AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

jeudi 22 décembre 2011

J'aime pas les gens


J'aime pas les gens qui m'appellent au dernier moment pour annuler un cours.


J'aime pas les gens qui m'appellent pas du tout et qui viennent pas au cours.


J'aime pas les gens qui croient qu'un poney c'est comme un vélo, qu'on vient pour monter dessus et qu'on repart en laissant tout en plan.


J'aime pas les gens qui me prennent pour une imbécile...


J'aime pas les gens qui s'arrêtent au rond point alors qu'il n'y a personne à l'horizon.


J'aime pas les gens qui s'arrêtent au stop et qui redémarrent au moment où vous arrivez pour vous couper la route.


J'aime pas les gens qui n'ont rien compris à la psychologie du poney et qui vous donnent des conseils.


Et surtout j'aime pas les gens qui lâchent leur poney dans l'unique manège quand il pleut dehors (alors qu'ils pourraient monter ou longer) pendant qu'il y a tous les autres gens qui voudraient aussi sortir leur poney et qui ont aussi un travail. Genre je suis tout seul et je vous emmerde.

Voilà, qu'on se le dise.





mardi 6 décembre 2011

Le relâchement


Ce truc dont 90% des cavaliers n'ont jamais entendu parler.

J'avais toujours cru que le sport, c'était faire des efforts, contracter ses muscles jusqu'à obtenir ce que l'on cherchait. Et comme je suis légèrement, que dis-je, très légèrement tête de pioche, j'ai très longtemps continué à chercher des solutions dans la contraction. Je me disais qu'à un moment ou à un autre mes efforts finiraient pas payer...

Quand je dis longtemps, pour préciser (rapport à la Mesure de Temps Aléatoire Populaire Commune Unifiée ), c'est depuis toujours jusqu'à il y a environ cinq ans. Un peu de complaisance envers moi même ne fera pas de mal, non parce que j'avais quand même commencé à me rendre compte du problème toute seule avant que quelqu'un qui m'a beaucoup appris ne me permette de m'en affranchir.

Pour être un peu plus concrète, à cheval on demande quelque chose par des actions (de jambes, de mains, d'assiette, ...). Ces actions se traduisent par certains mouvements, des plus maladroits pour les débutants aux plus subtils pour les artistes. Ces mouvements mettent donc en oeuvre des muscles que je m'appliquais et que la plupart des cavaliers s'appliquent à contracter jusqu'à ce que mort s'en suive... 

Imaginez vous, pour prendre un exemple, demander à votre chien de s'asseoir en hurlant le mot "Assis" jusqu'à ce que ce pauvre chien s'assoie ou jusqu'à ce que mort s'en suive, au choix. Ce genre : 

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasssssssssssssssssssiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! "

C'est pas complètement crétin ??

D'abord vous dites "Assis !" calmement, ensuite vous attendez de voir ce que fait votre chien, et si il arrivait qu'il ne s'assoit pas immédiatement, vous recommencez une deuxième fois peut être un peu plus fort, non ?

Bon ben voilà, si vous transposez ces paroles en actions (de jambes, de mains, ...), les cavaliers, eux, ils font pas ça, ils font le premier truc, le truc complètement crétin qui ne viendrait jamais à l'idée de personne...

Bon, en même temps, à notre décharge, en équitation il existe un certain précepte qui dit qu'il faut : 

"Agir, Résister, Céder"

Donc si vous avez bien compris comme moi, on dirait qu'il faudrait résister avant de céder. D'accord, mais résister à quoi ? Et combien de temps ? Non, parce qu'il y en a qui  pourraient mourir comme ça hein... C'est dangereux de dire des trucs pareil !

Alors évidemment que ce précepte est mal interprété, on n'est pas obligé de résister avant de céder si la réponse du cheval est bonne, cependant, les trois quarts des cavaliers, bêtes et cons, ben ils passent leur vie à résister... Et puis du coup, ben leur cheval il fait pareil, il résiste, il sait pas pourquoi mais bon, ça doit être ça qu'on lui demande vu que l'autre de l'autre côté il fait ça... Non parce que si on réfléchit, le plus crétin des deux c'est quand même censé être le cheval non ? Ben oui, comment lui, il peut deviner que la solution c'est de céder si même nous, cavaliers censés être les moins crétins des deux, on l'a toujours pas compris ?

Bon, on a quand même la chance que parfois, il y ait des chevaux un peu moins crétins que leur cavalier qui essaient de trouver une solution différente à leur inconfort en cédant les premiers. Ils sont rares et souvent tellement mal récompensés qu'ils ne se font pas avoir deux fois... Mais dans le lot, certains de ces chevaux ont des cavaliers un peu moins crétins que la moyenne et qui arrivent à céder juste après que leur cheval l'ait fait lui même. C'est là qu'un début de communication extrêmement fragile commence à s'établir.

Notez bien tout de même que le plus crétin des deux n'est jamais celui qu'on croit...

Donc voilà, tout ça pour dire que peut-être, si on demandait gentiment, par une action douce mais ferme et qu'ensuite on se relâchait en attendant la réponse, alors peut-être, je dis bien peut-être,  peut-être que notre cheval se dirait qu'aujourd'hui il a l'air d'avoir un cavalier un peu moins crétin qu'à l'accoutumé, et peut-être qu'on pourrait commencer à faire de l'équitation.

Il n'y a là aucun blâme à l'encontre des cavaliers, ils n'y sont pour rien, c'est à l'enseignant d'expliquer le relâchement à son élève. C'est à l'enseignant de commencer par expliquer le relâchement à son élève, bien avant de lui expliquer toute autre chose, et encore et surtout bien avant de lui expliquer "la résistance".

