AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

mercredi 26 octobre 2011

Naseaux (Langage Équestre d'un autre temps)

On reste dans la thématique du moment...

"NASEAUX. -- C'est uniquement par les naseaux que le cheval respire, c'est avec les naseaux qu'il hennit, rappelle et s'ébroue. 
  Les naseaux donnent beaucoup d'expression à la physionomie du cheval ; ils indiquent les différentes sensations qui l'animent, et il est bon que le cavalier les consulte. L'animal respire-t'il bruyamment pendant la marche, il faut qu'au repos ses naseaux reprennent leur situation calme : si, au contraire, ils restent encore quelque temps agités, c'est une preuve que le cheval est court d'haleine ou qu'il a été surmené.
  Nous avons vu, au mot HENNIR, que le hennissement est produit par les naseaux et doit être considéré comme le langage du cheval et le moyen de se mettre en rapport avec ses semblables.
  Un cheval ardent qu'on rassemble, qui désire marcher et qu'on retient, rappelle ; ce hennissement particulier ressemble au bruissement d'une aile d'oiseau qui s'agite.
Le cheval s'ébroue lorsqu'il est en face d'un objet effrayant ; sa panique est caractérisée par un frémissement des naseaux et une sorte de ronflement.
  Pour s'emparer d'un cheval en liberté, sans harnachement à la tête qui permette de le retenir, on pose la main droite sur le dessus de la tête, ou on lui saisit soit le toupet soit une oreille en plaçant la main gauche sur le chanfrein près du bout du nez, et en ayant soin de ne pas comprimer inutilement les naseaux, afin d'éviter de pousser l'animal à se débattre et à se soustraire à cette contrainte qui l'étouffe.
  Le cheval excité jette, disent les poètes, du feu par les narines ; c'est l'image du phénomène que produit la vapeur d'eau sortant d'une chaudière, condensation qui est d'autant plus sensible que l'atmosphère est plus saturée d'humidité.
  Mais les poètes ne s'occupent pas toujours de l'action pratique ; la preuve en est dans ce qui suit :

Et l'homme audacieux l'a pris par les naseaux.
Le quadrupède altier se rassemble et recule ;
Il se cabre, il bondit, se jette par côté, 
Et, secouant la main que son haleine brûle, 
Au roi majestueux résiste épouvanté.
En fatigants transports il s'use et se consume, 
Car il est contenu par un lutteur adroit
Qui, de son bras nerveux tout arrosé d'écume, 
Oppose à sa fureur un obstiné sang froid *

* Sully-Prudhomme, poésie : le joug "


dimanche 23 octobre 2011

Tu pousses le bouchon trop loin Maurice !!


Ce billet fait suite à quelques interrogations que j'ai eu après une journée de cours bien pourrie. 

Pourrie parce que premièrement je l'ai passée sous la flotte et que j'aime pas trop ça, et deuxièmement parce que j'ai eu l'impression de passer ma journée à hurler sur mes élèves... 

Pas très réjouissant, et puis ça laisse un goût plutôt amer dans la bouche.

Bon, entendons nous bien, je dis hurler, parce que de toutes façons, à moins d'être équipé High Tech et d'avoir un micro, un moniteur passe son temps à crier au milieu de la carrière s'il veut que ses élèves réussissent à percevoir un minimum de consignes et d'explications. 

Et là je ne vous parle que des jours de beau temps, quand il n'y a pas de vent, de tracteur, d'individu mal intentionné qui décide de passer le débroussailleur sur le pourtour de la carrière ! 

Imaginez vous par jour de grand vent, il faut calculer à quel moment le cavalier va passer dans le sens du vent pour que le son qui sort de votre bouche atteigne ses oreilles, il faut ensuite essayer de synthétiser au mieux la phrase que l'on veut lui dire, et le pire, c'est qu'au moment où vous allez lui donner des conseils ou le reprendre sur sa position, ce que vous direz n'aura plus rien à voir avec ce qu'il est à présent en train de faire... Pour peu qu'en plus le cavalier soit un peu dur d'oreille ou complètement ailleurs, c'est comme si vous parliez dans le vide.

Et le must, le pire du pire, c'est l'orage de grêle qui dure une heure, juste l'heure de cours... Alors quand vous avez de la chance vous êtes dans un manège, enfin, de la chance c'est vite dit ; imaginez vous en train de parler alors que toute la fanfare du 14 juillet défile sur le toit en tôle ondulée du manège. 

Je vous décris la sensation : vous ouvrez la bouche, vous articulez vos mots de la voix la plus puissante possible et... même vos propres oreilles n'entendent pas le moindre son sortir de votre bouche. Je vous promets que c'est une sensation vraiment, mais vraiment très désagréable.

Bon, voilà, ça c'était pour planter le décor, mais ça n'a rien à voir car ce jour là, à part la pluie, ça allait encore. Niveau acoustique, c'était gérable.

Je me suis rendu compte que ma pédagogie, ou du moins ma tentative de pédagogie, suivait une courbe très étrange lorsque j'arrivais dans un nouvel endroit ou lorsque j'avais de nouveaux élèves.

