...

"- Ok, on reprend les rênes normalement et vous allez me montrer la main qui est de mon côté !"

Alors là on a de tout, ceux qui lèvent la bonne main en tenant la rêne, ceux qui prennent soin de mettre la rêne dans l'autre main avant de lever la bonne ou la mauvaise d'ailleurs, ceux qui lâchent la rêne et lèvent la main... Et celle qui regarde maman...

"- Allez ma chérie, lève la main"

"- Hem bon... Alors, (dans l'ordre) d'abord tout le monde me regarde, ensuite la main qui est de mon côté c'est la main droite, montre leur Chouchou."

Chouchou c'est celle ou celui qui fait tout ce qu'on lui demande et qui est super attentive et que je mets devant parce qu'elle/il me sauve la mise très souvent quand j'ai des récalcitrants à toutes mes astuces. 

"- Allez, vous regardez Chouchou et vous faites comme elle ! 
Ok, maintenant, attention, il ne faut pas lâcher la rêne, soit on la garde dans la main, soit on la met dans l'autre main, d'accord ? Super, très bien. Allez JSM, montre moi comment tu fais."

Là elle regarde maman...

"-Vas-y ma chérie, lève la main droite."

J'attends quand même 2 secondes mais toujours pas de réaction... Bon, ça y est, ça m'énerve.

"-Bon, JSM il faut que tu me regardes d'accord, si tu regardes maman tout le temps tu n'arriveras pas à faire les exercices et tu ne pourras pas diriger ton poney, tu comprends ?" 

Hein maman, tu comprends qu'il faut que t'arrêtes de parler à ta fille en même temps que moi ? Tu comprends ?????

"- Allez, (je me rapproche d'elle) regarde, maintenant tu te tournes vers moi et tu fais comme ça, je lui remontre (pour la 5ème fois) comment tenir ses rênes, ensuite quand tu veux tourner tu écartes la main du côté où tu veux tourner d'accord ?"

Là elle écarte la main pour me montrer qu'elle a compris

"- Comme ça ?
 - Oui, comme ça, c'est très bien. Maintenant il faudra que tu le fasses pour venir vers moi quand je t'appellerai pour venir au milieu. On va le faire chacun son tour d'accord ? 
Allez, j'appèèèèèlle... le dernier de la file !

Choix très stratégique, je sais que personne ne peut le suivre lui au moins, il ne va pas mettre le bazar dans la file. Il arrive vers moi, s'arrête.

 - Très bien ! Tu caresses Caramel parce qu'il a bien écouté et tu va reprendres ta place. Ok, super !
Maintenant j'appèèèèèèlle...JSM !"

Bon ! Ouf, elle a à peu près compris et commence à écouter, on fini la reprise tant bien que mal avec quelques rechutes de Maman mais bon, Paris ne s'est pas faite en un jour il paraît...


Après le cours, une des mamans ou plutôt grand-maman pour le coup me fait une réflexion :

"- Dites donc, c'est que ça ne doit vraiment pas être facile tous les jours avec certains parents hein ?...
 - Ah vous croyez ? Non, non, ça va..."

La fille qui fait semblant de ne pas avoir compris vous voyez ?...

Et là, cette semaine revoilà JSM et sa maman qui arrivent en avance. Maman vient me voir et me dit :

"- Bon, j'vous la laisse hein... 

Avec un regard de maman qui prend ses responsabilités pour le bonheur et le bien de son enfant. ( Trop mignonne, elle m'a vraiment attendrie...)

 - Oui, ne vous inquiétez pas, je vais m'en occuper, y a pas de problème
 - Vous comprenez c'est la première fois que je la laisse... (Vraiment trop mignonne)
 - Aucun souci, je vais en prendre soin, promis

Un dernier regard à sa fille, une dernière explication :

 - Je t'ai dit que j'avais une excuse bidon pour te laisser toute seule ici et que tu écoutes un peu mieux pour ton bien. Je reviens dès que je ne pourrai plus tenir si loin de toi ma chérie, allez, à tout à l'heure, bisou."

J'ai pas vu les larmes, mais à mon avis elles n'étaient pas très loin...

Alors voilà, je profite de cette anecdote pour dire merci à cette maman trop mignonne qui a pris sur elle pour le bien de sa fille et aussi de Moi.  Et j'en profite pour dire à toutes les autres mamans comme elle que le cours c'est vraiment très bien passé.