Alors évidemment, bien sûr que lorsqu'on monte à cheval il faut "résister", il ne s'agit pas de laisser le cheval totalement libre et indiscipliné, mais encore faut-il savoir ce qu'implique l'action de résister. Comment le faire, à quel moment, pour obtenir quoi, combien de temps ? Dans le cas contraire, ce n'est plus de l'équitation, c'est de la crétinerie aggravée.

D'autre part, la "résistance" est tout sauf de la contraction. La "résistance" doit s'effectuer dans le relâchement le plus complet du cavalier sous peine d'une totale inefficacité.

Pour être un peu claire, on a pu se rendre compte que toute l'équitation repose sur un principe simple : l'engagement des postérieurs sous la masse ayant pour résultat un abaissement des hanches, donc derrière, afin d'obtenir l'allègement du bout de devant, donc, je vous le donne en mille... devant !

Et qu'est-ce-qu'il-y-a-t'il-donc entre ces deux morceaux ???

Et bien il y a un gros crétin tout contracté qui gesticule, voilà ce qu'il y a.

Pour donner une autre image, il se trouve qu'entre la propulsion et la direction il y a quelque chose qui se trouve être la transmission si je ne me trompe pas  trop. Bon ben là, la transmission (le dos de votre cheval), et bien il y a un truc qui ressemble à un tréteau doublé d'un boulet en fonte assis en plein milieu. Imaginez donc le petit dos tout souple et tout relâché de votre cheval (oui, parce que le cheval, sans boulet sur le dos, il est relâché normalement) censé transmettre la propulsion à l'avant main, et maintenant faites rebondir dessus un tréteau en fonte de 40 à 80kg selon le modèle qui, en plus et pour couronner le tout, lui tire sur la bouche...

Vous visualisez ?

Croyez-vous vraiment à l’efficacité redoutable de ce procédé ?

Redoutable : certainement

Efficace : jamais de la vie

Voilà, voilà.

Donc si nous, cavaliers, souhaitons vraiment faire de l'équitation un jour, commençons par nous relâcher dès que possible et surtout lorsque nous demandons quelque chose. C'est loin d'être facile, cependant c'est beaucoup plus facile que de rester contracté jusqu'à ce que mort s'en suive ; pour nous comme pour la pauvre bête qui se trouve être sous nos fesses... Sans ça, cette dernière ne comprendra jamais ce que nous lui voulons et tous nos efforts pour nous faire comprendre seront annulés par la contraction que nous opposons à son fonctionnement.




Quelques infos qui pourraient servir :


- Ce n'est pas au cheval d'être confortable pour vous, c'est à vous d'être confortables pour lui.

- Une résistance qui dure plus de trois foulées n'est plus une résistance, c'est une crétinerie aggravée, voire pire.

- Dans le doute, estimez que votre cheval est plus intelligent que vous.

- Ne résistez pas parce que vous savez qu'il va résister, c'est un procès d'intention, vous n'en savez rien alors laissez lui le bénéfice du doute et redemandez si besoin.




Une petite citation pour la route :


"Demandez souvent, contentez-vous de peu, récompensez beaucoup."





Devoir pour la semaine prochaine : 

- Trouvez l'auteur de cette phrase

- Relâchez-vous bon sang !

mardi 29 novembre 2011

Mes petits bonheurs


Faire mes cuirs...


... sous l'oeil bienveillant...


...d'un cheval heureux de s'être roulé dans une paille tout fraîche.


Nettoyer mes étriers même si c'est une vrai galère de les remettre ensuite.


 Graisser les pieds du loulou...


...faire plein de bisous sur son petit nez tout rose et ses naseaux tous doux.


Le regarder faire le clown...


... et apprécier l'expression de ce regard.

vendredi 25 novembre 2011

Un mentor


C'est quoi un mentor d'abord ?

Moi ça me faisait marrer ces séries télévisées américaines où les mecs disaient : "un tel est mon mentor". Je me disais que c'était bien un truc d'américain ça, encore un truc qui fait classe et qui sert à rien...

Et puis un jour j'ai rencontré quelqu'un, un peu par hasard, un peu comme si quelque chose ou quelqu'un l'avait mis sur ma route, vous savez, ces gens qui illuminent...

Je  cherchais une écurie pour faire ma formation de monitrice, je n'étais pas dans ma région d'origine alors je ne connaissais pas du tout le "milieu équestre" du coin. Je savais qu'il y avait deux ou trois écuries pas loin de chez moi mais je ne les connaissais pas. Il se trouve que, quand j'allais au travail (celui d'avant) par la route de derrière, je passais devant un endroit qui m'attirait, je ne savais pas ce que c'était car je ne voyais qu'un toit type hangar qui ressemblait à un manège mais qui aurait aussi très bien pu être une étable. Plus je passais devant, et plus quelque chose m'appelait par là-bas, c'était bizarre.

Une fois, en tournant un peu, j'avais fini par découvrir le chemin d'accès  et je m'y étais arrêtée, comme ça, pour voir. C'était bien des écuries, mais des écuries, où, ce jour là, il n'y avait personne... Bon, tant pis, et puis ça m'avait paru un peu froid comme ambiance. Peut-être parce que c'était désert.

Comme je ne cherchais pas encore à me reconvertir à ce moment là, je n'avais pas été plus loin, j'avais l'occasion de monter de temps en temps et ça me suffisait. De toutes façons, je n'avais pas vraiment le temps.