Oui, c'est ça, des élèves tous beaux/tous neufs, dans un endroit tout beau (ou pas), tout neuf (jamais vu encore mais j'aimerais bien !). Vous savez, la sensation de tout recommencer sur de bonnes bases, quand tout est encore idéalisé, qu'on se dit que là, c'est pas comme là où on était avant ; qu'ici au moins les chevaux ne sont pas dans des box sales (ils sont au pré où il n'y a pas d'herbe ni d'abri mais on leur donne du foin quand on n'oublie pas, c'est mieux non ?), qu'on a du matériel qui tient la route (bon, à part la sangle que ça fait 20 fois qu'on me dit qu'on va en racheter une mais que c'est toujours pas fait...), qu'on a un vrai bureau rien qu'à soi (ça serait possible d'avoir un ordi avec ? Non ? Bon tant pis...) et toussa toussa

Donc voilà, quand je fais mes premiers cours avec mes nouveaux élèves tousbeaux/tousneufs tout se passe extraordinairement bien, ils écoutent, sont super attentifs, se concentrent et les cours sont géniaux. Ils sont souvent super contents parce qu'ils ont l'impression d'avoir appris plein de nouveaux trucs que personne ne leur avait jamais dit (bon, j'espère que c'est pas qu'une impression hein), mais généralement on leur avait déjà dit, mais pas comme ça, et comme ça c'est mieux. Ben oui, forcément que c'est mieux, puisque c'est moi qui l'ait fait... Non ?

Fin voilà, donc les premières semaines c'est la lune de miel, tout est magnifique, j'ai les meilleurs élèves du monde, ils sont super forts, ils arrivent à faire tous les exercices, même quand ils sont un petit peu compliqués pour leur niveau et tout et tout. Mais bon, ça c'est normal puisque je suis une super monitrice... Non ?

Et puis un jour... Patatra, tout s'écroule, fini la lune de miel, fini les supers élèves attentifs, fini les exercices réussis en fin de séance même si c'était super difficile... Mes supers élèves tousbeaux/tousneufs se sont transformés en élèves normaux, plustoutàfaitbeaux/plustoutàfaitneufs et je me rends compte qu'ils n'écoutent pas si bien que ça, ou pas tout le temps, et qu'il n'appliquent pas si bien que ça les consignes pourtant claires et précises que je leur donne. Du coup je répète au moins un millier de fois la même chose avec des mots différents pour voir si ça viendrait pas d'un défaut de compréhension, je leur demande ce qu'ils n'ont pas compris...
Réponse : "Si j'ai compris..."
Alors pourquoi ils ne font pas ce que je leur demande... 
Réponse : "J'sais pas..."

Et là ça commence généralement à m'énerver parce que j'ai épuisé toutes les solutions pédagogiques humainement utilisables au milieu d'une carrière : explications, mimes, dessin dans le sable, ré-explication avec d'autres mots, démocratie participative (qui m'explique ce qu'il faut faire et comment ?...), et tout le reste ! 

Donc, je hurle... Attention, je ne hurle pas pour les insulter et leur dire que ce ne sont que des bons à rien qui n'ont rien à faire là et qu'ils feraient mieux d'aller enfiler des perles comme certains peuvent le faire d'une manière assez récurrente au milieu de leur carrière. Non, moi je hurle mes consignes, en fait je les crie plus fort, parce que j'ai l'impression que quand je ne fais que crier le son n'atteint pas leur cerveau, il doit s'arrêter avant, entre le tympan et le premier neurone ou un truc comme ça...

Mais pourquoi tant de haine ? Ça devrait pas m'arriver, je sais que ce que je demande n'est pas trop compliqué, enfin je crois... Non ?

Voilà, vous venez "d'assister" à la séance fatidique, celle qui nous permet à moi et à mes élèves d'atteindre de point 0 de leur apprentissage. Je m'explique.

Cette séance à deux effets.

Le premier est que mes élèves se rendent compte que j'ai, tout comme leurs parents et tout être humain normalement constitué, une patience qui a ses limites et que même si ces limites sont difficiles à atteindre vraiment, il faudrait voir à ne pas pousser le bouchon trop loin Maurice. 

Le second effet est plus subtil, je me rends compte que mes élèves ne sont pas parfaits, que parfois ils ne sont pas concentrés, que parfois ils ne sont pas doués, que parfois ils n'y arrivent pas et puis voilà, c'est comme ça et c'est pas la fin du monde.

Je me rends donc compte de leurs limites comme ils viennent de se rendre compte des miennes, ce n'est pas parce qu'ils ont magnifiquement réussi un exercice super difficile la dernière fois qu'ils vont toujours réussir les exercices super difficiles, surtout si je pars du principe que ce qu'ils ont réussi une fois est acquis. Grossière erreur !! 

Et oui, tout comme dans l'éducation et le dressage du cheval, on ne part jamais du point culminant de la séance précédente, beaucoup trop présomptueux mademoiselle voyons ! On repars toujours de la base, des exercice qui sont maîtrisés, on répète les gammes et petit à petit on y ajoute des nouveautés, par petite touche, et surtout on ne pourri pas le moral de ses élèves, qu'ils soient humains ou équins, en leur demandant des exercices qui leur demandent toutes leurs ressources physiques et mentales sur plusieurs séances d'affilé, on les laisse souffler un peu que diable !

