AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.
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mercredi 23 janvier 2013

La Transmission... Du Plaisir vers le Sentiment ... jusqu'à l'Art... un jour (partie 1)


Il y a quelques temps je suis partie en balade avec deux de mes élèves, l'idée c'était de partir galoper comme des folles sur la piste.


Il faisait beau, super doux, le ciel bleu, la vue sur les Pyrénées, c'était juste parfait... Après quelques tours au trot et surtout, après les avoir prévenues de ne surtout pas ouvrir la bouche et de beaucoup plisser les yeux je suis partie au grand galop. Toujours pousser le cheval au début pour qu'il ait envie de ralentir à la fin, l'inverse est le meilleur moyen de ne jamais s'arrêter... Les filles se sont éclatées, moi aussi, et puis l'avantage quand on est devant, c'est qu'on ne mange pas de sable. Ben oui, parce que le sable, c'est vraiment pas bon du tout ! D'ailleurs les filles sont d'accord, mais bon, c'est l'jeu ma pauv'Lucette, quand on est derrière on bouffe du sable épicétou !

En arrivant en bout de piste je leur ai dit de profiter de la chance qu'on avait, la vue, le soleil, la douceur, le bonheur de se retrouver comme ça sur le dos d'un animal aussi fascinant et généreux que le cheval. A leur âge on ne se rend pas compte de tout ça, on trouve ça normal, les parents se chargent de tout, on n'a que ses problèmes d'ado à gérer, ses petites histoires de coeur, de lycée ou de copains/copines... Mais quand on entame sa vie active, tout à coup on se rend compte que monter à cheval c'est un luxe, on n'a plus tellement le temps, on n'a pas vraiment les finances, et puis il faut y aller aussi, c'est que c'est pas forcément à côté le centre équestre de Tataouine les bains ! J'ai bien vu qu'elles ne voyaient pas trop de quoi je parlais... Profiter ? Mais profiter de quoi ? La vue on l'a tous les jours, et puis du poney on en fait tous les week-end !

C'est vrai, les montagnes ne disparaissent pas de la surface de la terre... Mais si l'on y regarde de plus près, les jours où l'on peut vraiment les voir distinctement sont très rares. Et puis on a beau dire, cela commence à faire quelques temps que je suis là, pour autant je crois bien qu'il ne s'est pas passé un seul jour où j'ai ressenti une impression de déjà vu en les regardant. La lumière, la neige, les nuages, la brume... Chaque fois que les Pyrénées veulent bien se  montrer, une nouvelle facette de leur "personnalité" nous apparaît, c'est presque magique tellement c'est époustouflant. Certains jours je pourrais y passer la journée, me dire que vraiment, il faut que je fasse quelque chose avec cet appareil photo qui n'est jamais là quand il faut ! Si seulement je pouvais imprimer les images que mes yeux perçoivent...

Bref, même si elles ne sont pas réceptives aujourd'hui, je suis certaine qu'un jour elles comprendront. J'ai d'ailleurs eu la preuve qu'elles intégraient très bien ce que je tentais de leur faire passer quelques minutes plus tard... Elles m'ont montré qu'elles avaient acquis quelque chose d'essentiel, quelque chose d'exceptionnel, quelque chose de magique : le sentiment. J'avais réussi à leur transmettre cette chose abstraite, cette chose si difficile à appréhender, quelle fierté de les voir et de les entendre m'expliquer que oui, ce tronc là, il leur faisait peur, il était gros, surtout pour des poneys, mais elles sentaient qu'elles pouvaient le faire, vraiment. Elles sentaient que c'étaient possible, peut-être se vautreraient-elles lamentablement mais  l'exercice serait bénéfique parce qu'elles avaient la sensation qu'il fallait le faire, que le couple qu'elles formaient avec leur monture était capable techniquement et mentalement d'amener et de produire cet effort de manière juste.

Je ne savais pas moi même si chacun séparément était capable d'effectuer cet exercice, l'obstacle était effectivement gros pour des poneys, et surtout c'était un obstacle fixe, si l'un d'eux laissaient les genoux dedans c'était la chute assurée. J'ai pris le parti de leur faire confiance, parce que le sentiment ça ne se commande pas, et quand on sait l'écouter on a peu de chance de se tromper. Et puis si mes poneys s'estimaient incapable de le faire ils s'arrêteraient, cependant je les sentais en confiance, sereins. Les filles m'ont fait deux abords magnifiques, l'équilibre, la cadence, l'impulsion, l'énergie, tout y était, c'était du beau boulot ! Ne restaient plus aux poneys qu'à faire le leur. Premier gros obstacle fixe de leur vie, un chouille trop de confiance mais du coup un mental d'acier (ça aussi c'est une fierté parce que c'était pas gagné d'avance), aucune marge, les genoux sont même à moitié restés dans l'obstacle mais le poil de poney ça glisse ! On n'est pas passé loin du panachage en règle mais les deux sont passés, de justesse mais passés... Ouf me direz vous... Pas sûr... 

En effet, la première cavalière avec sa petite tendance à se jeter sur le côté a été surprise par le passage de dos de sa jument et a été légèrement éjectée... Petite chute sans gravité après l'obstacle, une chute d'école, celle qui vous instruit et qui vous apprend que : on reste à sa place même pendant le saut, on n'essaie pas de se la jouer à la Mérédith Michaels Beerbaum sur 160 alors qu'on saute 110... La deuxième n'est pas tombée mais son poney (qui avait aussi laissé les genoux) a tellement monté le dos qu'elle s'est retrouvée couchée sur ses oreilles à la réception, il est gentil, il n'a pas baissé la tête... Mais c'est pas passé loin ! 

Pour moi et pour elles un succès total. Elles sont rentrées tellement fières et heureuses de l'avoir fait. Les chutes on s'en tape, l'important c'est d'avoir réussi à emmener leurs poneys avec assez de confiance pour qu'ils se pensent capable de le faire, n'importe quel cavalier vous dirait que c'est l'essentiel, le ciment qui forme le couple, qui crée l'osmose : la relation de confiance induite par une équitation juste qui rassure le cheval.

Difficile d'exprimer la sensation que cela procure, constater que l'on a réussi à transmettre une telle confiance, un tel sentiment de sécurité et la technique, évidemment, permettant à ses cavaliers comme à ses jeunes poneys de se confronter à de réelles difficultés. 5 ans ce n'est vraiment pas vieux pour atteindre la maturité leur permettant d'effectuer un exercice si compliqué, surtout avec des cavaliers pas si expérimentés que ça sur leur dos. Quel bonheur, quelle fierté de faire passer un savoir faire, un savoir être... 


En un mot comme en mille, quel bonheur, quelle fierté de parvenir à transmettre...



vendredi 27 janvier 2012

Super Woman, c'est moi


Voici une petite anecdote qui m'était sortie de la tête et qui m'est revenue il y a quelques jours.

Lors d'un cours de niveau galop 2/3 où je voulais faire travailler leur mise en selle à mes cavaliers, j'avais décidé de commencer par un petit travail sur le plat, suivi du passage d'une barre au sol et enfin, d'un petit obstacle. Généralement les cavaliers aiment la mise en selle-obstacle (les miens en tous cas), ils se rendent compte qu'ils sont capables de faire des choses dont ils n'avaient pas idée jusque là même s'ils sont toujours réticents la première fois.