Et je ne sais plus bien comment, le jour où j'ai vraiment décidé d'entamer ma "reconversion", je me suis retrouvée avec plusieurs numéros de téléphones d'écuries de la région. Il fallait que je trouve un tuteur pour ma formation. J'ai choisi un numéro au hasard et, par chance car c'est très rare dans un centre équestre, je suis tombée sur quelqu'un du premier coup. Ce n'était pas le propriétaire, c'était le moniteur, je lui ai expliqué ma démarche et nous avons tout de suite sympathisé car il avait également travaillé dans l'institution dans laquelle je me trouvais à l'époque. Après notre conversation, le moniteur m'avait invité à passer aux écuries pour un entretien avec mon éventuel futur tuteur et, lorsqu'il m'avait donné l'adresse, je m'étais rendu compte qu'il était en train de m'indiquer l'écurie que j'avais été "visiter" des mois auparavant... Nous avions eu un très bon contact au téléphone et je pense que c'est un peu grâce à ça que j'ai ensuite pu rencontrer mon futur tuteur.

La première fois que j'ai rencontré M j'étais très intimidée, un homme grand, une silhouette de cavalier, le visage pâle et marqué et les cheveux grisonnants. Il avait un air avenant et un charisme indiscutable, d'une voix grave il avait entamé la discussion. Il voulait que je lui explique ma démarche, pourquoi je voulais changer de métier, ce que j'avais fait auparavant, mon niveau équestre... Il me fit faire un essai avec un cheval que je ne connaissais pas, il m'avait presque fallu un escabeau pour le seller tellement il était grand ! Il s'avère que cet "éléphant" comme d'aucuns aiment à le surnommer est par la suite devenu mon "éléphant"...

Cela faisait un bon moment que je n'avais pas monté, et encore plus longtemps encore que je n'avais pas sauté, j'ai cependant pris mon courage à deux mains pour avoir cette formation. Et puis je ne suis pas trouillarde de nature, donc j'avais fait mon job et j'avais enchaîné mon petit parcours. J'avais dû limiter les dégâts car, quelques semaines plus tard, après avoir évalué deux autres éventuels futurs élèves moniteurs, il m'avait rappelé pour m'annoncer qu'il m'acceptait en formation chez lui. J'étais trop contente, même si je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Je dois avouer que je n'avais postulé nulle part ailleurs, on pourrait prendre ça pour un manque de modestie ou une trop grande confiance en moi mais je ne l'explique pas comme ça. Je savais que c'était là que je ferai ma formation, dans cette écurie, avec cette personne, je le savais, je ne peux pas expliquer comment ni pourquoi mais c'était comme ça. Et puis au pire, j'aurais encore le temps de postuler ailleurs si vraiment ça n'avait pas fonctionné.

Ce que j'ignorais totalement à l'époque c'est que ce mec était juste le cavalier le plus réputé du coin, non pas pour ses résultats (qui étaient excellents déjà), non pas pour son élevage ni pour son centre équestre, mais pour son intégrité, sa compétence à cheval et plus que tout pour la qualité et la rigueur de son instruction.

Je n'ai passé qu'un an chez lui, les premières semaines ont été un peu rudes. Pas à cause de la masse de travail, depuis toute petite je faisais les box et je paillais les écuries avec mes moniteurs, mais il m'a fallu tout réapprendre, ou plutôt tout désapprendre afin de remettre en place toutes les bases équestres que j'avais, dans l'ordre, avec méthode. J'avais l'impression de ne plus du tout savoir monter et en plus je ne comprenais strictement rien de ce qu'il m'expliquait !

C'est à cette période que j'ai compris que l'équitation était un art presque plus qu'un sport. Un sport a une ou des techniques, un art a des techniques mais il a aussi plusieurs sensibilités. Chacun l'interprète, chacun le conçoit différemment. A cheval on cherche à obtenir la coopération de l'animal par des actions, ces actions entraînent des réactions mais également des sensations, il faut ensuite reconnaître ces sensations, différencier les bonnes des mauvaises... Mais ce n'est pas tout ! Lorsque  l'on se destine à ce métier, il faut ensuite réussir à transmettre tout cela, et pour ça il faut le conceptualiser : 

- qu'est ce que je cherche ?

- pourquoi je le cherche ?

- qu'est ce que je fais pour l'obtenir ?

- quelle est la réaction de mon cheval ?

- est-elle celle que j'attendais ?

- quelle est la sensation que j'ai de cette réaction ?

- comment je comprends cette sensation ?

- quels mots je mets dessus pour la décrire ?

- comment ces mots vont-ils être compris et interprétés par mon élève ?

Vaste programme n'est ce pas ?


Donc je ne comprenais rien. J'avais quand même une certaine expérience et un bon "bagage" comme il me l'avoua plus tard (Mon premier compliment, j'étais trop contente !). J'avais compris que nous avions conceptualisé l'équitation de la même manière, c'était la verbalisation qui foutait le bordel. Nous parlions de la même chose avec des mots différents mais je ne m'en rendais pas compte au début. 

Pour donner un exemple concret, M me parlait tout le temps du dos de mon cheval :

- "Il lâche le dos", 
- "Il n'a pas le dos"
-  "..."

J'en avais plein le dos de son dos ! 

"Comment veux tu que j'agisse sur son dos ? Je suis assise dessus d'accord, mais je n'agis que sur ses jambes et sur sa bouche jusqu'à preuve du contraire !" 

Bon, je le disais pas mais je le pensais bien fort quand même...

Et puis un jour je me suis rendu compte, que son "dos", c'était le résultat de mon "engagement". Je me suis dit : 

"Mais il me parle d'engagement bon sang de bonsoir !!! Mais oui ! "

Bon, je me le suis pas dit tout à fait comme ça mais vous avez compris l'idée. C'était ça, j'étais obsédée par l'engagement des postérieurs sous la masse, et lui, il était obsédé par ce dos qui doit monter lorsque les postérieurs sont engagés sous la masse afin d'alléger l'avant main ! On parlait exactement de la même chose mais pas tout à fait à la même étape, je pensais à l'action (engagement des postérieurs), il pensait au résultat intermédiaire (tension et montée du dos). Le résultat final étant le même : l'allègement du bout de devant. CQFD.