Et voilà ma courbe pédagogique qui après une monté en flèche fulgurante suivie d'une chute aussi abrupte que violente, se remet lentement à gravir les échelons de l'apprentissage, pas à pas. Nous sommes mes élèves et moi sur la même longueur d'onde, il n'ont pas un moniteur parfait bien qu'ils l'adorent (oui oui, j'vous jure c'est vrai) et je n'ai pas des élèves parfaits bien que je les apprécie beaucoup également, chacun avec leurs petits défauts, leur caractère timide, curieux ou bien râleur (vive les ados...)

J'imagine que c'est ça, le "lâcher prise" et je dois dire que la sérénité qui s'ensuit est assez reposante...


jeudi 20 octobre 2011

Langage équestre d'un autre temps


Allez, j'ai décidé de me lancer dans une nouvelle rubrique sur ce blog. 

J'ai dans ma bibliothèque un ouvrage magnifique : Le langage équestre. C'est un ouvrage en deux tomes, dont les définitions sont empruntes de poésie, il fût écrit par Jules Pellier et édité en 1889. Les textes qu'on peut y lire sortent d'une très vieille édition qui se trouve encore dans la bibliothèque de l'Ecole d'Application de l'Arme Blindée Cavalerie de Saumur, ils y ont été scannés, les défauts d'impression sont nombreux et rendent parfois la lecture fastidieuse, cependant, c'est un peu ça qui donne toute leur magie à ces pages d'un jaune vieilli artificiellement.

Trêve de blabla, voici la définition du jour.

"NEZ, ou mieux, BOUT DU NEZ. -- C'est la lèvre supérieure. Cette partie est très mobile et il faut la considérer comme le doigt du cheval, car il s'en sert avec une très grande habileté ; il l'allonge, la rapetisse et l'étend à volonté, pour trier les graines qu'il veut manger et mettre de côté celles qui ne lui conviennent pas ; ou bien pour toucher les objets et se rendre compte de leur nature ; ou enfin pour humer l'air et le consulter afin de trouver son chemin."

Voilà, bien évidemment ces définitions datent d'un autre temps, vous vous rendrez compte au fil des billets que certaines sont encore très actuelles, alors que d'autre on vraiment un goût un peu rance. A chacun de se faire sa propre opinion, et surtout de se demander quelle définition il pourrait bien donner à chacun de ces mots qui font ou ont fait le quotidien de plusieurs générations d'Hommes de cheval. 

mardi 18 octobre 2011

Cross du CCI **** de Pau en images




J'ai eu la chance de pouvoir assister et même participer en tant que bénévole à un des plus important Concours Complet du monde, le plus important en France.

Le Concours Complet d'Equitation (CCE) est la discipline la plus complète du sport équestre étant donné qu'elle allie les 3 disciplines phares de ce sport : le dressage, le saut d'obstacle et le cross. 

Les plus grands cavaliers du monde sont passés juste devant mon nez lors du dressage étant donné que j'étais secrétaire informatique dans la tribune H du juge Français, je n'ai malheureusement pas pu prendre de photo à ce moment là alors je me rattrape avec les photos du cross de samedi.

 Pour les amateurs de sensations fortes, une petite surprise vous attend à la fin ;)





















































lundi 17 octobre 2011

La communication (2)



Un jour j'ai donc pris le parti de commencer à dire et à montrer ce que je pensais et ce que j'étais. C'est à partir de ce jour que j'ai commencé à me faire de vrais amis, à avoir des "amoureux" et à ne pas avoir peur de dire aux gens qu'ils m'emmerdent ou qu'au contraire je les apprécie vraiment beaucoup. Tout à coup je suis devenue "populaire" au lycée, je me fichais de ce que les gens pouvais bien penser, et à ma grande surprise cela les attirait, j'étais récompensée de mon bien être et de ma franchise alors que j'avais peur depuis des années du contraire. J'avais découvert la vraie vie, la joie de pouvoir exprimer ses sentiments comme ils sont, sans honte et sans peur du qu'en dira t'on. J'ai ensuite appris à comprendre mes sentiments avant de les exprimer, ce n'est pas toujours évident mais je trouve l'exercice intéressant, il permet d'apprendre à se connaître un peu mieux.

Evidemment il m'arrive de rencontrer des personnes qui ne me "conviennent" pas, avec lesquelles je n'arrive pas à m'exprimer ou a discuter. Généralement ces personnes refusent la discussion ou partent du principe qu'elles ont raison sans vouloir écouter quoi que ce soit de différent. Et bien quel que soit leur "grade" ou leur "fonction" je ne manque pas de leur faire savoir ce que je pense, en tous cas lorsque je n'ai pas la possibilité de les éviter tout simplement.


Je suis un minimum éduquée et cultivée, je ne fonce donc pas dans le tas comme ça non plus, enfin, sauf avec mes amis qui me connaissent et qui me pardonnent mon manque de tact. Grâce à tout ce que j'ai pu observer des relations des autres quand j'étais une pré ado dans un monde d'adulte et grâce à ma fascination pour la littérature classique et la rhétorique, j'ai développé une certaine capacité à me faire comprendre de manière extrêmement claire tout en restant complètement dans les codes et manières instaurés dans la discussion par les autres. Cette capacité m'a énormément servie pendant les quelques années que j'ai passées dans l'armée, c'est grâce à elle que j'ai pu retirer quelque chose d'intéressant de cette expérience mais j'en parle plus loin.


