AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

jeudi 6 juin 2013

On gagne du temps à en perdre


La première fois que j'ai entendu cette phrase je me suis dit que ça voulait rien dire.


Bon, d'accord, c'était du Michel Robert, mais c'est pas parce que c'est Michel Robert qu'il ne peut pas dire de conneries...



Fin bon, depuis je me suis rendu compte que c'était pas du tout des conneries, méa culpa Michel !



Donc maintenant il s'agit de comprendre comment on peut gagner du temps en en perdant ? Et puis perdre du temps à faire quoi ? Brosser, seller, faire du trot assis ? Nan vraiment c'est pas clair cette histoire...


Plus j'avance dans ma vie de cavalière, et plus je me rends compte que ce sont les petits détails du début de l'apprentissage qui provoqueront soit les plus grandes difficultés, soit les plus grands avantages.

Un petit exemple. 

J'ai débourré un poulinou il y a quelques mois et, grande chance pour moi, je suis une psychopathe, ouais bon, vous le savez déjà, mais quand même. Donc bon, que je ne supporte pas la moindre approximation. Attention hein, il y a approximation et découverte, moi je parle de l'approximation, genre le poney il sait très bien ce que tu lui veux mais il en fait que la moitié parce qu'il se dit que ça ira bien comme ça. 
Et pourquoi donc qu'il se dit que ça ira bien comme ça ???

Et ben parce que la plupart du temps tu te dis que ça ira bien comme ça toi aussi... C'est moche...

Ben moi non, moi je suis psycho-rigide, y a pas moyen que ça aille bien comme ça, si je veux que tu mettes ta tête là et ton pied là alors tu vas pas les mettre ailleurs, c'est tout, c'est peut-être très con mais c'est comme ça, je peux pas faire autrement. (Mes névroses, toussa...) 

Voilà, donc mon poulain qui se comportait très bien quand on était à sa gauche, rapport au fait que personne n'avait pris le temps de le manipuler des deux côtés parce qu'on tient un cheval par sa gauche c'est comme ça épicétou, et ben dès qu'on était à droite il vous marchait dessus. On lui avait appris à respecter l'humain à sa gauche, mais celui à sa droite ben rien à foutre, on peut l'écraser celui-là... 

Et de là ont découlé tous les petits problèmes que j'ai eu au débourrage, je passe les détails mais cela va du cercle à gauche qui passe comme une lettre à la poste alors qu'à droite ben y a pas moyen de tourner correctement. Le cheval qui suit bien quand on est à sa gauche mais pas à sa droite, le cheval qui ne bouge pas au montoir à gauche mais qui gigote à droite. Et encore aujourd'hui, et malgré le fait que j'en sois consciente, je sais que cette épaule droite sera toujours la base des problèmes de ce cheval.

Et pourtant je suis une psychopathe ! Oui, parce que dès le début je ne lui ai jamais lâché la grappe avec cette épaule, je n'ai jamais laissé passer un seul mouvement la laissant s'échapper ou s'effondrer. Dès qu'il faisait un pas à droite que je ne lui avais pas demandé, il fallait qu'il le fasse dans l'autre sens. Pas un exercice sans que je ne surveille cette épaule comme le lait sur le feu. Chaque pas laissant ce défaut non corrigé aurait encore accentué son déséquilibre. Je lui ai donc appris, à force de patience et de répétition, à ne jamais se laisser entraîner par cette épaule, à toujours se corriger et se rééquilibrer, à chaque pas au début, sur chaque exercice, chaque virage, chaque reculé, chaque déplacement de hanche ou d'épaule et uniquement en main. Ne jamais le laisser faire demi tour en liberté si je ne lui avais pas demandé, ne jamais le laisser venir sur moi sans qu'il respecte une distance de sécurité, même à la fin d'un exercice réussi, ne jamais le laisser prendre une initiative qui irait contre la bonne évolution de son dressage. Ce sont parfois des choses que l'on pense complètement anodines comme laisser le cheval secouer la tête en enlevant son filet, ou laisser le cheval passer un pas devant vous pour rentrer dans son box. Il y a des milliers d'exemples, et chacun de ses détails a une importance capitale pour la suite de l'éducation du jeune cheval. 

Si l'on a laissé passer certaines choses que l'on considérait comme anodines au début, on se rendra rapidement compte (sans forcément faire le rapprochement d'ailleurs) que chacune de ces petites choses finira pas se transformer en problème. L'exemple flagrant du cheval qui ne tient pas une de ses épaules se résume à l'embarquement, un cheval qui s'effondre sur une épaule embarque généralement très mal tout simplement parce qu'il n'est pas droit, et tant que le problème de rectitude n'est pas résolu le cheval n'embarque pas. Alors on utilise comme dernier recours les longes de chaque côté du van pour faire embarquer, cela résume bien le problème, il faut canaliser le cheval sur le côté duquel il s'échappe. Un bon travail en main pour lui apprendre à tenir son épaule et à rester droit suffirait à résoudre cette difficulté, cela veut dire qu'il ne faudrait jamais laisser passer ne serait-ce qu'une once de centimètre de cette épaule en dehors de la ligne de la rectitude, et cela à chaque fois que le cheval travaille ou qu'il est mené en main.

Pourquoi cette sévérité et cette intransigeance me direz vous ? Et bien parce que le cheval, lui, il ne comprend pas le un coup oui, un coup non. Dans le groupe, sa place est définie, il en sort, il prend un coup de pied, il y reste, il a du confort et personne ne l'embête. C'est aussi simple que ça, c'est clair, c'est net, ça le rassure.