Depuis le départ nous avions la même optique, celle de la plupart des cavaliers à priori, seulement nous ne parlions pas la même langue. M me parlait d'un cheval qui "s'enroulait" quand moi j'estimais qu'il "s'encapuchonnait", alors évidemment, aujourd'hui l'image me paraît assez parlante pour être comprise, mais franchement au début je me demandais bien de quoi il me parlait... 

" Hem... Réfléchissons... Mon cheval s'enroule, euh, ouais, peut-être... Autour de ma jambe pour s'incurver non ? C'est ça ? J'ai bon ? A part qu'on est pas du tout en train de travailler l'incurvation, ça serait super bizarre qu'il me parle de ça. Pffff, j'comprends rien, ça m'énerve !!!"

Comme j'osais rien dire, forcément, j'ai mis quelques cours à tout déchiffrer... Evidemment, si je lui avais demandé, il me l'aurait dit, lui, qu'on parlait de la même chose, mais j'osais pas... J'étais bien trop concentrée pour pouvoir parler, concentrée à essayer de comprendre de quoi on parlait justement !

Et donc, du jour où j'ai compris que je n'avais plus qu'à traduire mes concepts avec ses mots, tout a été beaucoup plus simple. Il fallait que je me fasse un peu plus confiance, mes sensations étaient bonnes, l'analyse que j'en faisais aussi, il suffisait juste que je pose les mots de M dessus pour comprendre ce qu'il m'expliquais. Facile ! Enfin plus facile en tous cas.

Non, parce qu'il faut savoir que beaucoup de cavaliers n'ont jamais "conceptualisé" leur équitation. Ils font des choses sur  et avec leurs chevaux, mais si vous leur demandez d'analyser ce qu'ils font et pourquoi ils le font, vous vous rendrez vite compte qu'ils n'en savent foutre rien ! Beaucoup de cavaliers fonctionne à l'instinct, surtout dans une discipline comme le CSO (saut d'obstacle) ; ils vont pouvoir vous expliquer ce qu'ils font mais rarement pourquoi ils le font, et ils seront encore plus difficilement capables de trouver la corrélation entre la locomotion de leur cheval et l'action qu'ils ont faite alors que cette action était pourtant bien une demande de  modification de la locomotion dans un but précis : rééquilibrer leur cheval, augmenter son amplitude, préparer un changement de pied, ...

Et bien M, lui, il était capable d'expliquer tout ça, il avait réfléchi à tout ça. Ça n'était pas du "C'est comme ça et puis c'est tout !" comme on l'entend souvent dans les carrières ou les manèges. 

J'ai donc passé un an dans les écuries de M, j'ai eu la chance de passer une année entière aux côtés de cette personne extraordinaire, et vous pouvez me croire, j'en ai profité. Je l'ai observé à cheval comme à pied, en train de réfléchir à son équitation ou en train d'essayer de faire passer son savoir à ses élèves. Je l'ai écouté répéter sans cesse ses explications à des cavaliers qui n'en comprendraient sans doute jamais toute la portée, parfois par manque d'intérêt, et souvent par manque de sensibilité, de tact comme on dit chez nous...

Jour après jour je me suis imprégnée de tout ça : sa monte, sa vision, sa technique. Mais ce n'est pas tout. La chose la plus impressionnante chez M c'était sa pédagogie, sa manière de transmettre son savoir, simplement, et avec humour. Non seulement ses cours étaient (et sont toujours j'imagine) d'une qualité exceptionnelle, mais en plus ils étaient drôles, ils étaient aussi intéressants que l'on soit à cheval au milieu de la carrière avec lui, ou que l'on soit à pied de l'autre côté de la barrière à regarder la scène. C'était presque un spectacle dans ce cas là !

Au fil du temps un certaine complicité est née. Il était à cheval pratiquement toute la journée, et s'il n'était pas à cheval il donnait un cours, il était donc tout le temps au milieu de la carrière ou du manège. Je montais à cheval en même temps que lui, je montais ses chevaux, ou ceux de ses propriétaires. Il avait assez de respect pour moi pour ne pas intervenir dans mon travail, je l'ai toujours beaucoup admiré pour ça ; il me laissait chercher la solution et il me laissait venir à lui si je ne la trouvais pas. La plupart du temps il me disais que j'avais la bonne solution et que je n'étais pas assez patiente, ou alors il m'orientait afin que je la trouve par moi même et qu'ainsi je bénéficie de ce magnifique sentiment de satisfaction : celui d'avoir résolu un problème, d'avoir amélioré la locomotion ou le travail d'un cheval. 

Je n'ai jamais autant appris qu'à son contact, pas tant sur l'équitation, même si j'ai énormément appris, mais surtout sur les relations humaines, la pédagogie, la transmission, l'amour de son métier de cavalier mais surtout de Professeur dans le sens le plus noble du terme. 

Je me souviens encore de ces moments, très tôt le matin, dans le calme froid du manège. La vapeur sortant des naseaux des chevaux, leurs pas assourdis par le sol souple, leur souffle cadencé par l'allure, les copeaux de cuir rebondissant contre le pare botte. C'était parfait. Chacun dans sa bulle, tout en observant l'autre ; lui pour estimer mon travail, moi pour essayer d'apprendre encore quelque chose.

