AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

jeudi 29 septembre 2011

Pas un sport (suite et fin)

Le doute.

Est-ce que je suis dans le vrai, est-ce que je ne demande pas trop ou mal ?

Pas facile de savoir, de reconnaître.

Est-ce trop difficile, mal abordé, mal préparé, mal demandé, mal compris ?

Est-ce trop dur physiquement, psychologiquement, intellectuellement ?

Est-ce l'inattention, la flemme, une gène physique, le manque d'envie, la lassitude ou tout simplement le "aujourd'hui j'ai vraiment pas envie de travailler..." ?

Alors je vérifie.

Le moral.

Ça n'est pas très facile, il n'est pas expressif, ce n'est pas son truc, bien sûr il aime les câlins, mais seulement quand c'est lui qui les réclame. Il est en forme, il a un physique d'athlète, aucune blessure, aucun traumatisme à priori bien qu'il ait déménagé de nombreuses fois ces derniers temps il a l'air de bien se faire à sa dernière maison, il s'est même fait des copains. Son oeil est serein bien qu'avec toujours ce petit air d'inquiétude qui transparaît quand on l'observe bien, il a toujours été un peu inquiet, du moins depuis que je le connaîs. Je ne sais pas exactement ce qui c'est passé dans sa vie d'avant, je sais qu'il n'a pas été maltraité, mais je sais aussi qu'il a eu à vivre certaines expériences qui ont pu laisser des traces, cette inquiétude perpétuelle en est certainement le résultat...

L'attention.

Il n'est pas trop là ces derniers temps... Préoccupé par des tas de choses que je ne vois pas, pourtant je le vois qui les observe avec ses grands yeux inquiets, toujours prêt à déguerpir à la moindre alerte. Il est dans cet état quand quelque chose ne va pas, généralement c'est une passade après un déménagement, ça arrive quelques semaines, voire quelques mois après son arrivée dans un nouvel environnement. J'avais cru y échapper cette fois, mais je crois bien que c'est ça. Ça y ressemble en tous cas, en moins évident, en moins radical, mais c'est bien là. Que faire...

Le travail.

Evidemment il est préoccupé, alors il se contracte, le moindre oiseau qui s'envole le fait sursauter, les autres qui galopent là-bas l'angoissent, est-ce qu'ils fuient ? On demande quelque chose là-haut mais il n'arrive pas à se concentrer pour répondre correctement, il répond, oui, mais un peu, doucement, comme en sourdine, à travers le filtre des ses propres interrogations. Seulement on ne peut pas se concentrer un peu, ça n'existe pas, ça crée des tensions, des tensions mentales qui se transforment en tensions physiques.


 Le physique.

Oui, peut-être bien une petite contracture au niveau des lombaires à gauche, il ne se déplace pas de manière parfaitement symétrique depuis 2 ou 3 jours. On va faire une petite pause, des étirements, des séances avec un échauffement plus long et une récupération plus importante à la reprise du travail, des massages avec un peu d'huile chauffante pour aider le muscle à se relâcher. Bon, une petite semaine tranquille et ça devrait aller... Physiquement...

Alors quoi ?

Qu'est ce qu'il faut faire ? Le laisser tranquille jusqu'à ce que ça passe ? Continuer et faire comme si de rien n'était ? J'ai déjà essayé tout ça, mais pas moyen de savoir si c'est efficace... Evidemment ça finit par passer, mais pas moyen de savoir pourquoi ni comment. Est ce parce que je lui ai laissé le temps ? Est ce parce qu'il a compris comment fonctionner de nouveau ? Était-ce bien une crise, ou était-ce un cap difficile à passer dans son travail ? Un blocage physique ou intellectuel dû à la difficulté d'appréhender et d'assimiler un nouvel exercice plus complexe, plus technique et plus exigeant physiquement.

Est-ce que j'ai bien fait ?