J'ai même un jour fait une petite expérience, je faisais sauter mes cavaliers de sport étude au trot avec une barre de réglage sur un oxer de croix. Donc un obstacle large, d'une hauteur limitée étant donné que le centre de l'obstacle est le centre de la croix mais tout de même impressionnant étant donné que les bords sont beaucoup plus haut que le centre. Vous pouvez vous imaginer deux X l'un derrière l'autre que vous pouvez espacer de la largeur que vous voulez et dont vous pouvez régler la hauteur des branches (l’extrémité du bas posée par terre, et l'autre à la hauteur que vous voulez). Il y avait un poney qui ne voulait plus sauter dans le lot, ainsi que des chevaux qui n'étaient pas forcément reconnus pour leur grand sens de l'obstacle... Et bien à la fin de la séance, mes cavaliers et chevaux de club sautaient facilement et dans le plus grand relâchement un obstacle d'1,10m de haut et d'environ 90cm de large. Et tout ça sans étriers s'il vous plaît ! 

Bon, et alors ? Me direz-vous.

Et bien pour finir la séance, j'ai décidé de leur faire remettre les étriers pour qu'ils se rendent compte de la différence. Cela aurait dû être plus facile non ? Vous en pensez quoi vous ? 

Donc si la plupart des chevaux ont fait ce dernier exercice grâce à la confiance qu'ils venaient d'emmagasiner sur l'exercice précédent pour le premier saut (c'est ce que j'appelle hypothéquer la confiance : à faire le moins souvent possible, c'est très mauvais pour le moral du cheval mais parfois utile pour le cavalier), cela ne s'est pas passé de la même manière pour le saut suivant. Les plus francs ont fait un saut très crispé, quand aux autres, ils se sont carrément arrêtés. Mais pourquoi me direz vous ? Tout simplement parce qu'ils ne sentaient plus leur cavalier en phase avec eux, ils avaient perdu le contact, le liant en quelque sorte. Ce jour là, mes cavaliers se sont rendu compte que les étriers n'étaient pas forcément un gage de sûreté et d'efficacité, et parfois même le contraire...

Ça vous en bouche un coin, hein ?!

Notez bien que cette hypothèque de confiance peut également être utile pour faire passer un cap à un cheval, mais il ne faut pas se tromper, pour certains, en particulier les jeunes chevaux, cette confiance est très fragile et s'effrite très vite. Dans le cas présent, je ne l'ai pas fait pour mes chevaux mais pour mes cavaliers, j'ai donc sciemment mis à mal la confiance de mes chevaux de club pour qu'ils montrent à leur cavalier que leur comportement dépendait de l'attitude et du liant de celui qu'ils avaient sur le dos. Evidemment je ne l'ai fait que parce que j'avais de très bon chevaux d'école et d'âge qui avaient une grande confiance en moi et j'ai fini par un exercice facile pour eux. 

Il ne faut pas croire, la plupart du temps les chevaux sont mes complices, ils savent très bien où je veux en venir quand je leur présente un exercice un peu difficile. Ils comprennent que c'est un test et qu'il ne faut pas faire de cadeau : si le cavalier fait ce qu'il faut, aucun problème ; dans le cas contraire c'est la sanction immédiate, à l'obstacle cela se traduit par un refus ou bien une dérobade la plupart du temps. J'ai parfois l'impression de voir un petit clin d'oeil dans leur regard, du genre : 

"-T'as vu, j'ai bien fait mon travail de maître d'école sur ce coup là, hein !"

Enfin bon, pour en revenir à mes moutons, j'ai donc fait ma petite séance de mise en selle en mettant ma barre au sol sur la piste afin que mes cavaliers n'aient pas à se soucier de la direction. Ils ont fait l'exercice plusieurs fois sans étrier au trot sans vraiment de problèmes même si la position était loin d'être parfaite (Paris ne s'est pas faite en un jour). Après quelques passages au trot sur la barre au sol et quelques minutes au pas pour souffler, je monte un petit obstacle de 20cm à tout casser. A peine de quoi enjamber pour les poneys. 

Je leur fais faire l'exercice au trot puis leur propose d'essayer au galop pour ceux qui le souhaitent. Je leur précise bien que le galop est plus confortable mais qu'il faut faire très attention à la "transition descendante" du galop vers le trot qui est loin d'être facile à "encaisser". Je leur donne une astuce pour ne pas être trop secoués en leur disant qu'ils doivent essayer de passer au pas le plus vite possible dès leur transition. Vous me direz que ce n'est pas vraiment une astuce, mais je vous promets que si je ne dis pas ça c'est toujours le drame ensuite. Non parce que si je dis à mes cavaliers de repasser au trot, vous pouvez être sûrs que 100% vont arrêter de freiner leur monture dès la première foulée de trot, c'est à dire au moment où leur poney sera dans le plus grand déséquilibre et au grand trot, le truc le plus inconfortable et casse gueule du monde (surtout pour des "débutants"). On sait pas pourquoi, mais c'est pour tout le monde pareil, dès qu'ils sont au trot et ben ils arrêtent de freiner leur cheval. Genre ils doivent se dire :

"- Ouf, c'est bon, je suis au trot ! Sauvé !!" 

Et là, ben vous pouvez être sûrs à 99.9% qu'ils se pètent tous la gueule... C'est presque mathématique.

Donc bon, comme j'aime pas trop bien que mes cavaliers finissent le cul par terre (même si ça fait partie du truc hein, faut pas se leurrer non plus !), je les préviens, je leur dis qu'ils doivent continuer de ralentir leur poney jusqu'à ce qu'ils soient au tout petit trot, voire au pas (ça c'est pour ceux qui ont une notion très approximative du petit trot). Je leur répète généralement plusieurs fois pour qu'ils comprennent que c'est vraiment important, je leur dis que quoi qu'il arrive, il ne faut surtout pas qu'ils se penchent en avant, même s'ils en ont envie parce qu'ils sont déséquilibré, fin bon, tout ça quoi !

Nous voilà donc partis sur notre exercice d'enjambage de barre enterrée au galop, chacun son tour, ils partent au galop du petit trot dans le premier virage, passent l'obstacle puis repassent au trot plus ou moins chaotiquement avant de repasser au pas et de venir se ranger au milieu. Jusque là, tout va bien. Je précise que lors de ce cours je n'avais que des poneys d'école avec plus de propension à rester arrêté qu'à embarquer leur cavalier au grand galop. Tout ça pour dire qu'ils ne demandaient que ça, eux, de repasser au pas le plus vite possible. S'ils avaient pu s'arrêter net juste derrière l'obstacle, ça ne les aurait pas dérangé le moins du monde...

Enfin bon, donc l'exercice se passe et vient le tour d'un de mes jeunes cavaliers. Ils sont rares, c'est plutôt un sport de fille, mais j'en ai tout de même quelques uns. Celui-ci est vraiment très gentil, d'une extrême politesse mais aussi très distrait et donc vraiment très énervant. Le genre de gamin de 9/10 ans qui regarde ailleurs quand vous lui expliquez quelque chose, pas celui qui fait exprès pour vous faire comprendre qu'il vous emmerde, non, le genre qui peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui, et qui ne perçoit pas la portée éventuellement problématique du phénomène.

Nan mais c'est sûr, c'est pas comme si je lui expliquais comment ne pas se casser la gueule de son poney, mais bon, c'est vrai, c'est d'une utilité toute relative... Après tout, chacun fait comme il veut hein, c'est pas moi qui suis dessus !

Je précise bien qu'il a l'esprit très vif et qu'il peut écouter quand il se concentre vraiment, ce n'est pas un problème de retard mental ou un truc du genre, c'est juste de l'inattention, de la très très énervante inattention.