Il nous donnait des cours évidemment, deux fois par semaine, nous étions deux élèves monitrices. Ma coéquipière faisait sa formation sur deux ans, elle était donc là pour la deuxième année. Je l'enviais d'avoir eu deux ans... Deux fois plus de temps pour apprendre deux fois plus de choses... 

Pourtant je dois dire que ce ne sont pas nos cours particuliers qui m'ont le plus appris, ce sont justement les séances où j'étais seule, seule mais avec la certitude qu'il était là, au cas où...

La complicité c'était aussi quand j'étais à pied, au milieu de la carrière avec lui, pendant qu'il donnait un cours à ses élèves et qu'il me demandait ce que j'en pensais. Le travail du cavalier, celui du cheval, l'exercice était il bien exécuté, comment faire alors ? Ce n'était pas stressant, je ne me sentais pas interrogée, il demandait quel était mon avis et il avait l'air plutôt satisfait des réponses que je pouvais lui faire. C'était une grande fierté pour moi. Rien que de pouvoir donner mon avis, le fait qu'il s'y intéresse, que l'on puisse en discuter et recevoir ses explications ensuite ; il pouvait faire 2° au milieu du manège, j'étais tellement captivée que ça me réchauffait. La journée était pourtant finie depuis longtemps, mais c'était le meilleur moment, celui où il n'y avait plus de bruit que celui de sa voix qui résonnait dans le manège pendant que les chevaux mastiquaient leur foin de l'autre côté dans l'écurie. C'était magique.

Des moments comme ça, il y en a eu des tas : l'arrivée des jeunes chevaux de l'élevage, leur débourrage, la compétition, les séances d'obstacle où je lui mettais les barres. Ces fois là, il m'expliquait que tel cheval avait tel capacité, ou tel problème :

"Celui là, plus sûr de lui, tu meurs ! Il a peur de rien, tu peux monter les barres autant que tu veux, il y va comme s'il allait se promener... Je sais pas encore si ça va être un problème ou un avantage."

J'avais du mal à comprendre la porté de tout ce qu'il disait, c'était souvent très abstrait pour moi et encore aujourd'hui, il m'arrive de me dire, lorsque je comprends quelque chose de nouveau : "Ah, mais c'était de ça qu'il parlait !..." Parfois je trouvais le temps de lui demander des explications complémentaires, mais souvent j'essayais d'imprimer ses paroles pour pouvoir les comprendre plus tard, dans d'autres situations.

Ces moments, il y en a eu des tas, mais pourtant j'ai toujours l'impression qu'il n'y en a pas eu assez.

J'adorais quand il descendait de cheval et qu'il disait : "Ah ! J'ai été bon aujourd'hui !" 
Il n'avait pas enchaîné un parcours de 140, non non, il avait juste travaillé un cheval sur le plat. J'ai appris jour après jour ce que ça voulait dire "être bon".

Il voyait passer un cheval qui revenait de la douche et rien qu'en regardant fonctionner les muscles de son dos il savait dire si la séance avait été bénéfique ou non.
Ça aussi je l'ai appris de lui, je n'ai pas son oeil mais je ne me trompe quand même pas souvent.

Je descendais de cheval : "Alors, t'as été bonne ???"
Au début je ne savais pas trop quoi répondre et puis, petit à petit, j'ai appris à évaluer mon travail, mes séances. J'ai appris à dire oui, quand c'était le cas, je pouvais même l'expliquer et l'argumenter. Aujourd'hui, quand je descend de cheval, ou quand un de mes élèves descend de cheval et que je ne l'ai pas vu, j'ai toujours ce réflexe.

M était plutôt avare de compliments, c'est pourquoi je suis vraiment très fière d'en avoir reçu quelques uns. Malgré la distance, j'essaie de me souvenir de tout ce que j'ai pu apprendre à son contact, et j'en fais, j'espère, bon usage.

Pour tout ça et tout le reste, merci.

Je n'ai pas peur de dire que tu es un excellent MENTOR, même si j'aime décidément pas ce mot.



Ps : M avait aussi quelques défauts bien exaspérants tel que le manque d'organisation et d'autres encore, mais j'ai compris que c'était exactement les même défauts que ceux d'un artiste. Pour eux, ces choses n'ont pas d'importance, l'essentiel est ailleurs... 



mardi 22 novembre 2011

J'ai pas que la poisse, non non non...


... je suis aussi un peu "blonde" sur les bords...

Les concours, encore.

Dimanche matin. Je me lève avec dix minutes de retard parce que j'ai mal réglé mon réveil. Normalement y a un truc qui s'appelle "alarme intelligente" qui commence à sonner dix minutes avant l'heure avec des jolis bruits d'oiseaux ou de tout ce que vous voulez (c'est beau la technologie) mais j'avais oublié de cocher l'option. Du coup, ben le réveil il sonne à l'heure que je lui ai donnée, et comme j'ai pas réglé la sonnerie vu que l'alarme intelligente suffit habituellement à me réveiller, ben y a une espèce de sonnerie de la mort qui me hurle dans l'oreille. Sur le coup, je me suis demandé ce qu'il m'arrivait, sans rire, choquée dès le réveil, ça commence mal ! Et puis après, je me suis dit, vu que je me parle à moi même : "Ben là au moins, je suis bien réveillée, avec ça j'vais pas traîner au lit c'est clair !" (Le verre à moitié plein vous voyez ?)

Vous allez croire que c'est un sketch, mais le pire, c'est que j'avais prévu un deuxième réveil, au cas où. Ben il a pas sonné le con, j'imagine que la tablette il faut pas l'éteindre pour qu'elle sonne, c'est pas comme le téléphone qui se rallume tout seul, sont chiants aussi, il pourraient au moins faire des technologies qui font la même chose (surtout que c'est la même marque mais bon, passons...). Du coup j'ai dix minutes de retard, mais comme j'ai l'habitude qu'il m'arrive des trucs comme ça j'avais pris un peu de marge, donc tout va bien.