J'ai également eu une superbe expérience en travaillant dans une certaine enseigne américaine de restauration rapide, j'y ai appris le "feed-back" comme ils l'appellent, et surtout la reconnaissance positive et je n'ai pu qu'en constater les bienfaits. Dire ce qui est mal et l'expliquer, mais surtout dire ce qui est bien et le récompenser. C'était mon premier job et je l'ai adoré, les relations étaient simples, quelle que soit la supériorité de fonction, nous étions encouragés à dire ce qui allait ou n'allait pas pour faire progresser les choses et pour réussir à travailler ensemble dans un rush perpétuel où tout le monde courait partout. Ça fonctionne extrêmement bien si l'on travaille avec des gens intelligents qui ont compris l'intérêt d'un telle démarche et j'ai eu cette chance pendant un certain temps.

Plus tard, comme je l'ai déjà dit, j'ai été militaire, et bien je ne me suis pas départie de ce fonctionnement, j'ai tout de même mis un certain temps avant de comprendre comment toute cette machine fonctionnait, j'ai pas mal observé et écouté et je me suis rendu compte que ça n'allait pas être gagné étant donné que le grade paraissait donner à son possesseur une sorte de science infuse universelle. A priori il fallait dire oui et obéir à des ordres qui pouvaient être totalement incohérents ou pire, contradictoires avec la phrase ayant précédée et qui était censée expliquer le pourquoi d'un tel ordre. Comme tout le monde j'ai fait mes classes et mon école sans rien dire bien que je n'en pensais pas moins, c'était l'école, on était donc là pour ça, mais par la suite ce fut bien différent. 

A force d'expérience et surtout de déconvenues et d'énervements aussi violents qu'inutiles, j'ai fini par prendre l'habitude, lorsque j'entendais un ordre ou quelque chose d'ahurissant, de dire "reçu" puis de répéter l'ordre avec des mots différents (genre la fille qu'est un peu bête et qu'a besoin de répéter pour bien comprendre) pour faire entendre la débilité du propos à son propriétaire puis j'attendais... 

Deux solutions :

- Il n'y avait personne autour et le chef me disait en essayant de garder sa contenance que c'était tout à fait ça ; dans ce cas je vaquais à mes occupations car il y avait une chance sur deux que le contre-ordre ne se fasse pas attendre. La prochaine fois c'était sûr qu'il ne viendrait pas me donner ce type d'ordre à moi, c'était toujours ça de gagné !

- Il y avait d'autres personnes et de préférences gradées autour, et là, il me disait que je n'avais rien compris et me donnait un ordre tout à fait différent et beaucoup plus cohérent (bien que certainement tout aussi inutile la plupart du temps) après quoi je m'excusais et repartais en ayant parfois reçu un clin d'oeil d'un des témoins qui avaient déjà eu l'occasion de me croiser auparavant.

Malgré de nombreuses déceptions et un certain écoeurement concernant les institutions et l'administration en général, j'ai découvert des gens intelligents (pas tous) mais complètements abrutis par le système. Les quelques années que j'ai passé à leur côté m'ont apporté beaucoup dans le domaine des relations humaines. J'avais légèrement ébranlé leurs codes et grâce à cela ils se sont ouverts un peu, j'ai eu des discussions d'égal à égal avec des gens qui passaient leur temps à se cacher derrière leur grade en s'imaginant je ne sais quelle absurdité sur les relations impossibles entre gens de catégories différentes. J'ai même eu des discussions très philosophiques avec des gens qui m'ont dit par la suite qu'ils ne pensaient pas être capable de s'exprimer de manière aussi claire et profonde avec qui que ce soit. Il pensaient même qu'ils n'étaient pas capable d'avoir de telles idées... N'importe quoi, comme si on était capable ou non d'avoir des idées ! Des idées on en a tous, il faut juste apprendre à les conceptualiser et ensuite à les verbaliser, ça d'accord, c'est autre chose.

J'ai aimé cette période, non pas parce qu'elle m'a apporté quelque chose professionnellement parlant, je serais à ce propos tentée de dire qu'elle ne m'a rien apporté du tout, mais je l'ai aimée parce que j'ai découvert que ces gens qui étaient bornés de partout m'appréciaient parce que je leur faisais comprendre que je n'étais pas dupe et qu'il pouvait me donner tous les ordres qu'ils voulaient, ça ne changeait rien au fait que c'était des êtres humains et qu'il n'y a pas d'histoire de grade entre êtres humains, il n'y a que des histoires de relations.


Le respect est une chose, la soumission en est une autre.


La barrière entre les deux est très étroite et elle est malheureusement souvent franchie dans l'administration où la hiérarchie est la base du système, de là naît une certaine confusion de la plupart des personnes qui travaillent au sein de ces administrations, chefs comme subordonnés d'ailleurs.