Donc bon, c'est son tour, je lui répète tout encore une fois, on sait jamais... Il part au galop, saute son obstacle très bien puis repasse au trot, et là, je sens poindre le drame... Au lieu de continuer de freiner son poney pour retrouver une allure à peu près confortable et gérable, il se penche en avant et finit par basculer sur le côté... Le poney sait pas trop bien quoi faire avec ce truc plus ou moins accroché à son encolure, du coup il prend la décision de revenir le plus vite possible à côté de maman (maman c'est moi) des fois que je sache quoi en faire, moi, du truc...

Il y a à peu près 8 mètres entre le poney et moi, le gamin finit par choir lamentablement au moment fatidique où le poney repasse au pas en arrivant à 3 mètres de moi, autant dire qu'il tombe pratiquement à l'arrêt, rien de méchant (mes poneys ne sont pas vaches, ils ne jettent pas sciemment leurs cavaliers). Mon poney me regarde alors avec un air presque aussi désespéré que le mien, et là, le gamin vexé et encore assis par terre, me fixe outré, et tel un sale gosse capricieux (qu'il n'est pas le moins du monde) et super en colère me crie à moitié en pleurant :


"- Mais t'es nulle !!! T'aurais quand même pu me rattraper ! 



  -  ....... "    (Hem, comment te dire...)


En fait je crois que j'ai explosé de rire !

Pardon, c'est vrai, Super Woman c'est moi ! Je rattrape les cavaliers en plein vol ! 

Excuse, j'avais oublié......








Ps : Après quelques explications sur la nature de mes capacités de rattrapage de cavaliers en train de choir lamentablement, ce jeune homme a refait l'exercice en appliquant bien toutes les consignes...

Evidemment, il n'est pas tombé.


L'expérience....        Y a que ça de vrai !    


dimanche 1 janvier 2012

Equifeel


Voilà, alors il y a quelques jours j'ai eu l'idée saugrenue de me lancer dans l'Equifeel alors que j'y connaît rien du tout.

Ben oui, parce que ce que mes cavaliers veulent...

Donc nous voilà partis pour faire de l'Equifeel qui est une sorte de dérivé de l'éthologie qui est elle même dérivée de ce que tout bon Homme de Cheval est censé savoir sur son compagnon saboté. Oui, donc j'y connaît quand même un peu en fait.

Et là je me suis rendu compte que mes cavaliers n'avaient vraiment aucune notion de la manière dont il fallait s'y prendre pour travailler avec leur monture à pied.

On aurait dit des poules qui auraient trouvé des couteaux, ou des fourchettes, je sais pas trop, autant dire qu'ils avaient l'air un peu empotés quoi. Leur longe toujours trop courte ou trop longue, leur position par rapport au cheval jamais en phase avec leur demande, un manque flagrant de tonicité. Oui, bon, c'est des ados mais quand même... 

Fin bon, pour résumer, tout ce qui m'a toujours paru naturel à moi ne l'était de toute évidence pas pour eux ! Grande découverte ! Le rapport-au-poney n'est pas si instinctif que je croyais...
J'ai toujours l'impression que mes chevaux me "parlent", mais à priori il ne doivent pas "parler" à tout le monde...

Du coup j'ai entrepris de leur expliquer deux ou trois choses basiques histoire de leur inculquer quelques bases "vitales".

1 Faire en sorte que le cheval soit à l'écoute

-Capter son attention : voix, geste
-L'intéresser à l'exercice : varier
-Vérifier qu'il reste "connecté" : oeil, oreilles, posture
-Le rappeler si besoin

2 Position par rapport au cheval

-La bulle du cheval
-La bulle du cavalier
-Les endroits où elles doivent se rencontrer selon que l'on veut faire avancer, reculer, pivoter ou freiner son cheval

3 La tonicité

-Le cheval se cale sur nous, notre pas
-Son attention dépend de notre intention
-Agir par pressions croissantes jusqu'à obtenir une réponse
-Adapter la pression à la réactivité du cheval
-Imprimer sa volonté grâce à sa propre posture



Nous avons donc passé trois heures la dessus, j'ai adoré voir leurs yeux émerveillés lorsque je leur montrais comment faire. On aurait juré que j'étais magicienne !

Ce regard... C'est la meilleure des récompenses.


Excellente année à tous !!

Premiers pas



Il n'y a pas longtemps j'ai emmené mes presque nouveaux élèves à leur premier concours avec mes tous jeunes poneys.

Oui, comme vous pouvez le constater, j'aime beaucoup me compliquer la tâche...

Mission impossible me direz vous ! Pas si loin de la vérité.

En même temps je n'ai pas trop le choix, je n'ai pas le droit de monter mes jeunes poneys parce qu'il paraîtrait que je serais trop forte pour ça (n'importe quoi...) et eux par contre c'est sûr qu'ils sont pas du tout assez forts pour faire les épreuves auxquelles j'ai le droit de participer... Encore un truc bien foutu !
Et puis j'ai pas assez de "vieux" poneys pour tous mes élèves, donc...

Oui, parce que vous savez évidemment que : 
"A jeune cavalier, vieux cheval" et inversement proportionnel ou égal blablabla

Ben oui mais non, des fois on peut pas !

Donc voilà, j'ai donc emmené mes cavaliers faire leur concours avec ce que j'avais sous la main. Non sans avoir tenté au préalable de les y préparer du mieux que je pouvais quand même, je ne suis pas si vache !

Au cours de ces séances de préparation j'avais donc prévenu que Pistache était un petit con qui allait essayer de les trimbaler du début à la fin ; j'avais prévenu que Blanche était super tignouse et qu'il fallait être plus tignouse qu'elle et j'avais prévenu que Choupette était une crème, qu'elle savait presque lire les numéros des obstacles pour être bien sûre d'amener son cavalier à bon port. 
J'avais aussi prévenu qu'il valait mieux y aller au trot avec Kaki plutôt que de risquer qu'il dérobe, que Diva et Démon allaient beaucoup regarder les obstacles vu que c'était leur premier vrai concours de leur vie de bébé cheval.
Et enfin, j'avais prévenu que le dernier virage était vraiment très serré...

Bon alors, vous voulez savoir ??

Ok, alors effectivement Pistache a fait son p'tit con et a trimbalé sa première cavalière de long en large dans la carrière tout en prenant bien soin d'éviter tous les obstacles... Tous les obstacles sauf un... qu'il a allègrement sauté à l'envers... Ouais je sais... Heureusement son autre cavalière qui commence à le connaître a un peu a sauvé les meubles en lui expliquant la vie. Sale gosse ! C'est ça les pottok (ou plutôt pottokak pour les connaisseurs ;))

Blanche a bien fait sa tignouse, mais sa cavalière a fait pareil, résultat, au moment où la ponette a dit "Bon ok, je lâche l'affaire et je fais ce que tu dis" et ben elle a trébuché et la gamine est tombée... Ouais je sais...

Choupette a été plus crème que crème, elle a emmené sa cavalière tout juste de retour de convalescence à bon port en bonne ponette parfaite qu'elle est. Je t'aime Choupette ♥

La cavalière de Kaki a voulu faire mieux que tout le monde en bonne ado en crise qu'elle est , résultat : trois dérobade et éliminée...

Diva a un peu regardé mais s'est comportée en bébé cheval exemplaire en sautant tous les obstacles même si elle a beaucoup hésité sur les premiers. Sa cavalière a un peu pêché par excès de confiance au tout début, résultat : un joli saut à l'arrêt sur le numéro 1. Ça secoue mais le reste a roulé tout seul, au petit galop, peinard.

Mon petit Démon d'amour et sa choupinette de cavalière m'ont super bien écoutée. Le loulou a fait tout son parcours au trot, trop mignon ♥ Il ne s'est pas arrêté une seule fois alors que je sais que tous ces nouveaux obstacles colorés lui faisaient très peur et qu'il en avait très envie. Alors évidemment, je crois qu'il a battu le record de lenteur, mais ça n'est vraiment pas ça l'important. Son premier concours lui laissera un sentiment rassurant de facilité grâce à une cavalière toujours présente pour le guider tout au long du parcours, je crois que je n'aurais pas mieux fait.