Je pars toute seule, donc je suis un peu stressée, c'est quand je suis toute seule qu'il m'arrive toujours les pires poisses. Donc je me prépare en essayant de ne rien oublier. Je fais au moins cinq fois l'aller-retour à l'étage alors je j'avais tout bien pris avant de descendre, enfin, tout sauf : un pull, des chaussettes et mon pantalon de concours entre autres, évidemment chacun à droit à son aller-retour, ça serait pas drôle sinon ! Je dois dire que ça m'énerve un peu de passer mon temps à rattraper les conneries de mon cerveau, pas foutu de penser à tout en même temps celui-là, c'est fatiguant à la fin !

Et puis c'est toujours quand je suis pressée que rien ne va comme je veux. Genre, mes mains qui font rien de ce que je leur demande correctement, elles font la paire avec mon cerveau celles-là aussi... Fin bon, et puis y a les objets qui font tout pour ne pas faire ce qu'ils sont censés faire. Exemple : la crème, quand j'appuie sur l'embout, ben au lieu de tomber directement dans ma main qui est juste dessous hein, je précise, et ben non, elle décide de partir à mac 2 directement dans le lavabo. J'aimerais bien qu'on m'explique quel est l'intérêt d'une telle pression dans un si petit flacon, ils croient quoi dans les labos, que je me la pulvérise directement sur la figure la crème ou quoi ??? C'est un coup à finir aveugle en plus.

Enfin, malgré ce complot manifeste, j'arrive quand même à finir de me préparer à peu près à l'heure. Volets ouverts, lapins nourris, même que j'ai une tête qui fait pas trop peur (et c'est pas grâce à la crème vous vous en doutez...). Fin bon, il est beaucoup moins tôt que la dernière fois, ça aide.

J'arrive aux écuries vers 6h30, mon camion est déjà prêt, j'ai tout fait la veille sauf le plein. Oui, parce que j'essaie de ne pas laisser trop de gasoil dans le camion, d'aucuns se sont déjà fait siphonner leurs réservoirs... Plus qu'à nourrir le gros et lui mettre ses protections de transport. Tout est ok à 7h, je pars à l'heure prévue.  Il y a une station service juste à côté, prudente, je décide de m'y arrêter bien que j'ai l'intime conviction d'avoir encore largement assez de gasoil pour faire l'aller, voire même une partie du retour.

J'arrête le camion devant une pompe, je coupe le contact, je descends : hors service... Bon, ok, ça arrive. Je redémarre le camion, je fais une marche arrière jusqu'à la pompe de derrière (oui, j'avais choisi la deuxième, j'ai le droit non !), je coupe le contact, je descends : 

"- insérez votre carte
  - ok ça ça va
  - erreur de lecture, veuillez recommencer
  - ok, je recommence
  - erreur de lecture, veuillez recommencer
  - bon, tu commences à me faire peur là...
  - erreur de lecture, veuillez recommencer
  - put***, tu vois pas que ça sert à rien de recommencer, tu peux pas le dire tout de suite que t'es hors service aussi bordel ! Argh, ça m'énerve !!! "

Bon, tant pis, on verra au retour, j'ai pas que ça à foutre. Je redémarre... 


Ça veut pas redémarrer... Le démarreur fait un bruit de coq enroué... 


Pas de panique, PAS de panique ! 


Ok, ça fait juste trois fois que je démarre et que je m'arrête coup sur coup, il a pas dû aimer. J'attends un peu... 


Ça redémarre, ouf !

Avec tout ça j'ai encore perdu dix minutes facile. M'en fout, j'avais prévu ! Ahah, on m'arnaque pas comme ça moi !! (C'est surtout que cette fois-ci je fais pas la première épreuve...)

La route se passe bien, je croise une bonne demi-douzaine de stations services mais je me dis que j'ai plus trop le temps alors tant pis, on verra en arrivant si je suis assez en avance ou bien sur la route du retour. Et évidemment, pour cumuler, je me rends dans un endroit que je ne connais pas. Je pouvais pas deviner que c'était au milieu de nulle part ce truc, pas l'ombre d'une station service, que des routes de campagne avec des champs à perte de vue et une ferme de temps en temps. Même pas une vache dans ce pays ! Par contre, que des côtes, des montées, des descentes, que ça. Et le poids lourd c'est pas ce qu'on a fait de mieux pour grimper des côtes, il en chie le pauvre. Le pire c'est la jauge de gasoil qui descend dangereusement, en fait elle ne descend plus, elle est collée au plancher ! Ça craint... Ce qui me rassure c'est qu'elle remonte un peu dans les descentes, il doit rester un peu de gasoil quand même. J'attends le moment où le moteur va se mettre à brouter en plein milieu d'une côte, le cauchemar absolu...

Vous connaissez le concept de l'ascenseur émotionnel ? Moi non, mais j'imagine que ça ressemble un peu à ça. C'est pas drôle du tout.

Finalement et malgré tout, j'arrive quand même à bon port, après deux demi-tours tout de même ; faut pas surestimer mes capacités d'analyse des panneaux à contre jour avec un gps complètement à côté de la plaque... Quand je vous dis que je cumule, c'est pas pour déconner hein. Bref.

Mais comment allais-je repartir me direz-vous ??!

Chaque chose en son temps... J'étais déjà bien soulagée d'être arrivée.