Si c'est une étape, un cap, il faut le passer, il faut qu'il comprenne, il faut qu'il s'emploie plus fort et plus longtemps. Parfois, pour ça, il faut demander plus fort, parce qu'il ne veut pas, ou plus certainement parce qu'il ne se rend pas compte qu'il peut faire plus et mieux. Il croit qu'il est au bout, mais non, il peut plus, je le sais, il a tout pour y arriver : les bases, le physique, le mental froid et appliqué de l'Allemand. Alors je ne sais pas, certains jours je m'obstine à obtenir de lui ne serait-ce qu'un millimètre de plus, pour qu'il comprenne qu'il peut et qu'il doit le faire, qu'il est à deux pas d'y arriver...

Mais est-ce la bonne solution, est-ce le bon moment ? Si c'était trop dur ? Alors après une grosse séance je vérifie.

Son oeil : toujours confiant quand il me regarde mais il a l'air un peu interloqué, un peu fatigué d'avoir autant de mal à comprendre alors que tout lui paraissait si simple il y a quelques jours.

Son physique : ses muscles, est ce qu'ils sont souples et relâchés après la séance ? Ses pieds, ses jambes, il a donné beaucoup, on va doucher et mettre les bandes de repos pour soutenir et soulager un peu ses tendons. Je scrute le moindre de ses mouvements pour détecter une gène ou une contraction.

On a fait une grosse séance aujourd'hui, demain on ira faire une balade.

Il est toujours aussi joyeux lorsque je lui propose quelques brins d'herbes avant de rentrer au box, il s'en donne à coeur joie en descendant même dans le fossé, l'herbe doit y être meilleure...

Le box et l'odeur du foin sous l'abreuvoir, sous l'abreuvoir parce qu'il adore tremper son foin dans l'eau avant de le manger, ça me convient, moins de poussière dans les bronches comme ça. La paille fraîche, la mangeoire remplie de grain, j'y rajoute les carottes qu'il ne manque pas de réclamer si ça ne vient pas assez vite et le bruit de la paille qu'il retourne en bougeant, du grain qui craque entre ses dents...

Alors est-ce que j'ai bien fait ? Je n'en sais rien. Je me contente de l'espérer, j'essaie de remettre tout ça en question régulièrement mais le doute reste là, il faut l'accepter.

La récompense, parce qu'il y en a une, c'est le jour où tout se remet en place, le jour où tout paraît facile, évident, fluide, parfait...

Ce jour là je me dis que ça y est, il a compris. A t'il compris parce que j'étais dans le vrai ? A t'il compris à force d'essayer ? Aurait-il compris plus vite si j'avais mieux demandé ? Demandé différemment ? Malheureusement je n'aurai jamais la réponse à ces questions, le doute, toujours le doute.

Mais c'est aussi ce doute qui permet d'avancer, de progresser, de trouver d'autres solutions, d'autres questions, d'autres satisfactions...



Voilà, en effet l'équitation n'est pas un sport, l'équitation est loin de n'être qu'un sport, c'est aussi un art, une relation, une passion, une philosophie, une science, et tout le reste.



4 commentaires:

  1. Entre remise en question et confiance en ce que l'on croit...ou les joies de l'équitation ! Pas toujours facile de comprendre ces grosses bêtes...la mienne m'avait caché une petite tendinite depuis un bout de temps tu vois, ça permet au moins de prendre un temps pour ne plus douter. Tu fais au mieux j'en suis sûre ;)

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  2. avoir ce questionnement, le prouve: plus qu'une cavalière, tu es une femme de cheval ! Après, si l'équitation est devenue un sport, il ne faut pas oublier que c'est avant tout l'histoire d'un couple. Et comme dans toute relation, il faut parfois accepter de ne pas tout maitriser! surtout avec un animal qui même domestiqué garde une part de liberté! Et c'est aussi pour ça qu'on les aime tant!!!!

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  3. Sans oublier que eux n'ont pas demandé à faire du sport...

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  4. Je crois qu'il y a des chevaux sportifs, des chevaux cascadeurs, des chevaux farceurs (comme le disait il n'y a pas si longtemps Mario Luraschi dans une interview) comme il y a des humains sportifs, casaniers ou toute autre chose. Je suis persuadée que celui qui trouve l'autre n'est pas toujours celui qu'on croit ;)

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