Bon, et pour le virage me direz vous ?

Et bien il se trouve qu'il était en effet très serré, tellement serré que ma dernière cavalière a été victime d'une séparation de corps d'avec sa jument... Ben oui, parce que quand on tourne,  ça sert à rien d'y aller tout seul, le mieux c'est quand même d'emmener son cheval avec soi...

Voilà voilà.

Dans ma future vie je ferai devin ;)


vendredi 25 novembre 2011

Un mentor


C'est quoi un mentor d'abord ?

Moi ça me faisait marrer ces séries télévisées américaines où les mecs disaient : "un tel est mon mentor". Je me disais que c'était bien un truc d'américain ça, encore un truc qui fait classe et qui sert à rien...

Et puis un jour j'ai rencontré quelqu'un, un peu par hasard, un peu comme si quelque chose ou quelqu'un l'avait mis sur ma route, vous savez, ces gens qui illuminent...

Je  cherchais une écurie pour faire ma formation de monitrice, je n'étais pas dans ma région d'origine alors je ne connaissais pas du tout le "milieu équestre" du coin. Je savais qu'il y avait deux ou trois écuries pas loin de chez moi mais je ne les connaissais pas. Il se trouve que, quand j'allais au travail (celui d'avant) par la route de derrière, je passais devant un endroit qui m'attirait, je ne savais pas ce que c'était car je ne voyais qu'un toit type hangar qui ressemblait à un manège mais qui aurait aussi très bien pu être une étable. Plus je passais devant, et plus quelque chose m'appelait par là-bas, c'était bizarre.

Une fois, en tournant un peu, j'avais fini par découvrir le chemin d'accès  et je m'y étais arrêtée, comme ça, pour voir. C'était bien des écuries, mais des écuries, où, ce jour là, il n'y avait personne... Bon, tant pis, et puis ça m'avait paru un peu froid comme ambiance. Peut-être parce que c'était désert.

Comme je ne cherchais pas encore à me reconvertir à ce moment là, je n'avais pas été plus loin, j'avais l'occasion de monter de temps en temps et ça me suffisait. De toutes façons, je n'avais pas vraiment le temps.

Et je ne sais plus bien comment, le jour où j'ai vraiment décidé d'entamer ma "reconversion", je me suis retrouvée avec plusieurs numéros de téléphones d'écuries de la région. Il fallait que je trouve un tuteur pour ma formation. J'ai choisi un numéro au hasard et, par chance car c'est très rare dans un centre équestre, je suis tombée sur quelqu'un du premier coup. Ce n'était pas le propriétaire, c'était le moniteur, je lui ai expliqué ma démarche et nous avons tout de suite sympathisé car il avait également travaillé dans l'institution dans laquelle je me trouvais à l'époque. Après notre conversation, le moniteur m'avait invité à passer aux écuries pour un entretien avec mon éventuel futur tuteur et, lorsqu'il m'avait donné l'adresse, je m'étais rendu compte qu'il était en train de m'indiquer l'écurie que j'avais été "visiter" des mois auparavant... Nous avions eu un très bon contact au téléphone et je pense que c'est un peu grâce à ça que j'ai ensuite pu rencontrer mon futur tuteur.

La première fois que j'ai rencontré M j'étais très intimidée, un homme grand, une silhouette de cavalier, le visage pâle et marqué et les cheveux grisonnants. Il avait un air avenant et un charisme indiscutable, d'une voix grave il avait entamé la discussion. Il voulait que je lui explique ma démarche, pourquoi je voulais changer de métier, ce que j'avais fait auparavant, mon niveau équestre... Il me fit faire un essai avec un cheval que je ne connaissais pas, il m'avait presque fallu un escabeau pour le seller tellement il était grand ! Il s'avère que cet "éléphant" comme d'aucuns aiment à le surnommer est par la suite devenu mon "éléphant"...

Cela faisait un bon moment que je n'avais pas monté, et encore plus longtemps encore que je n'avais pas sauté, j'ai cependant pris mon courage à deux mains pour avoir cette formation. Et puis je ne suis pas trouillarde de nature, donc j'avais fait mon job et j'avais enchaîné mon petit parcours. J'avais dû limiter les dégâts car, quelques semaines plus tard, après avoir évalué deux autres éventuels futurs élèves moniteurs, il m'avait rappelé pour m'annoncer qu'il m'acceptait en formation chez lui. J'étais trop contente, même si je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Je dois avouer que je n'avais postulé nulle part ailleurs, on pourrait prendre ça pour un manque de modestie ou une trop grande confiance en moi mais je ne l'explique pas comme ça. Je savais que c'était là que je ferai ma formation, dans cette écurie, avec cette personne, je le savais, je ne peux pas expliquer comment ni pourquoi mais c'était comme ça. Et puis au pire, j'aurais encore le temps de postuler ailleurs si vraiment ça n'avait pas fonctionné.

Ce que j'ignorais totalement à l'époque c'est que ce mec était juste le cavalier le plus réputé du coin, non pas pour ses résultats (qui étaient excellents déjà), non pas pour son élevage ni pour son centre équestre, mais pour son intégrité, sa compétence à cheval et plus que tout pour la qualité et la rigueur de son instruction.

Je n'ai passé qu'un an chez lui, les premières semaines ont été un peu rudes. Pas à cause de la masse de travail, depuis toute petite je faisais les box et je paillais les écuries avec mes moniteurs, mais il m'a fallu tout réapprendre, ou plutôt tout désapprendre afin de remettre en place toutes les bases équestres que j'avais, dans l'ordre, avec méthode. J'avais l'impression de ne plus du tout savoir monter et en plus je ne comprenais strictement rien de ce qu'il m'expliquait !

C'est à cette période que j'ai compris que l'équitation était un art presque plus qu'un sport. Un sport a une ou des techniques, un art a des techniques mais il a aussi plusieurs sensibilités. Chacun l'interprète, chacun le conçoit différemment. A cheval on cherche à obtenir la coopération de l'animal par des actions, ces actions entraînent des réactions mais également des sensations, il faut ensuite reconnaître ces sensations, différencier les bonnes des mauvaises... Mais ce n'est pas tout ! Lorsque  l'on se destine à ce métier, il faut ensuite réussir à transmettre tout cela, et pour ça il faut le conceptualiser : 

- qu'est ce que je cherche ?

- pourquoi je le cherche ?

- qu'est ce que je fais pour l'obtenir ?

- quelle est la réaction de mon cheval ?

- est-elle celle que j'attendais ?

- quelle est la sensation que j'ai de cette réaction ?

- comment je comprends cette sensation ?

- quels mots je mets dessus pour la décrire ?

- comment ces mots vont-ils être compris et interprétés par mon élève ?

Vaste programme n'est ce pas ?


Donc je ne comprenais rien. J'avais quand même une certaine expérience et un bon "bagage" comme il me l'avoua plus tard (Mon premier compliment, j'étais trop contente !). J'avais compris que nous avions conceptualisé l'équitation de la même manière, c'était la verbalisation qui foutait le bordel. Nous parlions de la même chose avec des mots différents mais je ne m'en rendais pas compte au début. 

Pour donner un exemple concret, M me parlait tout le temps du dos de mon cheval :

- "Il lâche le dos", 
- "Il n'a pas le dos"
-  "..."

J'en avais plein le dos de son dos ! 