Pour le reste, et comme j'ai un peu l'habitude d'avoir la poisse, j'ai toujours un bidon de 20L de gasoil dans le camion, au cas où. Ben oui, vous ne pensez quand même pas que j'aurais pris autant de risques avec ma jauge (sachant qu'elle est quelque peu complètement aléatoire) sans avoir pris quelques précautions avant hein, je suis pas complètement neuneu non plus !

Pour info, mes réservoirs sont super mal positionnés, c'est vraiment pas pratique, donc je m'en suis foutu partout (ou presque) mais bon, c'est anecdotique.

Jurant qu'on ne m'y reprendrait plus, je me suis dépêchée de faire le plein sur la route du retour...

Le concours c'est bien passé, merci quand même.




PS : Pour ceux qui se demanderaient pourquoi j'ai autant d'avance parfois, et bien la réponse est ici ; forcément, quand tout se passe normalement, ce qui m'arrive quand même de temps en temps, ben j'ai facile une bonne heure d'avance... 

lundi 21 novembre 2011

Ça n'a rien à voir


... mais tant pis, il fallait que j'en parle.

Mon aspirateur est fourbe.

Il m'attaque et fait tout pour me rendre la vie impossible.

Môssieur passe son temps à ré-enrouler son câble alors qu'on ne lui a rien demandé, et en plus, il avale toutes les pinces à linge que j'utilise pour empêcher ce satané câble de rentrer dans ce satané trou d'enrouleur.

Et Môssieur cherche sans cesse à me rouler sur les pieds quand je lui tire trop fort sur le manche (oui, bon...). Je suis sûre que s'il avait des dents il m'aurait déjà mordu les chevilles. Pas plus tard que tout à l'heure j'ai échappé de justesse à l'une de ses tentatives, mon tendon d’Achille en est encore tout endolori... 

Voilà, donc si un fabricant d'aspirateur passe dans le coin, merci de faire quelque chose.

Note au Père Noël : Sinon, je veux bien un robot aspirateur, j'imagine qu'ils sont plus civilisés...

Steeple-chase (Langage Équestre d'un autre temps)



STEEPLE-CHASE. -- Ce genre de course a été imaginé pour préparer les cavaliers à supporter les péripéties de la chasse et pour dresser les chevaux à franchir adroitement les obstacles les plus difficiles.

Les premiers steeple-chase créés en Angleterre étaient des courses extraordinaires à travers des contrées coupées d'obstacles naturels, tels que haies de clôture, rivières, ruisseaux, murs de propriété, etc. Ces courses avaient un point de départ déterminé et un point d'arrivée désigné à l'avance ; le parcours était alors livré à la fantaisie des coureurs : on les appelait course au clocher.

Mais ces promenades dangereuses, sillonnées d'accidents, impossibles à suivre des yeux, furent bientôt remplacées par les steeple-chase sur des hippodromes préparés ad hoc.
   
Les steeple-chase donnent occasion à beaucoup de gentlemen d'exercer leur adresse et de faire preuve de qualités de vigueur et de courage.
    
Dans le principe on se servait, pour courir les steeple-chase, de chevaux de demi-sang qui étaient soi-disant destinés à créer des races de chevaux de chasse.
   
Aujourd'hui un grand nombre de steeple-chase sont courus par des jockeys à gages, et l'on y emploie le plus souvent des chevaux de pur sang, fruits sec des écuries de courses plates. Ces courses détournées de leur but primitif servent à favoriser les chances des paris et ne présentent peut-être plus d'autre intérêt que celui du jeu.

jeudi 17 novembre 2011

Je ne suis pas rancunière...



... mais j'aime quand même pas trop bien qu'on me prenne pour une imbécile !

Bon, le décor c'est les écuries, encore. 

J'ai un box et dedans y a un cheval, jusque là tout va bien. Devant le box y a les affaires de mon cheval, pas qui traînent par terre hein, non, bien rangées et tout. Et puis y a le licol de mon cheval, le truc qui sert à l'emmener, vous savez, genre une laisse mais pour un cheval quoi.

Ce truc là, je le suspends devant le box, normalement y a que moi qui m'en sert mais imaginons que pour une raison ou une autre il faille sortir mon cheval du box, ben son licol, il est là devant. Normal, c'est partout pareil.

Ben là non. Là, des fois mon licol il disparaît... Je sais pas, c'est les extra terrestres, ou alors il se fait chier alors il décide d'aller se promener, comme ça, tout seul, sans rien demander à personne. Bon, le truc c'est qu'il ne revient pas, alors ça me met comme qui dirait la puce à l'oreille....

Un jour j'étais contente, je l'ai retrouvé, oui, il était allé au paddock... Le truc c'est que j'imagine qu'il y était allé sur un cheval (pas le mien évidemment) mais en revanche, j'ai toujours pas compris comment le cheval était rentré vu que le licol était resté au paddock ... tout seul. Bon, mais j'étais quand même contente, j'avais fini par le retrouver le petit coquin !

Une autre fois, en fait plusieurs autres fois, j'avais soupçonné son infidélité, je ne sais pas pourquoi, il avait un air coupable... Un peu éraflé, un peu de boue sur la muserolle... Enfin bon, pas de preuve flagrante alors je me suis dit que je me faisais des idées. C'est ça les femmes jalouses...

Et puis un beau jour j'ai tout compris ! Il étais là, suspendu, comme d'habitude à faire son intéressant, mais cette fois-ci plus de doute possible, il avait trompé mon cheval, pour sûr !! Il était recouvert de boue, tellement recouvert qu'il en était méconnaissable, j'ai dû faire des fouilles archéologiques pour être sûre que c'était bien lui.

Je menai donc ma petite enquête pour connaître l'objet de cette infidélité manifeste. Je n'eu pas à aller bien loin, le coupable était là, dans le box juste à côté, recouvert de boue lui aussi ! Haha ! Je te tiens mon coquin !!!