Tout ça pour dire, et merci au docteur Borée qui m'a donné l'envie d'écrire ce billet, que parfois il y a des gens qui ne savent pas exprimer ce qu'ils ressentent même s'ils ressentent très fort. Ce n'est pas pour ça qu'ils ne vous apprécient pas, et c'est peut être aussi d'ailleurs pour ça qu'ils provoquent des sentiments étranges, partagés entre la défiance et la curiosité. J'ai l'impression qu'il faut encourager ces gens à s'exprimer, même si l'on a peur de ce qui peut en ressortir, il me semble que dans 90% des cas, la communication résout et encore mieux évite que des problèmes ne surviennent. La plupart du temps, les gens qui ne nous expriment pas leur sentiment ne le font pas car ils ne se sentent pas compris, ils appréhendent d'être rabroués ou rejetés, si l'on allait vers eux en restant ouvert malgré notre inquiétude les solutions se présenteraient certainement d'elles même.

La communication, c'est magique.

La communication (1)


Ce billet fait suite à un billet du docteur Borée qui m'a fait réfléchir sur la difficulté qu'ont les gens à communiquer en général. Cela m'a rappelé que pendant longtemps j'ai eu moi-même beaucoup de mal à communiquer du fait d'une trop grande pudeur contre laquelle il m'arrive encore aujourd'hui de lutter.


Il était une fois, il y a trèèèèèèèès longtemps, j'étais une petite fille.


Oui, bon, normal me direz-vous.


Non, mais une petite fille trèèèèèèèèèèèèèèèèèès timide.


Oui, je sais, ceux qui me connaissent auront du mal à le croire mais c'est pourtant le cas. J'étais tellement timide qu'un jour je n'ai même pas réussi à dire merci à ma grand-mère qui m'avait ramené une friandise du marché. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais au moment où j'aurais eu envie de le dire ça n'est pas sorti et ensuite ça me paraissait tellement incongru que malgré les remontrances de ma mère je n'ai jamais réussi à faire sortir ce mot de ma bouche. J'étais vraiment toute petite, j'ai très peu de souvenirs de mon enfance, mais ça, je m'en souviens vraiment très bien. C'est un souvenir d'ailleurs assez douloureux.

Pendant longtemps je me suis demandé ce qui n'allait pas chez moi, tout ce qui était un peu personnel, un peu intime, pas moyen de le partager. Et pire, pas moyen que quelqu'un partage cela avec moi, ça me mettait tellement mal à l'aise que ça me donnait envie de m'enfuir. Un peu comme ces situations tellement ridicules dans les films ou les séries à la télé que vous avez envie de changer de chaîne pour ne pas y assister. Un vrai bon blocage quoi.

Cette situation a perduré si je me souviens bien, à peu près jusqu'au début de mon adolescence. Ne surtout pas se faire remarquer. En tous cas, surtout pas dans le mauvais sens, dans le bon ça ne m'aurait pas dérangé, essayer de suivre la norme, faire comme tout le monde ou un truc du genre, je ne m'en souviens plus très bien. Je n'étais ni grosse ni maigre, ni grande ni petite, assez bonne élève mais pas non plus excellente, j'avais des "amis" à l'école mais c'était des amis d'école, rien de personnel en fait. Je me rends compte que j'étais seule et que ça ne me dérangeait pas plus que ça, je me suffisait bien à moi même, j'avais la lecture, et à partir de 10 ans j'ai eu l'équitation, mon cheval me servait de confident, même si je ne ressentais pas le besoin de lui confier quoi que ce soit, tout allait bien en fait ! J'étais plutôt la confidente de mon cheval.

C'est drôle de dire ça. J'ai commencé l'équitation très tard mais j'ai progressé extrêmement vite, on m'a alors attribué un cheval un peu difficile pour voir... J'en suis immédiatement tombée amoureuse, il avait tout pour fasciner une petite fille, il était noir avec une pelote en forme de lune sur la tête, il était ombrageux et extrêmement méfiant au box. Il  m'a donc fallu l'apprivoiser. J'avais une sorte de facilité à cheval, j'ai donc eu peu de problèmes pour m'en faire un allié quels que soient les exercices demandés du moment que j'étais dessus. Je sentais bien qu'il s'inquiétait dès que quelque chose le bloquait, et même si c'était totalement inconscient, je le montais donc avec des aides extrêmement fines et surtout très peu de main, il ne supportait pas de se sentir pris. Je l'avais déjà vu devenir complètement ingérable avec d'autres cavaliers, dès qu'il sentait les rênes se raccourcir et la pression du mors sur sa langue il fuyait, tout droit, sans se soucier de ce qui se trouvait devant lui, cela provoquait pas mal de chutes car plus on tirait sur les rênes et plus il accélérait, c'était un cercle vicieux...