"Comment veux tu que j'agisse sur son dos ? Je suis assise dessus d'accord, mais je n'agis que sur ses jambes et sur sa bouche jusqu'à preuve du contraire !" 

Bon, je le disais pas mais je le pensais bien fort quand même...

Et puis un jour je me suis rendu compte, que son "dos", c'était le résultat de mon "engagement". Je me suis dit : 

"Mais il me parle d'engagement bon sang de bonsoir !!! Mais oui ! "

Bon, je me le suis pas dit tout à fait comme ça mais vous avez compris l'idée. C'était ça, j'étais obsédée par l'engagement des postérieurs sous la masse, et lui, il était obsédé par ce dos qui doit monter lorsque les postérieurs sont engagés sous la masse afin d'alléger l'avant main ! On parlait exactement de la même chose mais pas tout à fait à la même étape, je pensais à l'action (engagement des postérieurs), il pensait au résultat intermédiaire (tension et montée du dos). Le résultat final étant le même : l'allègement du bout de devant. CQFD.

Depuis le départ nous avions la même optique, celle de la plupart des cavaliers à priori, seulement nous ne parlions pas la même langue. M me parlait d'un cheval qui "s'enroulait" quand moi j'estimais qu'il "s'encapuchonnait", alors évidemment, aujourd'hui l'image me paraît assez parlante pour être comprise, mais franchement au début je me demandais bien de quoi il me parlait... 

" Hem... Réfléchissons... Mon cheval s'enroule, euh, ouais, peut-être... Autour de ma jambe pour s'incurver non ? C'est ça ? J'ai bon ? A part qu'on est pas du tout en train de travailler l'incurvation, ça serait super bizarre qu'il me parle de ça. Pffff, j'comprends rien, ça m'énerve !!!"

Comme j'osais rien dire, forcément, j'ai mis quelques cours à tout déchiffrer... Evidemment, si je lui avais demandé, il me l'aurait dit, lui, qu'on parlait de la même chose, mais j'osais pas... J'étais bien trop concentrée pour pouvoir parler, concentrée à essayer de comprendre de quoi on parlait justement !

Et donc, du jour où j'ai compris que je n'avais plus qu'à traduire mes concepts avec ses mots, tout a été beaucoup plus simple. Il fallait que je me fasse un peu plus confiance, mes sensations étaient bonnes, l'analyse que j'en faisais aussi, il suffisait juste que je pose les mots de M dessus pour comprendre ce qu'il m'expliquais. Facile ! Enfin plus facile en tous cas.

Non, parce qu'il faut savoir que beaucoup de cavaliers n'ont jamais "conceptualisé" leur équitation. Ils font des choses sur  et avec leurs chevaux, mais si vous leur demandez d'analyser ce qu'ils font et pourquoi ils le font, vous vous rendrez vite compte qu'ils n'en savent foutre rien ! Beaucoup de cavaliers fonctionne à l'instinct, surtout dans une discipline comme le CSO (saut d'obstacle) ; ils vont pouvoir vous expliquer ce qu'ils font mais rarement pourquoi ils le font, et ils seront encore plus difficilement capables de trouver la corrélation entre la locomotion de leur cheval et l'action qu'ils ont faite alors que cette action était pourtant bien une demande de  modification de la locomotion dans un but précis : rééquilibrer leur cheval, augmenter son amplitude, préparer un changement de pied, ...

Et bien M, lui, il était capable d'expliquer tout ça, il avait réfléchi à tout ça. Ça n'était pas du "C'est comme ça et puis c'est tout !" comme on l'entend souvent dans les carrières ou les manèges. 

J'ai donc passé un an dans les écuries de M, j'ai eu la chance de passer une année entière aux côtés de cette personne extraordinaire, et vous pouvez me croire, j'en ai profité. Je l'ai observé à cheval comme à pied, en train de réfléchir à son équitation ou en train d'essayer de faire passer son savoir à ses élèves. Je l'ai écouté répéter sans cesse ses explications à des cavaliers qui n'en comprendraient sans doute jamais toute la portée, parfois par manque d'intérêt, et souvent par manque de sensibilité, de tact comme on dit chez nous...

Jour après jour je me suis imprégnée de tout ça : sa monte, sa vision, sa technique. Mais ce n'est pas tout. La chose la plus impressionnante chez M c'était sa pédagogie, sa manière de transmettre son savoir, simplement, et avec humour. Non seulement ses cours étaient (et sont toujours j'imagine) d'une qualité exceptionnelle, mais en plus ils étaient drôles, ils étaient aussi intéressants que l'on soit à cheval au milieu de la carrière avec lui, ou que l'on soit à pied de l'autre côté de la barrière à regarder la scène. C'était presque un spectacle dans ce cas là !

Au fil du temps un certaine complicité est née. Il était à cheval pratiquement toute la journée, et s'il n'était pas à cheval il donnait un cours, il était donc tout le temps au milieu de la carrière ou du manège. Je montais à cheval en même temps que lui, je montais ses chevaux, ou ceux de ses propriétaires. Il avait assez de respect pour moi pour ne pas intervenir dans mon travail, je l'ai toujours beaucoup admiré pour ça ; il me laissait chercher la solution et il me laissait venir à lui si je ne la trouvais pas. La plupart du temps il me disais que j'avais la bonne solution et que je n'étais pas assez patiente, ou alors il m'orientait afin que je la trouve par moi même et qu'ainsi je bénéficie de ce magnifique sentiment de satisfaction : celui d'avoir résolu un problème, d'avoir amélioré la locomotion ou le travail d'un cheval. 

Je n'ai jamais autant appris qu'à son contact, pas tant sur l'équitation, même si j'ai énormément appris, mais surtout sur les relations humaines, la pédagogie, la transmission, l'amour de son métier de cavalier mais surtout de Professeur dans le sens le plus noble du terme. 

Je me souviens encore de ces moments, très tôt le matin, dans le calme froid du manège. La vapeur sortant des naseaux des chevaux, leurs pas assourdis par le sol souple, leur souffle cadencé par l'allure, les copeaux de cuir rebondissant contre le pare botte. C'était parfait. Chacun dans sa bulle, tout en observant l'autre ; lui pour estimer mon travail, moi pour essayer d'apprendre encore quelque chose.

Il nous donnait des cours évidemment, deux fois par semaine, nous étions deux élèves monitrices. Ma coéquipière faisait sa formation sur deux ans, elle était donc là pour la deuxième année. Je l'enviais d'avoir eu deux ans... Deux fois plus de temps pour apprendre deux fois plus de choses... 

Pourtant je dois dire que ce ne sont pas nos cours particuliers qui m'ont le plus appris, ce sont justement les séances où j'étais seule, seule mais avec la certitude qu'il était là, au cas où...

La complicité c'était aussi quand j'étais à pied, au milieu de la carrière avec lui, pendant qu'il donnait un cours à ses élèves et qu'il me demandait ce que j'en pensais. Le travail du cavalier, celui du cheval, l'exercice était il bien exécuté, comment faire alors ? Ce n'était pas stressant, je ne me sentais pas interrogée, il demandait quel était mon avis et il avait l'air plutôt satisfait des réponses que je pouvais lui faire. C'était une grande fierté pour moi. Rien que de pouvoir donner mon avis, le fait qu'il s'y intéresse, que l'on puisse en discuter et recevoir ses explications ensuite ; il pouvait faire 2° au milieu du manège, j'étais tellement captivée que ça me réchauffait. La journée était pourtant finie depuis longtemps, mais c'était le meilleur moment, celui où il n'y avait plus de bruit que celui de sa voix qui résonnait dans le manège pendant que les chevaux mastiquaient leur foin de l'autre côté dans l'écurie. C'était magique.

