AVERTISSEMENT

Je tiens à préciser pour les personnes qui auraient du mal à comprendre la démarche d’un blog (flatter l’égo démesuré de l’auteur, partager ses névroses, faire pleurer dans les chaumières, passer ses nerfs, raconter des conneries, informer un peu, se marrer beaucoup, toussa), que tout ce qui est écrit ici – non seulement n’engage que moi – mais surtout, que tout ce qui y est raconté est bien évidemment purement fictif. Par là j’entends que ces récits, satires, pamphlets, anecdotes (lorsqu’ils ne sont pas tirés d’ouvrages extérieurs) sont inspirés de faits réels mais sont, comme vous l’aurez tous compris, racontés à travers le filtre d’une imagination débordante et d’un esprit, je m’en excuse, légèrement névrosé.

samedi 14 janvier 2012

Assiette (Langage Équestre d'un autre temps)


Assiette. -- L'assiette d'un cavalier, c'est son aplomb sur la selle. C'est avec une bonne assiette, c'est-à-dire une pose bien assurée, que le cavalier reste fixe à cheval et peut se servir adroitement de ses mains et de ses jambes.

L'adhérence des fesses sur la selle, la flexibilité des reins et leur souplesse qui aident le corps à suivre les mouvements du cheval et l'empêchent de sauter en l'air à chaque réaction, constituent ce que l'on appelle l'assiette.

Nos grands maîtres conseillaient à leurs élèves de beaucoup travailler leur assiette à cheval. Aussi ils disaient : "Pour commencer un cavalier, il faut l'asseoir à cheval ; pour parfaire un écuyer, il faut l'asseoir à cheval." Ils pensaient, avec juste raison, qu'il n'est pas suffisant de ne pas tomber pour être reconnu solide à cheval, car la fixité en selle est la seule chose qui permette de se servir adroitement des mains et des jambes, comme nous l'avons dit plus haut.

Les écuyers du XVIIe siècle avaient un genre d'équitation tout différent du nôtre ; ainsi, voici leur façon d'envisager l'assiette. Écoutons M. le marquis de Newcastle : "Lorsqu'il (le cavalier) est dans la selle, il doit s'y seoir droit sur l'enfourchure, et non sur les fesses, combien que plusieurs croyent que la nature les a faites pour s'asseoir dessus ; mais il ne faut pas s'en servir à cheval. Etant donc bien placé sur l'enfourchure dans le milieu de la selle, il doit s'avancer vers le pommeau le plus qu'il pourra, laissant la largeur de la main entre son derrière et l'arçon de la selle, tenant les jambes droites en bas comme s'il était à pied, ses genoux et cuisses tournées en dedans vers la selle, " etc. 



Aujourd'hui, voici notre façon de comprendre la belle position de l'homme, placé solidement et élégamment en selle : le corps droit, sans raideur ; les reins souples, c'est-à-dire ni soutenus ni relâchés ; les fesses posées également d'aplomb sur le siège de la selle ; les cuisses dans une position oblique, qui amène naturellement les genoux sur la partie rembourrée des quartiers, lesquels doivent être, non pas droits, mais un peu avancés, de manière à donner de la longueur à la selle.

Pour obtenir une bonne et utile tenue, il faut s'exercer souvent sans étriers sur des chevaux surs et déplaçants. Ce travail assouplit les reins, oblige le cavalier à s'asseoir et à prendre de véritables points d'appui, ceux de l'assiette. Le commençant qui, dès le début, monte seulement avec les étriers, prend des points d'appui faux ou de pure convention, qui l'empêchent toujours d'avoir une tenue à l'abri des déplacements imprévus.




Alors, et vous, vous en pensez quoi ? 