C'est ce cheval qui a commencé à m'éduquer à la communication, il me montrait son mal être, pas d'apparence, pas de faux semblants, les chevaux ne savent pas faire ça, il était ce qu'il était et il fallait faire avec, l'aimer ou non, ça ne changeait rien à son fonctionnement. J'ai passé beaucoup de temps avec lui, il avait été maltraité à priori, ou du moins violenté lors du débourrage ce qui provoquait des réactions de peur mais il n'était pas dangereux, ni méchant, il évitait simplement le contact. Je pense aussi que les enfants lui faisaient beaucoup moins peur que les adultes, voilà pourquoi il s'était retrouvé là, dans un club. A cette époque je passais ma vie au centre équestre, je traînais tout le temps dans les pattes des moniteurs, je paillais les box avec eux le matin, j'étais dans le bureau pour aider à cocher les cartes d'adhérents... J'avais d'ailleurs par la même, une très bonne représentation des relations sociales entre adultes : les moniteurs, l'instructeur, le cavalier pro, les propriétaires, ... J'ai appris beaucoup en les observant et même si je ne m'en rendais pas compte, c'est là que j'ai emmagasiné tout ce qu'il fallait savoir ou presque à propos des relations sociales sans encore savoir m'en servir, un peu comme un enfant qui ne se met à parler que lorsqu'il est sûr qu'il connait et maîtrise tous les mots et expressions dont il va avoir besoin. 

Attention, je ne suis pas une sociopathe hein, les sociopathes ne ressentent rien et font semblant, moi c'était l'inverse, je ressentais les choses de manière intenses et claires mais je n'avais aucun modèle qui me permettait de savoir comment les exprimer. Toutes ces choses ne me paraissaient pas à leur place dans le contexte qui m'entourait, je n'avais pas de mots qui soient adéquats, qui correspondent à la situation sans paraître complètement incongrus, enfin, c'est ce qu'il me semblait.

Pour en revenir à ce cheval, j'avais donc tout le loisir de passer du temps avec lui. Quand je n'étais pas avec  les moniteurs à apprendre à longer, seller, faire les cuirs, ranger les selleries et tout le reste, j'étais dans son box ou en train de le faire brouter. Ma mère travaillait très tôt le matin, donc quand je n'allais pas à l'école, elle m'emmenait au centre équestre avant 7h, il n'y avait que les palefreniers à cette heure là. L'odeur et l'ambiance qui règne dans une écurie à cette heure matinale est indescriptible, c'était le paradis pour moi, le bruit des chevaux qui fouillent dans la paille pour ramasser les derniers grains échappés de la mangeoire, leurs ébrouements, les petites oreilles qui se pointent à mon passage... Je prenais donc mon "patient" au licol et je l'emmenais brouter l'herbe fraîche du matin autour du château qui servait aujourd'hui de centre équestre, j'adorais ce moment, les biches ou chevreuils et lapins étaient souvent dans le parc et comme je ne bougeais pas (j'étais à cru sur son dos ou assise un peu plus loin), ils s'approchaient vraiment tout près, c'était vraiment magique. Rancio avait appris à apprécier ces moments, au début il se demandait un peu ce qu'il faisait là, mais avait vite pris le parti de profiter de l'herbe grasse et recouverte de rosée de ces sorties matinales.

Sa docilité était maladive, la porte de son box restait ouverte, il n'osait même pas sortir la tête pour regarder dehors, il restait au fond de son box en se demandant ce qui allait bien pouvoir passer la porte. Au début, j'étais dans le box avec lui et je laissais ouvert juste le temps d'aller chercher quelque chose, je trouvais cela pratique mais au fur et à mesure je me suis rendu compte que ce n'était pas du respect. Un cheval respectueux s'approche de la porte, regarde ce qui se passe mais ne sort pas, ou du moins pas tout de suite. Lui, il ne s'approchait jamais de la porte, au contraire, le fait qu'elle soit ouverte avait l'air de l'inquiéter plus que de l'intéresser. J'avais donc pris l'habitude, entre midi et deux, lorsqu'il n'y avait plus personne de lui laisser la porte ouverte, la plupart du temps j'étais avec lui mais il m'arrivait d'aller dans la sellerie ou au bureau sans me soucier de la refermer. Evidemment, au bout de quelques semaines, c'était pendant les vacances la plupart du temps, il avait bien dû se rendre compte que rien ne se passait même lorsque sa porte était ouverte et il commençait à s'intéresser timidement à ce qui pouvait bien se passer là derrière. Un jour, j'eu donc la surprise de voir poindre de bout de son nez à la porte du box, j'étais au bout de l'allée et je me mis donc à l'observer, j'étais comme remplie d'une sorte de joie indescriptible, l'émotion et la sensation d'assister à quelque chose d'exceptionnel : la libération d'un esprit. Il commençait à comprendre que ce qui l'entourait ne faisait pas que l'atteindre, il pouvait lui aussi atteindre ce qui l'entourait, devenir acteur en fait. 

Je n'avais bien évidemment pas conscience de tout ça, je n'avais qu'une quinzaine d'années et je n'avais aucun mot pour décrire ce que je ressentais, mais c'était vraiment extraordinaire. La "récompense" arriva bientôt, même s'il n'y avait eu aucun travail, seulement de la patience sans aucune attente de résultat étant donné que je n'avais même pas conscience de ce qui s'accomplissait devant mes yeux. Deux anecdotes me viennent à l'idée, je ne sais pas dans quel ordre chronologique ces évènement sont arrivés, mais je pense qu'ils témoignent de la même chose.