Des moments comme ça, il y en a eu des tas : l'arrivée des jeunes chevaux de l'élevage, leur débourrage, la compétition, les séances d'obstacle où je lui mettais les barres. Ces fois là, il m'expliquait que tel cheval avait tel capacité, ou tel problème :

"Celui là, plus sûr de lui, tu meurs ! Il a peur de rien, tu peux monter les barres autant que tu veux, il y va comme s'il allait se promener... Je sais pas encore si ça va être un problème ou un avantage."

J'avais du mal à comprendre la porté de tout ce qu'il disait, c'était souvent très abstrait pour moi et encore aujourd'hui, il m'arrive de me dire, lorsque je comprends quelque chose de nouveau : "Ah, mais c'était de ça qu'il parlait !..." Parfois je trouvais le temps de lui demander des explications complémentaires, mais souvent j'essayais d'imprimer ses paroles pour pouvoir les comprendre plus tard, dans d'autres situations.

Ces moments, il y en a eu des tas, mais pourtant j'ai toujours l'impression qu'il n'y en a pas eu assez.

J'adorais quand il descendait de cheval et qu'il disait : "Ah ! J'ai été bon aujourd'hui !" 
Il n'avait pas enchaîné un parcours de 140, non non, il avait juste travaillé un cheval sur le plat. J'ai appris jour après jour ce que ça voulait dire "être bon".

Il voyait passer un cheval qui revenait de la douche et rien qu'en regardant fonctionner les muscles de son dos il savait dire si la séance avait été bénéfique ou non.
Ça aussi je l'ai appris de lui, je n'ai pas son oeil mais je ne me trompe quand même pas souvent.

Je descendais de cheval : "Alors, t'as été bonne ???"
Au début je ne savais pas trop quoi répondre et puis, petit à petit, j'ai appris à évaluer mon travail, mes séances. J'ai appris à dire oui, quand c'était le cas, je pouvais même l'expliquer et l'argumenter. Aujourd'hui, quand je descend de cheval, ou quand un de mes élèves descend de cheval et que je ne l'ai pas vu, j'ai toujours ce réflexe.

M était plutôt avare de compliments, c'est pourquoi je suis vraiment très fière d'en avoir reçu quelques uns. Malgré la distance, j'essaie de me souvenir de tout ce que j'ai pu apprendre à son contact, et j'en fais, j'espère, bon usage.

Pour tout ça et tout le reste, merci.

Je n'ai pas peur de dire que tu es un excellent MENTOR, même si j'aime décidément pas ce mot.



Ps : M avait aussi quelques défauts bien exaspérants tel que le manque d'organisation et d'autres encore, mais j'ai compris que c'était exactement les même défauts que ceux d'un artiste. Pour eux, ces choses n'ont pas d'importance, l'essentiel est ailleurs... 



dimanche 23 octobre 2011

Tu pousses le bouchon trop loin Maurice !!


Ce billet fait suite à quelques interrogations que j'ai eu après une journée de cours bien pourrie. 

Pourrie parce que premièrement je l'ai passée sous la flotte et que j'aime pas trop ça, et deuxièmement parce que j'ai eu l'impression de passer ma journée à hurler sur mes élèves... 

Pas très réjouissant, et puis ça laisse un goût plutôt amer dans la bouche.

Bon, entendons nous bien, je dis hurler, parce que de toutes façons, à moins d'être équipé High Tech et d'avoir un micro, un moniteur passe son temps à crier au milieu de la carrière s'il veut que ses élèves réussissent à percevoir un minimum de consignes et d'explications. 

Et là je ne vous parle que des jours de beau temps, quand il n'y a pas de vent, de tracteur, d'individu mal intentionné qui décide de passer le débroussailleur sur le pourtour de la carrière ! 

Imaginez vous par jour de grand vent, il faut calculer à quel moment le cavalier va passer dans le sens du vent pour que le son qui sort de votre bouche atteigne ses oreilles, il faut ensuite essayer de synthétiser au mieux la phrase que l'on veut lui dire, et le pire, c'est qu'au moment où vous allez lui donner des conseils ou le reprendre sur sa position, ce que vous direz n'aura plus rien à voir avec ce qu'il est à présent en train de faire... Pour peu qu'en plus le cavalier soit un peu dur d'oreille ou complètement ailleurs, c'est comme si vous parliez dans le vide.

Et le must, le pire du pire, c'est l'orage de grêle qui dure une heure, juste l'heure de cours... Alors quand vous avez de la chance vous êtes dans un manège, enfin, de la chance c'est vite dit ; imaginez vous en train de parler alors que toute la fanfare du 14 juillet défile sur le toit en tôle ondulée du manège. 

Je vous décris la sensation : vous ouvrez la bouche, vous articulez vos mots de la voix la plus puissante possible et... même vos propres oreilles n'entendent pas le moindre son sortir de votre bouche. Je vous promets que c'est une sensation vraiment, mais vraiment très désagréable.

Bon, voilà, ça c'était pour planter le décor, mais ça n'a rien à voir car ce jour là, à part la pluie, ça allait encore. Niveau acoustique, c'était gérable.

Je me suis rendu compte que ma pédagogie, ou du moins ma tentative de pédagogie, suivait une courbe très étrange lorsque j'arrivais dans un nouvel endroit ou lorsque j'avais de nouveaux élèves.

Oui, c'est ça, des élèves tous beaux/tous neufs, dans un endroit tout beau (ou pas), tout neuf (jamais vu encore mais j'aimerais bien !). Vous savez, la sensation de tout recommencer sur de bonnes bases, quand tout est encore idéalisé, qu'on se dit que là, c'est pas comme là où on était avant ; qu'ici au moins les chevaux ne sont pas dans des box sales (ils sont au pré où il n'y a pas d'herbe ni d'abri mais on leur donne du foin quand on n'oublie pas, c'est mieux non ?), qu'on a du matériel qui tient la route (bon, à part la sangle que ça fait 20 fois qu'on me dit qu'on va en racheter une mais que c'est toujours pas fait...), qu'on a un vrai bureau rien qu'à soi (ça serait possible d'avoir un ordi avec ? Non ? Bon tant pis...) et toussa toussa

Donc voilà, quand je fais mes premiers cours avec mes nouveaux élèves tousbeaux/tousneufs tout se passe extraordinairement bien, ils écoutent, sont super attentifs, se concentrent et les cours sont géniaux. Ils sont souvent super contents parce qu'ils ont l'impression d'avoir appris plein de nouveaux trucs que personne ne leur avait jamais dit (bon, j'espère que c'est pas qu'une impression hein), mais généralement on leur avait déjà dit, mais pas comme ça, et comme ça c'est mieux. Ben oui, forcément que c'est mieux, puisque c'est moi qui l'ait fait... Non ?

Fin voilà, donc les premières semaines c'est la lune de miel, tout est magnifique, j'ai les meilleurs élèves du monde, ils sont super forts, ils arrivent à faire tous les exercices, même quand ils sont un petit peu compliqués pour leur niveau et tout et tout. Mais bon, ça c'est normal puisque je suis une super monitrice... Non ?

Et puis un jour... Patatra, tout s'écroule, fini la lune de miel, fini les supers élèves attentifs, fini les exercices réussis en fin de séance même si c'était super difficile... Mes supers élèves tousbeaux/tousneufs se sont transformés en élèves normaux, plustoutàfaitbeaux/plustoutàfaitneufs et je me rends compte qu'ils n'écoutent pas si bien que ça, ou pas tout le temps, et qu'il n'appliquent pas si bien que ça les consignes pourtant claires et précises que je leur donne. Du coup je répète au moins un millier de fois la même chose avec des mots différents pour voir si ça viendrait pas d'un défaut de compréhension, je leur demande ce qu'ils n'ont pas compris...
Réponse : "Si j'ai compris..."
Alors pourquoi ils ne font pas ce que je leur demande... 
Réponse : "J'sais pas..."