JSM a brossé son poney presque toute seule, elle est allé chercher toutes ses affaires dans la sellerie, a fait tout ce que ces petits bras lui permettaient de faire toute seule, a posé des questions quand elle ne comprenait pas et a demandé de l'aide quand elle n'y arrivait pas. 
Une fois à cheval elle a réussi à diriger son poney et même à faire un petit peu de trot sans avoir peur. A la fin elle a ramené son poney toute seule et devant tout le monde à l'écurie et elle est allé le lâcher presque toute seule comme une grande dans son pré.

Voilou, vous pouvez leur faire confiance, vous les avez bien préparés :)

Pas un sport (suite)


Ça y est, notre poulinière va mettre bas, c'est le moment fatidique !

On arrive au terme de la gestation, notre éleveur ne dort plus ou alors il dort dans l'écurie pour être sûr de ne rien rater. Et oui, les juments préfèrent pouliner la nuit, c'est comme ça... Tout le monde est aux aguets, à la recherche de petits signes avant-coureurs, un peu de cire sur les mamelles, bon, c'est pour bientôt.


Et enfin le moment arrive, le poulain est prêt à sortir, le travail commence. Le plus souvent, tout se passe vite et bien mais parfois il y a des complications et il faut appeler le vétérinaire. Chacune des étapes comporte des risques, les éleveurs font face à de nombreuses difficultés tout au long de l'année mais lorsque les poulains arrivent c'est la plus belle récompense qu'ils puissent espérer. C'est le résultat de toutes les heures passées à soigner et veiller leurs juments, le résultat de tous les espoirs mis dans le choix des reproducteurs, c'est le début de l'aventure, devant leurs yeux vient peut-être de naître un futur champion.



Et voilà, plus que trois ans avant de pouvoir commencer le "débourrage" de ce poulain. En attendant il va faire l'objet de l'attention de son éleveur, il sera observé jour après jour : ses premiers pas, la première tétée, les premiers ébats dans les pré, les grandes jambes qui s'emmêlent, l'encolure trop courte pour atteindre l'herbe alors qu'on aimerait bien faire comme maman... 

Ensuite, l'étape du sevrage à partir de 6 mois, la socialisation, les bêtises, les petits bobos, la découverte de la relation à l'Humain : les caresses, le pansage, le licol, l'heure de la ration, le vilain vétérinaire qui touche partout et qui fait des piqûres ou le gentil parfois qui prend son temps et fait plein de caresses ; les copains dans le pré, les grands qui veulent pas jouer, leur langage particulier (oreilles couchées et encolure basse = ne surtout pas insister...), l'intégration dans le groupe, la compréhension et l'imitation du langage des grands, les mouches qui l'embêtent alors que sa queue n'est pas encore assez longue pour les chasser, la découverte du gel et de la neige l'hiver, le premier parage du maréchal, les présentations en main où il faut se concentrer alors qu'il y a plein de gens et d'autres chevaux partout autour et tout le reste...

C'est pas facile tous les jours d'être un poulain !

Et puis un jour les choses sérieuses commencent, notre poulain a 3 ans, c'est l'heure qu'il commence à apprendre son métier. Il a peut être déjà changé de maison une ou deux fois au fur et à mesure des coups de coeur de ses propriétaires successifs. Dans ses différentes maisons il s'est fait de nouveaux copains, il a rencontré de nouveaux humains et il a déjà bien entamé sa phase d'apprentissage. Espérons qu'aucune mauvaise expérience ne lui soit déjà arrivée.

mardi 20 septembre 2011

Pas un sport (Première partie)


"Mais c'est pas du sport l'équitation, c'est l'cheval qui fait tout !"

Ça vous rappelle vaguement quelque chose non ?

Bon ben alors c'est quoi l'équitation, si c'est pas un sport ? Et puis d'abord ça veut dire quoi "Equitation" ? 

Et bien ça viendrait du latin equitare qui veut dire "aller à cheval", cependant ce terme est légèrement réducteur d'après moi. En effet, avant "d'aller à cheval" il faut bien faire naître ce cheval, l'apprivoiser et l'éduquer. Ne monte pas sur un cheval qui veut ! 

Nous voilà donc à la base du problème, première chose à faire : parcourir la campagne à la recherche d'un équidé qui nous conviendrait ; allons donc chez un éleveur, nous y trouverons certainement notre bonheur...