A l'inverse l'humain a une fâcheuse tendance à faire n'importe quoi, un coup c'est oui, un coup c'est non, un coup c'est je sais pas t'as qu'à décider toi moi j'en sais foutre rien (j'en connais un certain nombre qui se reconnaîtront à l'abord d'un obstacle ou au moment de choisir si on part à droite ou à gauche...). Résultat, si on a un cheval dominant, il prend le dessus et, même le jour où on a enfin décidé, et ben lui il se dit que c'est lui qui commande donc il en fait qu'à sa tête ; et si on a un cheval plutôt dominé et bien on le rend inquiet, peureux, craintif, trouillard, nerveux et tout ce qu'on veut de vraiment pas cool du tout pour un cheval qui, je le rappelle, est un animal de proie au départ...

Donc, pour gagner du temps, et bien il faut en perdre. Et il faut en perdre un sacré paquet au début, sur tous les petits détails. Le cheval ne bouge pas quand on le prépare, s'il avance d'un pas, on le fait reculer d'un pas, point, pas plus, pas moins, et à CHAQUE fois. Alors oui, c'est fastidieux, ça prend du temps, c'est chiant, ça m'saoule et tout le tralala mais c'est le passage obligé pour avoir un compagnon qui vous estime capable de gérer toutes les situations. Le cheval est un animal grégaire, il a besoin de s'en remettre à quelqu'un pour sa sécurité, et si ce quelqu'un ça n'est pas vous, son cavalier, alors c'est lui et là, c'est le début du prochain drame. 

Ouais, le drame... Vous savez, le fait divers, la balade en forêt qui tourne mal avec le cheval qui prend peur d'un moucheron qui passait par là parce qu'il sait très bien que celui qu'est là-haut sur son dos il sert à rien et puis de toute façon il a jamais compris un traître mot de ce qu'il lui voulait donc bon, on rentre au galop en traversant la nationale, ça sera toujours plus sûr que de se faire dévorer par un moucheron.

Bah ouais, vous trouvez ça con hein ! Ben pourtant c'est exactement le raisonnement de votre cheval. Pas de chef, pas de moucheron, ça fout trop la trouille...

A contrario, le cheval qui a confiance en son cavalier parce que depuis toujours il évolue dans un cadre bien défini duquel il n'a le droit de sortir qu'extrêmement rarement voire jamais va voir un sanglier lui passer devant les pieds et se dire : "tiens, y a des sangliers aujourd'hui ! Pfiou, dis donc j'ai sursauté quand même ! Mon cavalier a l'air de trouver ça sympa les sangliers, j'me demande bien c'qu'il a mangé à midi pour galoper comme ça celui là... D'ailleurs en parlant de ça il me tarde de rentrer parce que mon foin doit m'attendre, en plus je sais que j'aurai une carotte, c'est quand même cool les balades...."

Voilà voilà, alors bon, c'est sûr, faut être un peu psycho-rigide et surtout faut être rigoureux mais n'empêche que ça paye. Au bout de 4 mois de travail mon poulinou se tient dans tous ses virages, à droite comme à gauche, se déplace latéralement des deux côtés, part au galop du pas des deux côtés et monte dans le van. Evidemment, à droite, il a toujours un peu plus de mal quand on attaque une nouveauté, donc quand un exercice devient problématique, je lui rappelle que son souci vient de son épaule droite, je lui explique qu'il doit la tenir mieux que ça, donc pousser plus fort sur son postérieur pour l'alléger et dès qu'il a compris et mis les choses en place, l'exercice passe tout seul. Rien de sorcier, juste la base, la rectitude... et la rigueur



4 commentaires:

  1. Tiens, toi aussi, t'es fan de Michel ???

    Et tiens, pour illustrer ton post, je vais te raconter un truc. Enfin, peut-être que tu t'en fiches, et tes lecteurs aussi, mais bon, c'est comme ça, j'aime bien quand on peut partager ses petites expériences.
    Bref, j'ai un nouveau dada depuis février. Un gentil cheval tout mignon, mais parfois un peu jeune dans sa tête ( il va avoir 8 ans ).
    Bref, quand j'allais le chercher au pré, j'y allais toujours avec des carottes, lui faisais mille papouilles avant de lui mettre son licol, une fois que je l'avais en main, l'attendais à chaque fois qu'il décidait de s'arrêter ( et cela arrivait de + en + souvent ), avais pris l'habitude de marcher devant lui et non à côté car il avait tendance à sursauter pour tout et n 'importe quoi et je garais mes pieds, etc, etc...
    Bref, me voilà en début de semaine avec mon cheval qui pile devant la porte du pré, et refuse d'avancer. Je me fâche, insiste, mais monsieur se lève. Nom d'une pipe ! Je ne suis pas super fière dans une situation pareille. Bref, ce petit jeu a duré 1/4 d'heure avant que je ne me décide à appeler le responsable de l'écurie. Et crois-moi, je me suis trouvée vraiment c**ne avec mon téléphone d'une main et la longe de l'autre avec au bout un cheval qui ne cessait de se cabrer. C**ne et un peu honteuse, même....
    Du coup, je reprends tout à zéro : le respect, obéir aux ordres et tout et tout... Difficile d'apprendre à 55 ans à être psychorigide !!! ;)

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    1. Tu as bien raison de partager tes expériences ici, c'est pour ça que j'ai eu envie de me mettre à écrire : partager et échanger, donc surtout ne te prive pas !

      Bravo pour la remise en question et je te souhaite beaucoup de courage car il en faut pour faire l'éducation d'un jeune cheval !

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  2. Bonjour ,

    J'aime beaucoup votre blog et j'aimerai vous contacter par mail pourriez vous revenir vers moi via ce lien? http://www.socheval.com/contactez-nous

    A bientôt
    Maud

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    1. Merci, et pour me contacter par mail, il suffit de m'envoyer un mail à l'adresse indiquée en haut à droite (à savoir : naiezdnitsa@gmail.com)

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