Et là ça commence généralement à m'énerver parce que j'ai épuisé toutes les solutions pédagogiques humainement utilisables au milieu d'une carrière : explications, mimes, dessin dans le sable, ré-explication avec d'autres mots, démocratie participative (qui m'explique ce qu'il faut faire et comment ?...), et tout le reste ! 

Donc, je hurle... Attention, je ne hurle pas pour les insulter et leur dire que ce ne sont que des bons à rien qui n'ont rien à faire là et qu'ils feraient mieux d'aller enfiler des perles comme certains peuvent le faire d'une manière assez récurrente au milieu de leur carrière. Non, moi je hurle mes consignes, en fait je les crie plus fort, parce que j'ai l'impression que quand je ne fais que crier le son n'atteint pas leur cerveau, il doit s'arrêter avant, entre le tympan et le premier neurone ou un truc comme ça...

Mais pourquoi tant de haine ? Ça devrait pas m'arriver, je sais que ce que je demande n'est pas trop compliqué, enfin je crois... Non ?

Voilà, vous venez "d'assister" à la séance fatidique, celle qui nous permet à moi et à mes élèves d'atteindre de point 0 de leur apprentissage. Je m'explique.

Cette séance à deux effets.

Le premier est que mes élèves se rendent compte que j'ai, tout comme leurs parents et tout être humain normalement constitué, une patience qui a ses limites et que même si ces limites sont difficiles à atteindre vraiment, il faudrait voir à ne pas pousser le bouchon trop loin Maurice. 

Le second effet est plus subtil, je me rends compte que mes élèves ne sont pas parfaits, que parfois ils ne sont pas concentrés, que parfois ils ne sont pas doués, que parfois ils n'y arrivent pas et puis voilà, c'est comme ça et c'est pas la fin du monde.

Je me rends donc compte de leurs limites comme ils viennent de se rendre compte des miennes, ce n'est pas parce qu'ils ont magnifiquement réussi un exercice super difficile la dernière fois qu'ils vont toujours réussir les exercices super difficiles, surtout si je pars du principe que ce qu'ils ont réussi une fois est acquis. Grossière erreur !! 

Et oui, tout comme dans l'éducation et le dressage du cheval, on ne part jamais du point culminant de la séance précédente, beaucoup trop présomptueux mademoiselle voyons ! On repars toujours de la base, des exercice qui sont maîtrisés, on répète les gammes et petit à petit on y ajoute des nouveautés, par petite touche, et surtout on ne pourri pas le moral de ses élèves, qu'ils soient humains ou équins, en leur demandant des exercices qui leur demandent toutes leurs ressources physiques et mentales sur plusieurs séances d'affilé, on les laisse souffler un peu que diable !

Et voilà ma courbe pédagogique qui après une monté en flèche fulgurante suivie d'une chute aussi abrupte que violente, se remet lentement à gravir les échelons de l'apprentissage, pas à pas. Nous sommes mes élèves et moi sur la même longueur d'onde, il n'ont pas un moniteur parfait bien qu'ils l'adorent (oui oui, j'vous jure c'est vrai) et je n'ai pas des élèves parfaits bien que je les apprécie beaucoup également, chacun avec leurs petits défauts, leur caractère timide, curieux ou bien râleur (vive les ados...)

J'imagine que c'est ça, le "lâcher prise" et je dois dire que la sérénité qui s'ensuit est assez reposante...


vendredi 9 septembre 2011

Remonter tout de suite avez-vous dit ? Qu'à cela ne tienne !



Bon alors voilà, aujourd'hui c'était le jour fatidique avec mon poney traumatisé...


Et comme il fallait rééquilibrer les forces de l'univers (rapport au super poulinou gentil de la dernière fois), ben... ce ne fut pas de la tarte !


Tout allait plutôt bien pourtant : 


-longe : ok (après quelques déboires quand même, une cervicale, un bras qui a pris 2 cm et les doigts brulés...)
-filet : ok (sans problème, vive les poneys, même quand ça lève la tête c'est plus petit que moi )
-selle : ok (serre un peu les fesses au sanglage mais ça va passer)
-montoir : ok ?! Ouais, bizarre mais bon, pourquoi pas (attention, on passe pas encore la jambe hein, c'est juste monter descendre sur l'étrier, faut pas déconner non plus !)


Bon, ben on va commencer les choses sérieuses avec Gisèle qui tient la longe pendant que je monte dessus.


Donc le but c'est que Gisèle tienne le poney pendant que je monte dessus et qu'ensuite elle tienne la longe pendant qu'il apprend à se déplacer avec un cavalier sur le dos.


Ah oui, j'ai oublié de préciser une chose qui sera très utile par la suite, les équidés font une distinction entre la droite et la gauche. Ben comme nous me direz vous ! 
Ben non, en fait, pas tout à fait, rapport au positionnement de leurs yeux : 


Petit schéma qui va bien

Donc, pour faire court, c'est pas parce que notre ami a vu un truc avec son oeil gauche et qu'il l'a accepté comme étant inoffensif que ce sera pareil de l'autre côté, ce sera d'ailleurs souvent pas du tout pareil de l'autre côté.

Il faut donc TOUT expliquer 2 fois, une fois pour l'oeil gauche et une fois pour l'oeil droit... Ouais, je sais, c'est relou mais c'est comme ça, et surtout faut pas croire que c'est du flan et qu'on est plus malin que tout le monde. 

Vieux proverbe d'un ami charentais : " Qui fait le malin, va pas loin" 
C'est un peu con con mais c'est pas loin de la vérité...

Donc nous voilà parties avec Gisèle pour débourrer notre poney, si vous êtes observateurs vous aurez remarqué que la partie qui se trouve sur de dos de notre poney est une zone aveugle, super bien foutu la nature, merci beaucoup ! 

Du coup forcément, le poney qui nous voit monter sur son dos, une fois qu'on est dessus ben... il nous voit plus... et ça a tendance à l'inquiéter un tout petit peu, surtout quand il nous voit réapparaître de l'autre côté quand un morceau de notre anatomie se met à dépasser... 

Vous voyez le topo ??

Nous voilà donc avec notre poney traumatisé de la vie qu'on a réussi à détraumatiser un tout petit peu jusqu'à maintenant ; le problème, c'est que l'histoire du cavalier invisible sur son dos a un potentiel anxiogène un chouille super méga énorme...

Alors :

A gauche :

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : ok

A droite

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : super la trouille, il a vu la bombe dépasser de l'autre côté... du coup parti comme une bombe tout droit et moi j'ai sauté vite vite vite

Ah... ben ouais... on avait pas pensé à ça, j'avais pas la bombe sur la tête les autres fois vu que j'avais pas dans l'idée de monter dessus.

C'est reparti, désensibilisation à la bombe, je l'enlève et je la tiens bien haut devant lui, sur le côté, à droite à gauche et derrière, par dessus son encolure (genre la tête du cavalier qui est à gauche et qui apparaît à droite vous suivez ?)

Allez, on recommence :

A droite :

-Pied dans l'étrier : ok
-Montoir : ok
-Montoir + voix + caresses des 2 côtés : ok

Pendant que je suis à moitié dessus, Gisèle lui fait tourner sa tête des 2 côtés pour qu'il puisse me voir avec ses 2 yeux et peut-être, si on a de la chance, son cerveau fera le rapprochement.