Un éleveur ? Ah, ça se complique, depuis quand a t'on besoin d'un éleveur pour pratiquer un sport, comme s'il y avait des éleveurs de ballons de foot ou de balles de tennis (En même temps, ça me ferait mal au coeur étant donné le sort qui leur est réservé)... 

Nous voilà donc chez notre éleveur qui nous explique qu'il a sélectionné les meilleurs reproducteurs et les meilleures mères selon leurs origines, leurs aptitudes, leur physique et leur mental en fonction des qualités recherchées. Cela fait des années qu'il recherche les meilleurs croisements, pour cela il a bénéficié des résultats de la recherche sur la génétique, de l'expérience des Haras Nationaux en terme de reproduction, il s'est documenté en France mais aussi à l'étranger, il a investi beaucoup et surtout il s'est beaucoup investi. 

Du jour de l'insémination (pour ne citer qu'une technique de reproduction parmi tant d'autres) au poulinage  il s'est passé presque un an. Il a fallu surveiller les juments régulièrement, continuer de les travailler afin qu'elles restent en état, leur apporter les compléments alimentaires nécessaires, faire faire les échographies, les rappels de vaccins et tous les autres soins dont un cheval a besoin. Pendant la première partie de cette période d'aucunes n'auront pas pris (pas de fécondation) et il faudra tout recommencer : surveillance, insémination, vérification... Tout cela coûte extrêmement cher. D'autres perdront l'embryon en cours de route, ça arrive : il faudra attendre l'année prochaine pour recommencer : une année de perdue... Imaginez la déception de perdre un poulain alors qu'on a mis tellement de temps à sélectionner le bon étalon pour sa poulinière, j'imagine aisément les discussion à la maison :

"J'ai choisi cet étalon, il tourne en coupe du monde de saut d'obstacle en ce moment... Il sera parfait pour elle qui a déjà de vraies aptitudes à l'obstacle. Elle a du courage, elle est guerrière, il va lui apporter de la force et du cadre. Le poulain sera un crack, c'est sûr !"

Oui, car les éleveurs sont des passionnés, ils élèvent des champions chacun dans leur domaine. Alors évidemment il y a ceux qui vont courir très vite ou sauter très haut, il y a ceux qui seront sélectionnés pour la qualité de leurs allures, leur brillant, d'autres pour leur endurance, leur force et d'autres pour rien de tout ça, juste pour leur très bon mental, il seront gentils, doux, patients et c'est à ces derniers que vous confierez vos enfants le jour fatidique où ils vous demanderont de "faire du poney".

Mais attention, nous ne sommes qu'au tout début de l'histoire, notre poulain n'est pas encore né...










vendredi 16 septembre 2011

Déclaration d'amour


Bon, vu que je me suis fais un peu mal, j'ai gagné une petite journée de repos, j'en profite donc pour vous faire partager mon amour du travail bien fait. J'ai eu la chance en arrivant dans ma nouvelle région et après quelques déboires tout de même, de tomber, vraiment par hasard, sur un excellent Maréchal Ferrant. 

Alors je ne saurais vous dire pourquoi, mais j'ai une immense admiration pour lui (et tous ceux qui font leur travail avec autant d'amour et d'implication que lui). Alors bon, oui, il est pas moche hein, il est assez bien foutu bien que pas vraiment mon type mais surtout, il est amoureux des pieds de mon cheval (comme moi ! hahaha ). 

C'est peut être idiot de le dire comme ça, mais c'est vraiment ce qui transpire de lui quand je le vois plié en 4 en train d'observer les aplombs de mon loulou, en train de se demander comment il peut faire pour lui apporter plus de confort, pour que son pied pousse mieux, qu'il s'abîme moins et moins vite, quelle taille de fer il va pouvoir lui mettre... Il est toujours à l'écoute de ce que je peux lui raconter, à la recherche d'un indice :

"- il se déplace très bien en ce moment" : alors là il est content, tout va bien

"- il trébuche un peu ces derniers temps" : là je vois son regard se focaliser sur quelque chose que je ne vois pas, très loin, alors qu'il continue à discuter comme si de rien n'était, je sais qu'il est en train de se dire qu'il va peut-être arrondir un peu plus la pince du fer pour aider le pied à basculer ou quelque chose comme ça. C'est inconscient, il ne s'en rend même pas compte, mais je le sais, ça se voit et ça se sent...