La première s'est passée dans les écuries, encore une fois j'avais laissé la porte du box ouverte et j'étais partie je ne sais où, peut être m'amuser avec les amis que j'avais commencé à me faire au centre équestre, on pique-niquait sur les roumballers de paille (oui je sais c'est très dangereux mais à l'époque on ne le savait pas encore). Je passais régulièrement devant le box pour faire une caresse à Rancio qui avait maintenant toujours la tête dehors ou bien pour lui donner un morceau de mon sandwich ou bien quelque chose de plus approprié si j'avais ça sous la main. Il se trouve que cette fois je trouvai le box vide... Après la première angoisse, c'était quand même une "bêtise" de faire échapper un cheval, je me dirigeai dehors avec un licol pour voir où la curiosité de mon ami avait bien pu l'amener. Commençant à le connaître un peu, j'étais persuadée qu'il n'était pas parti bien loin, il avait mis presque un an à apprivoiser le mètre carré devant son box alors j'imaginais mal qu'il soit parti à l'aventure sans prendre quelques précautions préalables... Je le retrouvais donc sur les plates-bandes d'herbe juste devant la sortie qui était à quelques mètres de son box, il broutait calmement et ne s’inquiétât en aucune façon de ma venue (la plupart des chevaux se seraient certainement enfuit). Je le caressai donc en lui disant que ça ne  se faisait pas de sortir comme ça, sans prévenir, et que malheureusement, à partir d'aujourd'hui, il faudrait que je lui mette une petite chaînette en travers de la porte pour qu'il ne puisse pas partir à la découverte du monde tout seul ! Ça y est, le pas était franchi, la peur n'était plus là. C'était un grand pas, mais je devrai dorénavant prendre mes précautions avec cette porte... 

La seconde est encore plus amusante pour moi étant donné que j'ai vraiment assisté à une scène magnifique. Lorsque je ne montais pas sur son dos pour le faire brouter, je lâchais Rancio pour qu'il puisse vaquer à son occupation préférée sans que je sois obligée de le suivre dès qu'il s'intéressait à une nouvelle touffe d'herbe quelques mètres plus loin, au début il restait brouter à mes pieds, littéralement, puis petit à petit il avait commencé à s'éloigner de plus en plus.

Un matin d'automne, sûrement pendant les vacances de la Toussaint, nous étions donc tous les deux seuls, dans le grand parc à l'arrière du château. Il y avait encore un peu de brume et il ne faisait pas tout à fait jour, l'ambiance était vraiment particulière avec tous ces arbres autours de nous, les lumières des lampadaires de la route au loin de l'autre côté du parc donnaient un éclairage presque irréel. Rancio était "frais" comme on  dit dans notre jargon, il était un peu émoustillé par la fraîcheur et l'ambiance, je sentais bien qu'il allait se passer quelque chose mais j'avais assez confiance en lui pour tenter l'expérience tout de même, et surtout je voulais savoir ce qu'il allait faire. Il n'y avait pas vraiment de danger, la route était loin et je savais que s'il venait à s'enfuir il n'irait de toutes façons pas la traverser aujourd'hui, j'avais la conviction qu'il resterait dans le parc quoi qu'il puisse se passer. Je le lâchai donc... Après quelques pas pour tâter le terrain, je le vis tout à coup relever la tête, mettre la queue en panache et partir au trot passagé (un trot avec énormément de rebond que les chevaux font souvent en liberté pour se pavaner, faire les beaux quoi). Je n'étais tout de même pas tranquille, j'avais surtout peur de me faire enguirlander si quelqu'un voyait que je l'avais "échappé" ; mais bon,  c'était aussi une excuse, ça arrive d'échapper un cheval, personne n'était censé savoir que je l'avais sciemment libéré ! Tout ce que je voulais, c'était qu'il ne se fasse pas mal, mais il n'y avait pas vraiment de raison... 

Le parc était immense, rempli d'arbres et d'obstacles de cross, il y avait également une piste de galop, j'avais une excellente vue puisque Rancio était entre moi et les lumières de la route, je le voyais comme une ombre dans la brume en train de s'éloigner. Il avait pris le galop et la piste qui allait avec, il avait l'air de s'en donner à coeur joie mais je n'en profitais pas car l'angoisse m'étreignais, si quelqu'un voyait ça, je n'aurai sûrement plus l'occasion de le sortir par la suite... J'attendais donc qu'il "jette son feu" tout en espérant qu'il reviendrait vers moi au lieu d'aller vers les écuries une fois qu'il se serait bien défoulé, ces quelques minutes me semblèrent un éternité. Je n'ai pas de souvenirs clair de ce qui s'est passé ensuite, il me semble qu'il s'est arrêté dans une partie du parc pour brouter et que je suis allée le récupérer là-bas, il a fait mine une ou deux fois de repartir en s'éloignant au petit trot puis j'ai quand même fini par réussir à lui remettre sa longe. Il me faisait comprendre que dorénavant il était libre et que l'emprise que j'avais sur lui, c'était lui qui me la concédait, je n'étais plus son maître (ce que je n'avais d'ailleurs jamais voulu être), j'étais son égale. Il se soumettait parce qu'il m'aimait bien et que ma présence lui était agréable, mais je sentais bien qu'il avait sa propre volonté et que je n'étais pas à l'abri d'une incartade si l'envie lui en prenait.