Genre : "ah ok, c'est la même personne que je vois. J'ai pas Naï à droite que j'ai vu monter et un monstre horrible à a gauche que je sais pas comment il est apparu là et qu'il faut absolument que je m'enfuie avant qu'il me dévore tout cru !!!"

Bon, à l'arrêt c'est bon, même qu'on est super courageuse et qu'on va monter en entier sur son dos parce qu'on a même pas peur....

A gauche :

-Montoir complet : ok ! OUF
-Montoir complet + voix + caresses : ok ?! Bon, on dirait que ça va

Précision : quand je dis montoir, y a le fait de redescendre aussi, bon, lui ça le traumatise pas mais chez certains c'est ça le problème, ça dépend de la psychologie de notre ami du moment, chacun ses névroses... Je devrais peut-être en toucher un mot à monsieur Spyko ???

A droite

-Montoir complet : ok 
-Montoir complet + voix + caresses : ok mais serre les fesses, on va vite redescendre hein...

Bon ben c'est que ça se passerait plutôt mieux que prévu, c'est cool !
Allez, maintenant s'agit de le faire bouger avec le cavalier sur le dos.

A gauche :

-Montoir : ok
-Au pas : euh... Comment te dire... Normalement le pas c'est une allure tranquille là t'es juste au grand trot voir au galop parce que t'as la trouille et moi j'essaie de pas trop bouger pour pas te foutre encore plus la trouille
-Bon, ben au trot alors : ok, pas très zen mais trotte quand même assez cool, commence à se calmer et à se rassurer
-Au pas : ok, ça y est, il ralentit et s'arrête

Bon, pas si mal, je reste dessus et on fait ça plusieurs fois jusqu'à ce qu'il se rassure bien et je descends.
Pfiou !! Même pas eu peur d'abord !

Bon ben à droite alors... :

-Montoir : ok
-Au pas : ...et là... c'est le drame, le machin part comme une bombe tout droit, Gisèle lâche la longe et je me retrouve sur le poney qui est persuadé qu'il a un monstre sur le dos... Grand moment de solitude... 

Visualisez bien la scène au ralenti (c'est comme ça que je l'ai vécue) : 

Le poney fonce tout droit vers le coin de la carrière, et pendant que je vois la scène au ralenti, mon cerveau lui, il réfléchit très très très vite à ce qu'il va falloir faire selon que le poney va partir à droite, à gauche, s'arrêter ou continuer tout droit à travers les fils (pourquoi pas, ça s'est déjà vu...)

Verdict, le cheval fait un demi-arrêt avant de repartir de plus belle vers la droite et là mon cerveau me jette par terre au moment le plus opportun :

-Analyse du terrain : sable ok (bon, il est un peu tassé mais ça fera l'affaire)
-Célérité : proche de 0 ok
-Risque de blessure : euh, on va dire moyen pour pas se faire peur ok
-Hypothèse : rester sur le cheval ? Mauvaise idée car personne au bout de la longe ok
-Éjection : ok

Bon... même pas mal ! Poney s'arrête un peu plus loin, le monstre à disparu... ben ouais tu m'étonnes !
Allez, on récupère le poney, Gisèle se remet de ses émotions... elle se tiendra prête cette fois-ci. Bon, ben c'est reparti alors ! Même pas peur !!

Bon ben re à droite alors... ben oui, c'est le côté du monstre :

-Montoir : ok
-Au pas : Une hypothèse quelqu'un ?? Bon, ben... Gisèle est prête alors sur le coup le poney part à moitié au galop, il est coincé, merde ! Qu'à cela ne tienne, il se pointe à moitié* et repars de plus belle vers la droite comme une bombe. 

*Action de se pointer : proche de la levade utilisée en temps de guerre par la cavalerie pour échapper à un ennemi. Le cheval se lève sur ses postérieurs, dans ce cas il peut soit boxer (ça fait super mal) soit pivoter pour trouver une échappatoire.... C'est bizarre ça me rappelle quelque chose

Et là, toujours la scène au ralenti mais Gisèle a pas lâché alors mon cerveau c'est pas mis en mode pilotage automatique (il aurait peut-être dû...), la longe se déroule, le poney galope comme un taré, je m'accroche sans trop bouger pour pas lui foutre encore plus la trouille bien que je sois pas sûre que ce soit possible qu'il ait encore plus la trouille que là mais bon, en même temps faut pas trop m'en demander, je suis sur un poney traumatisé et emballé qui croit qu'il a un monstre sur le dos.

La longe est complètement déroulée, Gisèle est couchée par terre sur le ventre mais elle tient bon, mais ça je le sais pas, je crois qu'elle va lâcher alors je me dis : faut que je saute, faut que je saute !

Et là, j'essaie de faire comme mon cerveau :

-Analyse du terrain : sable ok toujours aussi tassé mais j'ai pas le choix
-Célérité : proche de très très beaucoup vite euh... pas ok
-Risque de blessure : euh, on va dire super méga important et ça fait super peur  pas ok non plus
-Hypothèse 1 : rester sur le cheval ? Mauvaise idée car Gisèle va pas tenir longtemps
-Hypothèse 2 : sauter du cheval ? Mauvaise idée aussi mais peut-être moins mauvaise que l'autre ?
-Hypothèse 3 : téléportation ? Putain, ça serait le top mais ça existe pas, fait chier !  
-Éjection : Ben toutes façons faut prendre une décision ça fait le troisième tour de carrière et Gisèle va bientôt lâcher alors...ok mais j'ai peur

Et là... Méga rêche de la mort qui tue avec impact à Mac2 rapport à la super formule E=MC²

Ça fait super mal !!!!!!!!!!!!!







Bon... toujours en vie... analyse :

-Pieds : ok
-Jambes : ok
-Cul : putain j'ai mal !
-Dos : ça a l'air d'aller
-Bras : un peu rappé à gauche mais à peine (Merde j'ai une soirée ce soir fait chier !)
-Tête : euh, ben ça a tapé un peu fort, j'ai super mal à la tempe gauche et à la pommette gauche c'est pas cool du tout

Je me relève, Gisèle aussi :

"- Aïe, j'ai super mal à la tête là !
 - J'étais en train de le récupérer là, t'aurais pas dû sauter !
 -... 
(Dans ma tête : Putain, t'aurais pas pu le dire avant non ! Parce que t'avais pas l'air de super bien maîtriser allongée par terre...)"

Bon ben on peut pas rester là dessus hein, c'est pas super comme truc, faudrait quand même pas qu'il croit qu'il faut qu'il se barre comme un crétin dès que quelqu'un lui monte sur le dos, ça fait un peu désordre...
Bon, réflexion.... 
Comme j'ai pas envie de m'en prendre une troisième comme ça, avec Gisèle on se met d'accord pour repartir à gauche... Un peu moins de risques vu qu'il est plus cool à cette main et comme ça on vérifie qu'il est pas totalement traumatisé par le monstre... Ouais, je sais... y a pas de monstre mais lui il est persuadé qu'il y en a un, c'est ça qui est moche.

Bon allez...

A gauche :

-Montoir : ok
-Au pas : euh... J'ai super beaucoup méga peur mais je me dis qu'il faut que je me raisonne sinon je vais me contracter et lui foutre la trouille aussi. Il part au trot (Maman j'ai peur !!) comme tout à l'heure mais il se raisonne et finit par se calmer, on repasse au pas, on repart au trot, on repasse au pas. Bon, ok ça va, le monstre a pas pris le dessus, c'est déjà ça.

Allez, cette fois-ci je descends normalement, ça change un peu ! 

Ça ira pour aujourd'hui hein, c'est plus de mon âge ces conneries...