Donc mon licol allait au paddock avec le cheval d'à côté. Non pas que le cheval d'à côté n'ait pas son propre licol, non non non. C'est juste que les palefreniers avaient la flemme de faire un pas de plus, étant donné que le licol de mon cheval était trente centimètres plus près (rapport au côté d'ouverture de la porte) que celui de son voisin.

Voilà, l'affaire était résolue, mais pas le problème... Après moult discussions et quelques énervements bien inutiles puisque tout le monde s'en fout, j'ai décidé que ça allait bien. Puisque ce licol n'était décidément plus le mien, qu'il en soit ainsi...

J'ai donc racheté un licol tout neuf que je range soigneusement aujourd'hui. 





Et ... ensuite ... j'ai gentiment déduit le prix de ce licol de la facture de ma pension. 


Et ... comme je suis "grande seigneure" (oui je sais ça existe pas) et dans ma grande bonté, j'ai moi même été, avec mon plus grand sourire, déposer le licol infidèle et toujours recouvert de boue dans les mains toutes propres de Monseigneur le Président d'Honneur des écuries (le chef de tout ce fatras) et nouvellement propriétaire du dit licol accompagné de mon chèque de pension et de la facture de son remplaçant comme justificatif.



Voilà voilà.




Avis aux extra terrestres : on me la fait pas à moi. Nan mais !

mercredi 16 novembre 2011

Merci pour le galop


Les rencontres. C'est ce que je préfère dans la vie.

Je n'aurais jamais cru que je dirais ça mais j'adore les gens... 

Attention hein, j'adore "certains" gens, pas tous. A vrai dire, je n'en adore qu'un très faible pourcentage mais ce sont toujours ceux auxquels je m'attendais le moins. Ceux qui paraissent un peu inaccessibles, lointains, dans un autre monde et qui pourtant m'attirent. C'est ça, ce sont des aimants... (C'est quoi la racine de ce mot déjà ??)

Ils n'ont pourtant rien de bien spécial, rarement vraiment extravertis, souvent l'inverse malgré ce qu'ils donnent à montrer, je ne sais pas, il y a quelque chose, une sorte d'aura. C'est ça, ils illuminent... Je crois qu'il n'y a que moi qui le vois mais ils illuminent.

Ça ne fait pas très longtemps que je fais vraiment attention à ces gens, avant ils passaient dans ma vie et je n'osais pas m'en approcher volontairement, par timidité ou bien par peur qu'ils ne soient pas pour moi, je laissais cela au hasard. Aujourd'hui c'est différent, je crois que ces gens sont là pour moi, ils entrent en résonance avec moi, c'est bien qu'il y a une raison non ? Et puis après tout, qu'est ce que j'ai à perdre ??

Donc je les attrape au vol, plus question de laisser passer une belle rencontre.

J'ai eu la chance d'en avoir un certain nombre jusqu'à maintenant, un jour j'écrirai peut-être sur chacune d'entres elles, au gré du vent et de mes souvenirs. Ces gens sont souvent devenus des amis, ils ont quoi qu'il en soit une place à part dans mon coeur même si nos chemins n'ont fait que se croiser un court instant. 

Aujourd'hui j'avais envie de partager un petit bonheur matinal.

Un matin je suis arrivée aux écuries en même temps qu'une de ces personnes, quand je dis en même temps, c'est à la seconde près hein, synchro et tout. Il s'avère que c'était mon voisin de box. Je ne le connaissais que depuis peu, je l'imaginais un peu hautain et imbu de sa personne (il aurait pu avoir de quoi) et je l'ai découvert plutôt timide et réellement adorable. Adorable dans le sens gentil, respectueux, sincère, drôle.... rien que ça !

Je ne saurais l'expliquer, c'est le genre de relation qu'on apprivoise. On n'ose pas trop se parler de peur de déranger, on observe, on apprécie ce que l'on voit du travail de l'autre sans vraiment oser l'exprimer, on se jauge avec bienveillance, on se dit que vraiment on se correspond, c'est bizarre. Tout ça sans prononcer un mot, ou si peu.

Et puis un jour, ça y est, on ne s'est jamais réellement parlé et pourtant on se connaît, on s'est apprivoisé. Alors on entame une discussion qui fait suite à celle que l'on n'a jamais eue et qui pourtant paraît tellement naturelle. Étrange...

Ce matin là nous sommes donc arrivés au même instant, en bons voisins nous nous sommes dit bonjour, avons pris des nouvelles du dernier concours et la discussion s'est installée, simplement. L'un comme l'autre, par respect et surtout par réel intérêt pour la discussion, sommes restés là à écouter l'autre parler n'osant pas mettre fin à l'échange. 

Une fois chacun de notre côté, nous avons vaqué à nos occupations respectives, sellé nos chevaux puis chacun s'est mis en selle. Pour la deuxième fois de la journée, nous nous sommes retrouvés au même endroit, au même moment. Bon, qu'à cela ne tienne :

"T'as prévu d'aller galoper sur les pistes ? Tu m'emmènes ?"


Nous sommes donc partis plus d'une heure en balade, nous avons parlé de tout et de rien comme des amis, à coeur ouvert, les sensations, les sentiments, les histoires de famille, les histoires de chevaux, ... Très pudiquement, avec une distance respectueuse et bienveillante. Et au milieu de tout ça on a ri, oui, on a vraiment beaucoup ri. Mais ça, ça nous appartient.



Alors merci. Merci pour le galop, mais surtout merci pour le sourire, la gentillesse, le respect et le regard bienveillant qui allaient avec.


L'oeil ne trompe jamais paraît-il.