S'en était fini de la liberté du matin, du moins, pas sans avoir au préalable fait son petit tour dans le manège pour se défouler afin qu'il ne lui prenne pas l'idée d'aller à la découverte des grands pare-feu de l'autre côté de la route... Beaucoup trop dangereux mon ami !

J'ai quelques autres anecdotes à son sujet mais ce n'est pas vraiment ça l'important, j'ai l'intime conviction aujourd'hui, en écrivant ces mots, que c'est cette relation et tout ce qui a tourné autour qui ont fait sauter le blocage que j'avais. J'ai suivi les mêmes étapes que Rancio, je me suis rendu compte que je pouvais avoir une emprise sur ce qui m'arrivait et sur ce qui m'entourait, je me suis rendu compte qu'on pouvait m'aimer pour ce que j'étais et non pas pour ce que je paraissais être et que c'était le fait d'être vrai dans ses actes et dans ses paroles qui permettait de construire des relations avec autrui.


mardi 4 octobre 2011

Pourquoi un blog ?

A vrai dire je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, j'ai toujours eu l'habitude d'écrire et malheureusement, n'étant pas une grande conservatrice, mes écrits se sont perdus au fil du temps et de mes déménagements successifs. 

Le fait est qu'il est difficile de parler de certaines choses, choses qui demeurent du domaine de la réflexion plutôt que de la discussion. Cela est difficile d'une part car, selon le domaine et la spécialité que l'on pratique, il est rare d'avoir dans son entourage des personnes qui auront les connaissances pour appréhender une certaine technicité qui paraît totalement abstraite à la plupart des gens. D'autre part, même s'il existait de telles personnes dans mon entourage (et il y en a) je n'ai pas forcément envie de disserter sur mes réflexions existentielles avec elles lorsque nous passons un moment agréable.

Tenir un blog, c'est également une façon de partager, de partager ses expériences, ses anecdotes, les bons moments, les mauvais aussi et les pensées qui les ont accompagnés avec d'autres personnes, des personnes que l'on ne connait pas et qui ne nous connaissent pas. Les à priori sont totalement différents, j'ai l'impression que l’atmosphère ici est plutôt bienveillante en fait. C'est aussi un moyen d'arrêter de perdre tous les bouts de papiers sur lesquels on avait griffonné des trucs qui nous paraissaient super intéressants et qu'on aurait bien voulu partager avec quelqu'un d'autre que soit même histoire de savoir si c'était si intéressant que ça en fin de compte...

Et puis j'ai dans l'idée que c'est dans l'air du temps, c'est générationnel, je suis tombée par hasard sur un blog (et pas des moindres : le blog de Boules de Fourrure), je l'ai dévoré du début à la fin en me disant que ce mec était extraordinaire et puis, vu que j'avais tout lu, je me suis intéressée aux liens. Et là, ça a été la révélation, il y en avait plein d'autres, chacun dans son genre, tous aussi géniaux et intéressants les uns que les autres, tout un monde à découvrir : la BLOGOSPHERE.
Evidemment j'en avais déjà entendu parler, je ne suis pas complètement à côté de la plaque non plus, mais c'était jusque là une notion complètement abstraite réservée aux pros du net ou un truc comme ça. Je me suis mise à écumer frénétiquement tous les blogs telle une balle de ping-pong renvoyée de liens en liens, je me suis rendu compte qu'un monde parallèle existait, un monde virtuel, rempli de gens que l'on ne connait pas et qui nous confient leur intimité, qui nous font partager une partie de leur vie, une partie qui leur tient vraiment à coeur. Dans tout ce foutoir virtuel il est facile de se perdre, cependant j'ai vite compris que le talent attire le talent, ou du moins, que "qui se ressemble s'assemble" si on peut dire, et c'est comme ça que j'ai fini par me créer une liste de blogs favoris.

Je dois dire que j'y ai passé un certain temps, mais comme je suis légèrement compulsive, je dois bien l'avouer, les heures que j'y ai passé furent intenses et très légèrement irritantes pour mon conjoint bien que très peu étalées dans le temps. J'ai fini par me dire que je ne ferai jamais le tour de tout ce qui existait pour trouver tout ce qui pourrait être génial, mais j'ai aussi compris que les autres se chargeaient heureusement de trouver pour moi :)
Je dis que c'est générationnel car je me suis rendu compte que 80% des blogueurs que je suivais étaient dans ma tranche d'âge, je ne sais pas pourquoi, si quelqu'un a une réponse... 

Voilà, donc après quelques mois à suivre tous ces blogs dans lesquels je me retrouvais beaucoup, une idée a germé en moi : et si moi aussi j'avais un blog ? 

Toutes ces choses qui restent dans ma tête sans jamais vouloir en sortir je pourrais les mettre là non ? 

Peut-être qu'elles serviraient à quelqu'un d'autre qu'à moi... Et puis plutôt que d'écrire des billets dans le vent avec aucun moyen de les retrouver ensuite, cette fois, plus question de les perdre, ça serait toujours ça.