AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

lundi 11 juin 2012

Bucéphale


Bucéphale était le cheval d'Alexandre le Grand, fils du roi Philippe de Macédoine, dont le prénom signifie d'ailleurs "l'ami des chevaux" en grec. Cette histoire d'amour entre celui qui vainquit les Perses à vingt-deux ans et son cheval est probablement l'une des plus belles du monde. L'une des plus fascinantes aussi. Tous deux avaient presque le même âge, tous deux moururent au début de leur trentaine. Ensemble il conquirent le monde.

Bucéphale appartenait à la meilleure race de Thessalie, région de Grèce d'où étaient originaires les Centaures, ces fabuleuses créatures au buste d'homme et au corps de cheval. Bucéphale et son cavalier Alexandre allaient constituer la personnification la plus aboutie, la plus parfaite, de ces êtres chimériques.

Bucéphale, dont le nom veut dire "à la tête de taureau", allusion probable à son front large et à ses naseaux courts et écartés, était noir, portant une étoile blanche sur le front. Il possédait un oeil vairon, dont l'iris était entouré d'un cercle blanchâtre, et il était beaucoup plus grand que la plupart des chevaux de l'époque.

D'ascendance grecque, comme sa fougueuse monture, Alexandre, né en 356 av. J.C., était persuadé d'être d'essence divine. Il prétendait descendre d'Achille en droite ligne, par sa mère. D'ailleurs, il ne dormait jamais sans une copie du fameux récit d'Homère l'Illiade.

Bucéphale était si fougueux que personne n'avais jamais réussi à le monter. Alexandre, âgé de douze ans seulement, mais qui avait déjà pris part à des batailles et était un cavalier émérite, releva le défi. Il dompterait l'indomptable. Il commença par étudier le comportement du grand cheval noir, cherchant la faille. Il s'aperçut alors que l'animal avait peur de son ombre comme de celle des hommes qui s'approchaient de lui. Tendre et cajoleur, le jeune homme parvint à placer le cheval face au soleil et l'enfourcha, le faisant galoper en tous sens avant de revenir vers son père. "Tu devras te chercher ton propre royaume, mon fils, la Macédoine est trop petite pour toi", fut le seul commentaire du souverain visionnaire.

A partir de ce jour, Bucéphale se laissa monter à cru par les valets, mais quand il était paré du harnais royal, seul Alexandre était accepté. Le cheval se mettait alors à genoux pour aider son maître à monter.

Pendant presque vingt ans, Alexandre et Bucéphale combattirent ensemble. L'une de leurs plus grandes victoires fut celle gagnée sur Darius le Grand, empereur de Perses, à Issos, en 333 av. J.C. Le couple légendaire étendit les frontières de l'Empire grec de l'Egypte, où le roi fonda la ville d'Alexandrie, à l'Inde. L'illustre Grec et sa monture devinrent les maîtres d'une grande partie du monde connu de l'époque, contribuant à la diffusion de la culture hellénistique parmi tous les peuples conquis.

Mais même les plus belles histoires ont une fin, et celle d'Alexandre et de son inséparable Bucéphale se termine comme on peut s'y attendre, à la guerre : celle qui opposa Alexandre à Pôros, roi indien du Pendjab, lors de la bataille de l'Hydaspe, en l'an 326 av. J.C. Bien que mortellement blessé, le vaillant Bucéphale ne permit pas à Alexandre de monter un autre cheval, et, réunissant ses ultimes forces, mena son auguste maître à la victoire. La bataille gagnée, couvert de sang et de sueur, il s'allongea enfin pour succomber à ses blessures. 

Plus que la perte d'une monture, le roi de Macédoine déplora la disparition d'un ami véritable. Reconnaissant, il fit ensevelir son cheval avec les honneurs militaires et fonda sur ce site la ville de Bucéphalie, qui fut pour toujours dédiée à son compagnon.



                                                          Récit tiré du livre 100 Chevaux de Légende (éditions Solar)







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