Alors évidemment, parfois il n'a pas trop le moral parce qu'il y a des gens qui ne comprennent pas, qui ne LE comprennent pas. Ce métier n'est pas qu'un gagne pain, c'est un sacerdoce, c'est un art et quand il se rend compte que la seule chose qu'on lui demande c'est de ferrer vite, pour le plus longtemps possible et le moins cher possible il ne comprend pas. Il ne comprend pas et moi non plus.

Un Maréchal Ferrant c'est un artisan, ce n'est pas une machine, essayez donc de faire ferrer votre cheval par une machine et ensuite faites le marcher pour voir... Vous voyez ce que je veux dire ? 

Petit indice :
Allez donc essayer de planter un clou en ne touchant aucune des parties colorées


Il faut voir marcher l'animal, le voir se déplacer, regarder ses aplombs, étudier ses membres en mouvement pour déterminer la meilleure manière de le "chausser". Alors ça ne se voit pas, mais lorsque mon Maréchal va chercher son "patient" dans son box et qu'il l'emmène au ferrage, l'air de rien, sur ces quelques mètres, il a tout vu, il a observé sans en avoir l'air : le bruit des fers sur le sol, leur usure , la pousse du sabot, les marques éventuelles, les petites atteintes à la couronne... Et s'il a un doute, l'air de rien il refait un petit tour ou un demi-tour pour jeter un oeil, on ne sait jamais. Il n'est pas rare qu'en passant il fasse observer que tel cheval a une petite atteinte à tel endroit, tiens ?... personne ne s'en était rendu compte.

Son oeil a tout vu et il a tout transmit à son cerveau, tout ça n'est pratiquement pas passé par la case Conscience tellement cela devient évident, et voilà qu'il se met au travail ; et on a qu'une envie, c'est de rester là à regarder, comme hypnotisé par un ballet incessant d'outils, de bruits, d'odeurs. Tout cela virevolte et s'enchaîne comme une partition jouée des centaines de fois, chaque geste est précis et d'une finesse extraordinaire comparée à la taille impressionnante des mains et des bras de l'artiste. Le dévidoir, la tricoise, la rénette, la mailloche, le fer qui rougeoie dans la forge et qui sera bientôt frappé contre l'enclume pour adapter parfaitement sa forme, la fumée et l'odeur qui se dégage au contact du fer chaud avec la corne, le crépitement des fers brûlants plongés dans l'eau, le bruit des clous qui s'enfoncent et, petit à petit, le pied qui se transforme. Il devient propre, net, confortable, adapté à l'activité du cheval, parfait.

Je suis toujours admirative de la subtilité qu'il met à nous servir le cliché du rugbyman  basque rustique et mal dégrossi alors qu'il est en train de sculpter amoureusement la forme parfaite pour le pied du cheval qu'il a entre les mains. 

Voilà, alors quand on l'appelle et qu'on lui demande de faire vite et le moins cher possible, il répond que "on" ne s'est pas adressé à la bonne personne, et il a raison...

Pour le plaisir :

Voilà l'artiste au travail













Et voilà le résultat à peine 20 minutes plus tard :


Bien dans ses pieds et décontracté




Merci à JJ pour les photos et surtout merci à toi N. bon courage et surtout félicitations pour tu sais quoi :)

jeudi 15 septembre 2011

Re-chute

Tout d'abord je tiens à préciser qu'il est extrêmement rare que je tombe de cheval, je dirais même mieux, je tiens vraiment très bien à cheval donc si je tombe, c'est soit que je suis très fatiguée et que je me suis endormie, soit que 99% des cavaliers tomberaient (sans me vanter hein). 

Tout ça pour vous dire que ça y est, je jette l'éponge ! Ça fait juste la troisième fois que je me tôle lamentablement à cause d'un poney (environ 1,40m à tout casser) que je m'évertue à débourrer alors qu'il va sans aucun doute passer le reste de sa vie dans un pré vu qu'il est handicapé physique et surtout mental.





Ce poney a 6 ans, il a perdu sa maman à 3 mois si j'ai bien tout compris, il n'a donc pas eu l'éducation "normale" d'un équidé. Pendant leurs premières années, les poulains au contact de leur mère apprennent de nombreuses choses, entre-autre ils apprennent à distinguer les dangers et les bonnes choses, ils apprennent à se maîtriser et à se contrôler face aux éléments extérieurs... Ils se sociabilisent, affirment leur personnalité au contact des autres poulains de leur âge, jouent, apprennent à devenir indépendants petit à petit jusqu'au sevrage. Ensuite et jusqu'à 3 ans ils grandissent dans des pâtures bien grasses où on essaie de prendre le temps de les habituer à l'Homme progressivement. 