Pour moi l'assiette se travaille au jour le jour, mais surtout elle est le résultat d'une équitation faite "en conscience", c'est à dire une équitation lors de laquelle le cavalier est conscient de la position de son corps sur son cheval. Il m'arrive régulièrement de me dire que "Aujourd'hui, je n'arrive pas à m'asseoir dans mon cheval" ou, au contraire de me sentir vraiment très à l'aise et "descendue". Je pense que cela découle vraiment de mon état d'esprit et de la tonicité de mon corps au moment où je me mets à cheval. N'y a t'il pas des jours où vous réglez votre rétroviseur plus haut ou plus bas selon que vous êtes plus ou moins redressés ou avachis dans votre siège ? Pour moi c'est la même chose à cheval (pas le rétroviseur hein).


J'essaie donc (je dis j'essaie parce que je suis une tête de mule, et parfois, même si je sais pertinemment que ça va foirer, faut que je le fasse quand même... C'est à se mettre des claques, mais bon, chacun ses défauts hein !), une fois en selle, de déterminer ma séance en fonction de ce que mon corps va bien vouloir me donner. Pas la peine d'aller travailler le trot moyen, si je ne suis pas capable de "rentrer" dans mon cheval car je ne réussirai qu'à lui être inconfortable et nous nous chamaillerons toute la séance. Dans ces cas là, je vais plutôt travailler sur des barres, ou en extérieur.


En revanche, quand je m'assois sur mon cheval et que j'ai l'impression immédiate de ne faire qu'un avec lui, alors là je sais que je vais pouvoir attaquer une vraie séance de dressage, pirouettes, piaffé, appuyers, tout ce que vous voulez, dans ces cas là, je peux tout lui demander. Tout n'est pas forcément parfait, mais je peux y travailler, et travailler juste. Je peux travailler juste car il n'y a aucune interférence entre nous, il comprend parfaitement mes  demandes, il n'y a pas d'inconfort, uniquement du relâchement et de l'osmose. Ces séances là sont de vrais cadeaux car elles permettent d'avancer dans le calme et la facilité sur des exercices qui sont vraiment complexes.


Tout cela fonctionne bien évidemment avec l'état ou plutôt l'humeur du cheval, combien de fois j'ai voulu faire une séance que j'avais préparée tel jour alors que je sentais très bien que le cheval n'était pas prêt à la faire ce jour là, que ce soit par manque d'envie ou de tonicité générale. Nos chevaux sont comme nous, ils ont des jours sans, il faut essayer de faire avec.


Voilà, donc pour moi, l'assiette, c'est non seulement l'outil qui nous permet de "tenir" à cheval quoi qu'il se passe et de lui transmettre une impulsion, mais c'est également une connexion inconsciente entre nos deux "humeurs physiques". Le jour où cette connexion est totalement linéaire, le jour où la tonicité et le relâchement du cavalier trouvent une continuité parfaite dans le corps du cheval, ce jour là, on atteint l'osmose et c'est à cet instant que l'on se rapproche indubitablement du mythe du centaure...




Et vous, êtes vous bien dans votre assiette en ce moment ?

1 commentaire:

  1. Témoignage d'une novice, donc, rien à voir avec le tien, on est bien d'accord.
    Ce que je peux dire, c'est que, plus on avance dans l'apprentissage de l'équitation, plus on avance dans les sensations et plus on se rend compte de nos défauts. Et heureusement, d'ailleurs, car si on avait conscience de tout le première fois qu'on monte à cheval, on en redescendrait bien vite, sauf si l'on est un peu maso ( ce qui est sans doute une qualité que l'on doit avoir pour progresser, mais bon... )
    Pour ma part, ( et vu mon niveau ), il est bien rare que je sache dès que je monte comment sera ma séance. En effet, l'assiette vient au fur et à mesure de la détente. Il m'est arrivé de commencer des séances où j'avais l'impression que je n'arriverai à rien, et au fil du temps, je me sentais de mieux en mieux, et vraiment " avec " mon cheval. D'autres séances, que je croyais pourtant bien parties, se révélaient catastrophiques, ou tout au moins très moyennes.

    Et comme chacun sait, plus on avance, plus on sait que l'on a de choses à apprendre, à améliorer. Pour moi, c'est seulement quand on a une bonne assiette que l'on peut commencer à travailler son cheval. Mais pour moi, il y a encore du boulot !

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