Ce poney là n'a pas eu cette chance et je me demande également s'il a été du coup bien nourri car sa croissance s'est arrêtée très tôt, il est vraiment beaucoup plus petit que ses congénères et que son père que j'ai sous les yeux tous les jours. Il a à priori été élevé au biberon, fait concernant lequel je reste dubitative étant donné que les poulains élevés au biberons sont généralement extrêmement collants, irrespectueux et proches de l'Homme, tout ce qu'il n'est pas en somme. Alors j'imagine qu'il a été nourri au biberon très brièvement puis qu'il a été sevré rapidement et remis au pré où on l'a "laissé" grandir.

Comme si cela ne suffisait pas il a fallu que ce même poulain à qui la mère n'avait rien pu apprendre aille s'enrouler le postérieur droit dans un fil (barbelé ?) et se blesse : 2ème traumatisme... Le premier aurait bien suffit à lui tout seul mais bon. Il a donc été soigné (?) on ne sait pas comment puisqu'à moitié sauvage j'imagine, puis de nouveau "abandonné" le temps que la blessure cicatrise bien. Mouais...

J'imagine qu'il devait avoir mal dans son pré tout seul puisqu'il a tellement compensé qu'il s'est abîmé l'autre postérieur duquel il boîte de plus en plus souvent au fur et à mesure que le travail avance. Du coup, ce postérieur gauche est déformé par les molettes (voir photo) du fait de la trop grande sollicitation qu'il a subit, à moins qu'il se soit blessé encore une fois sans que personne n'en ait rien su vu qu'il était au pré pendant environ 6 ans...



Normal


Normal à gauche, grosses molettes à droite 


Voilà donc dans quelles conditions le débourrage de ce poney à commencé, j'aurais donc dû me douter que c'était mal barré... D'autant plus qu'à priori il aurait été confié à des stagiaires je ne sais quand ce qui n'a certainement pas dû arranger les choses. Il faut savoir que la moindre mauvaise expérience sur ce type d'animal a des répercussions sur toute sa vie future, je pense que le monstre est apparu à ce moment là, et le problème, c'est qu'il ne l'a plus jamais quitté, il est toujours là, dans un coin de son cerveau. Et si vous voulez mon avis, il sera là tout au long de sa vie...

Voilà pourquoi je dis qu'il restera handicapé à vie d'une manière ou d'une autre. Dans le meilleur du meilleur des cas le monstre finira par s'estomper ce qui serait vraiment vraiment très bien ; mais la douleur physique, ou du moins le souvenir de la douleur physique qui le fait boiter ne disparaîtra à mon avis malheureusement jamais, c'est pourquoi je vous le dis aujourd'hui solennellement : j'abandonne.

Les raisons :

La lassitude : je suis patiente, persévérante comme l'a si bien dit mon médecin traitant tout à l'heure (parce que oui, cette fois, je me suis vraiment fait mal), je n'aime pas lâcher l'affaire et ça serait le mien ce serait différent, cependant je ne suis pas suicidaire.

Les responsabilités : je fais quoi moi, de mes clients, de mon cheval, de moi, si j'ai un bras ou une jambe dans le plâtre, voire pire, alors que mon homme part en mission pendant 3 mois ???

La peur : en effet, et pourtant je ne suis pas une trouillarde, mais au bout de 3 bonnes pelles, je commence à me dire que ça devient dangereux de risquer sa vie pour un poney qui restera handicapé quoi qu'on fasse. J'ai quand même d'autres clients, des cours à assurer, mon cheval à travailler, bref, se foutre la trouille au bout de 20 ans de pratique alors que j'ai jamais eu peur d'un cheval de ma vie ça me tente moyen...

Financières : je suis loin d'être payée assez cher pour me permettre de me faire mal au boulot.

Voilà.

mardi 13 septembre 2011

Ça vous dirait pas d'arroser ??

Vous aimez ça vous, respirer de la poussière à longueur de journée ?


Imaginez vous dans un vieux grenier sans fenêtre dans lequel vous passeriez le balais, non, pire, dans lequel quelqu'un passerait le balais pendant que vous seriez coincé là sans pouvoir sortir... Un vieux grenier avec de la poussière genre 2cm d'épaisseur hein, pas le grenier de M Propre. Eh ben c'est exactement ce que vit votre cheval quand on balaie son écurie sans arroser.






Suffit qu'en plus il vive dans un box dont la litière soit composée de paille bien poussiéreuse comme cela arrive bien souvent et qu'en plus, la personne qui balaie les écuries décide de catapulter tout son "butin" (vous savez, le tas de poussière/paille/terre qu'elle pousse avec son balais depuis l'entrée de l'écurie) dans son box au moment où il mange son foin bien sec et bien poussiéreux lui aussi...


Vous voyez de quoi je parle ?


Sachant que votre loulou inspire 4L d'air à chaque respiration au repos vous imaginez l'état de ses poumons au bout d'une année de ce traitement, franchement ça craint.


Et je ne vous ai pas encore parlé de la carrière qu'on n'arrose jamais alors qu'on demande à nos chevaux de travailler le nez en bas parce que c'est bon pour leur dos ! Ben oui, c'est bon pour leur dos, ça c'est évident, mais sans système d'arrosage allez plutôt travailler dans un pré du coin, votre cheval vous dira merci et en plus ça lui changera les idées.


Alors je sais que les palefreniers n'ont pas que ça à faire, que leur travail est difficile, je le sais puisque je le fais ou je l'ai fait de nombreuses fois avec eux mais s'il vous plaît, si vous passez dans une écurie et que vous voyez quelqu'un balayer, prenez un arrosoir et arrosez avant son passage. Ça ne coûte pas grand chose, ça prend à peine 1 minute de plus et pourtant ça peut éviter à vos chevaux de devenir emphysémateux.






Merci pour eux...


PS : Quelques astuces pour améliorer l'hygiène dans l'écurie.

Petit tour par chez moi





vendredi 9 septembre 2011

Remonter tout de suite avez-vous dit ? Qu'à cela ne tienne !



Bon alors voilà, aujourd'hui c'était le jour fatidique avec mon poney traumatisé...


Et comme il fallait rééquilibrer les forces de l'univers (rapport au super poulinou gentil de la dernière fois), ben... ce ne fut pas de la tarte !


Tout allait plutôt bien pourtant : 


-longe : ok (après quelques déboires quand même, une cervicale, un bras qui a pris 2 cm et les doigts brulés...)
-filet : ok (sans problème, vive les poneys, même quand ça lève la tête c'est plus petit que moi )
-selle : ok (serre un peu les fesses au sanglage mais ça va passer)
-montoir : ok ?! Ouais, bizarre mais bon, pourquoi pas (attention, on passe pas encore la jambe hein, c'est juste monter descendre sur l'étrier, faut pas déconner non plus !)


Bon, ben on va commencer les choses sérieuses avec Gisèle qui tient la longe pendant que je monte dessus.


Donc le but c'est que Gisèle tienne le poney pendant que je monte dessus et qu'ensuite elle tienne la longe pendant qu'il apprend à se déplacer avec un cavalier sur le dos.


Ah oui, j'ai oublié de préciser une chose qui sera très utile par la suite, les équidés font une distinction entre la droite et la gauche. Ben comme nous me direz vous ! 
Ben non, en fait, pas tout à fait, rapport au positionnement de leurs yeux : 


Petit schéma qui va bien

Donc, pour faire court, c'est pas parce que notre ami a vu un truc avec son oeil gauche et qu'il l'a accepté comme étant inoffensif que ce sera pareil de l'autre côté, ce sera d'ailleurs souvent pas du tout pareil de l'autre côté.

Il faut donc TOUT expliquer 2 fois, une fois pour l'oeil gauche et une fois pour l'oeil droit... Ouais, je sais, c'est relou mais c'est comme ça, et surtout faut pas croire que c'est du flan et qu'on est plus malin que tout le monde. 

Vieux proverbe d'un ami charentais : " Qui fait le malin, va pas loin" 
C'est un peu con con mais c'est pas loin de la vérité...

Donc nous voilà parties avec Gisèle pour débourrer notre poney, si vous êtes observateurs vous aurez remarqué que la partie qui se trouve sur de dos de notre poney est une zone aveugle, super bien foutu la nature, merci beaucoup ! 

Du coup forcément, le poney qui nous voit monter sur son dos, une fois qu'on est dessus ben... il nous voit plus... et ça a tendance à l'inquiéter un tout petit peu, surtout quand il nous voit réapparaître de l'autre côté quand un morceau de notre anatomie se met à dépasser... 

Vous voyez le topo ??

Nous voilà donc avec notre poney traumatisé de la vie qu'on a réussi à détraumatiser un tout petit peu jusqu'à maintenant ; le problème, c'est que l'histoire du cavalier invisible sur son dos a un potentiel anxiogène un chouille super méga énorme...

Alors :

A gauche :

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : ok

A droite

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : super la trouille, il a vu la bombe dépasser de l'autre côté... du coup parti comme une bombe tout droit et moi j'ai sauté vite vite vite

Ah... ben ouais... on avait pas pensé à ça, j'avais pas la bombe sur la tête les autres fois vu que j'avais pas dans l'idée de monter dessus.

C'est reparti, désensibilisation à la bombe, je l'enlève et je la tiens bien haut devant lui, sur le côté, à droite à gauche et derrière, par dessus son encolure (genre la tête du cavalier qui est à gauche et qui apparaît à droite vous suivez ?)

Allez, on recommence :

A droite :

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : ok

Pendant que je suis à moitié dessus, Gisèle lui fait tourner sa tête des 2 côtés pour qu'il puisse me voir avec ses 2 yeux et peut-être, si on a de la chance, son cerveau fera le rapprochement.

Genre : "ah ok, c'est la même personne que je vois. J'ai pas Naï à droite que j'ai vu monter et un monstre horrible à a gauche que je sais pas comment il est apparu là et qu'il faut absolument que je m'enfuie avant qu'il me dévore tout cru !!!"

Bon, à l'arrêt c'est bon, même qu'on est super courageuse et qu'on va monter en entier sur son dos parce qu'on a même pas peur....

A gauche :

-Montoir complet : ok ! OUF
-Montoir complet + voix + caresses : ok ?! Bon, on dirait que ça va

Précision : quand je dis montoir, y a le fait de redescendre aussi, bon, lui ça le traumatise pas mais chez certains c'est ça le problème, ça dépend de la psychologie de notre ami du moment, chacun ses névroses... Je devrais peut-être en toucher un mot à monsieur Spyko ???

A droite

-Montoir complet : ok 
-Montoir complet + voix + caresses : ok mais serre les fesses, on va vite redescendre hein...

Bon ben c'est que ça se passerait plutôt mieux que prévu, c'est cool !
Allez, maintenant s'agit de le faire bouger avec le cavalier sur le dos.

A gauche :

-Montoir : ok
-Au pas : euh... Comment te dire... Normalement le pas c'est une allure tranquille là t'es juste au grand trot voir au galop parce que t'as la trouille et moi j'essaie de pas trop bouger pour pas te foutre encore plus la trouille
-Bon, ben au trot alors : ok, pas très zen mais trotte quand même assez cool, commence à se calmer et à se rassurer
-Au pas : ok, ça y est, il ralentit et s'arrête

Bon, pas si mal, je reste dessus et on fait ça plusieurs fois jusqu'à ce qu'il se rassure bien et je descends.
Pfiou !! Même pas eu peur d'abord !

Bon ben à droite alors... :

-Montoir : ok
-Au pas : ...et là... c'est le drame, le machin part comme une bombe tout droit, Gisèle lâche la longe et je me retrouve sur le poney qui est persuadé qu'il a un monstre sur le dos... Grand moment de solitude... 

Visualisez bien la scène au ralenti (c'est comme ça que je l'ai vécue) : 

Le poney fonce tout droit vers le coin de la carrière, et pendant que je vois la scène au ralenti, mon cerveau lui, il réfléchit très très très vite à ce qu'il va falloir faire selon que le poney va partir à droite, à gauche, s'arrêter ou continuer tout droit à travers les fils (pourquoi pas, ça s'est déjà vu...)

Verdict, le cheval fait un demi-arrêt avant de repartir de plus belle vers la droite et là mon cerveau me jette par terre au moment le plus opportun :

-Analyse du terrain : sable ok (bon, il est un peu tassé mais ça fera l'affaire)
-Célérité : proche de 0 ok
-Risque de blessure : euh, on va dire moyen pour pas se faire peur ok
-Hypothèse : rester sur le cheval ? Mauvaise idée car personne au bout de la longe ok
-Éjection : ok

Bon... même pas mal ! Poney s'arrête un peu plus loin, le monstre à disparu... ben ouais tu m'étonnes !
Allez, on récupère le poney, Gisèle se remet de ses émotions... elle se tiendra prête cette fois-ci. Bon, ben c'est reparti alors ! Même pas peur !!

Bon ben re à droite alors... ben oui, c'est le côté du monstre :

-Montoir : ok
-Au pas : Une hypothèse quelqu'un ?? Bon, ben... Gisèle est prête alors sur le coup le poney part à moitié au galop, il est coincé, merde ! Qu'à cela ne tienne, il se pointe à moitié* et repars de plus belle vers la droite comme une bombe. 

*Action de se pointer : proche de la levade utilisée en temps de guerre par la cavalerie pour échapper à un ennemi. Le cheval se lève sur ses postérieurs, dans ce cas il peut soit boxer (ça fait super mal) soit pivoter pour trouver une échappatoire.... C'est bizarre ça me rappelle quelque chose

Et là, toujours la scène au ralenti mais Gisèle a pas lâché alors mon cerveau c'est pas mis en mode pilotage automatique (il aurait peut-être dû...), la longe se déroule, le poney galope comme un taré, je m'accroche sans trop bouger pour pas lui foutre encore plus la trouille bien que je sois pas sûre que ce soit possible qu'il ait encore plus la trouille que là mais bon, en même temps faut pas trop m'en demander, je suis sur un poney traumatisé et emballé qui croit qu'il a un monstre sur le dos.

La longe est complètement déroulée, Gisèle est couchée par terre sur le ventre mais elle tient bon, mais ça je le sais pas, je crois qu'elle va lâcher alors je me dis : faut que je saute, faut que je saute !

Et là, j'essaie de faire comme mon cerveau :

-Analyse du terrain : sable ok toujours aussi tassé mais j'ai pas le choix
-Célérité : proche de très très beaucoup vite euh... pas ok
-Risque de blessure : euh, on va dire super méga important et ça fait super peur  pas ok non plus
-Hypothèse 1 : rester sur le cheval ? Mauvaise idée car Gisèle va pas tenir longtemps
-Hypothèse 2 : sauter du cheval ? Mauvaise idée aussi mais peut-être moins mauvaise que l'autre ?
-Hypothèse 3 : téléportation ? Putain, ça serait le top mais ça existe pas, fait chier !  
-Éjection : Ben toutes façons faut prendre une décision ça fait le troisième tour de carrière et Gisèle va bientôt lâcher alors...ok mais j'ai peur

Et là... Méga rêche de la mort qui tue avec impact à Mac2 rapport à la super formule E=MC²

Ça fait super mal !!!!!!!!!!!!!







Bon... toujours en vie... analyse :

-Pieds : ok
-Jambes : ok
-Cul : putain j'ai mal !
-Dos : ça a l'air d'aller
-Bras : un peu rappé à gauche mais à peine (Merde j'ai une soirée ce soir fait chier !)
-Tête : euh, ben ça a tapé un peu fort, j'ai super mal à la tempe gauche et à la pommette gauche c'est pas cool du tout

Je me relève, Gisèle aussi :

"- Aïe, j'ai super mal à la tête là !
 - J'étais en train de le récupérer là, t'aurais pas dû sauter !
 -... 
(Dans ma tête : Putain, t'aurais pas pu le dire avant non ! Parce que t'avais pas l'air de super bien maîtriser allongée par terre...)"

Bon ben on peut pas rester là dessus hein, c'est pas super comme truc, faudrait quand même pas qu'il croit qu'il faut qu'il se barre comme un crétin dès que quelqu'un lui monte sur le dos, ça fait un peu désordre...
Bon, réflexion.... 
Comme j'ai pas envie de m'en prendre une troisième comme ça, avec Gisèle on se met d'accord pour repartir à gauche... Un peu moins de risques vu qu'il est plus cool à cette main et comme ça on vérifie qu'il est pas totalement traumatisé par le monstre... Ouais, je sais... y a pas de monstre mais lui il est persuadé qu'il y en a un, c'est ça qui est moche.

Bon allez...

A gauche :

-Montoir : ok
-Au pas : euh... J'ai super beaucoup méga peur mais je me dis qu'il faut que je me raisonne sinon je vais me contracter et lui foutre la trouille aussi. Il part au trot (Maman j'ai peur !!) comme tout à l'heure mais il se raisonne et finit par se calmer, on repasse au pas, on repart au trot, on repasse au pas. Bon, ok ça va, le monstre a pas pris le dessus, c'est déjà ça.

Allez, cette fois-ci je descends normalement, ça change un peu ! 

Ça ira pour aujourd'hui hein, c'est plus de mon âge ces conneries...